Des Maliens expulsés d'Algérie dénoncent : "Nous avons été battus, volés..."

1400 réfugiés ont été arrêtés puis expulsés d'Algérie début décembre. Photo AFP
1400 réfugiés ont été arrêtés puis expulsés d'Algérie début décembre. Photo AFP

Plus de 260 Maliens, expulsés d'Algérie lors d'une vaste opération visant des migrants africains, début décembre, sont arrivés à Bamako dans la nuit de dimanche à lundi. Un grand nombre ont accusé les forces de sécurité algériennes de violences, faisant état de blessés, voire de morts.

Les langues se délient parmi les migrants expulsés par les services de sécurité d'Alger vers leurs pays d'origine. Les Maliens arrivés à Bamako ont témoigné devant le correspondant de l'AFP. Agression physique, maltraitance, racisme, vol... aucune accusation n'est épargnée. Les déclarations sont gravissime surtout que certains ont soutenu la présence de personnes mortes. Cependant les informations sur des décès n'ont pas été confirmées de source officielle et les autorités algériennes, sollicitées par l'AFP, n'ont fourni aucun commentaire sur cette vaste opération lancée au début du mois.

"Nous avons été battus, au moins trois Maliens ont été tués", a déclaré à l'AFP Ousmane Coulibaly, un de ces migrants accueillis dans les locaux de la Protection civile, accusant les forces de l'ordre algériennes d'être racistes.

"Parqués après leur arrestation à Alger dans une grande cour, certains Maliens, en voulant échapper aux coups de matraque, se sont fracassé la tête contre un mur ou une barre de fer", a affirmé M. Coulibaly.

D'autres ont été blessés et un est mort, lors du transfert d'Alger vers Tamanrasset et vers la frontière nigérienne, a-t-il poursuivi, en référence à la dernière ville d'importance du sud algérien avant le Mali et le Niger. Confirmant ces déclarations, Moussa Kanté, un autre expulsé, a dénoncé de son côté "le manque d'eau et de nourriture". "Quand on nous expulsait vers le Niger, on donnait un pain (une baguette, NDLR) pour 40 personnes", a-t-il dit.

"Dépouillés de leurs biens"

L'acheminement des expulsés d'Alger à la frontière nigérienne s'est effectué en bus, puis jusqu'à la capitale nigérienne, Niamey, dans des camions qui généralement ramassent du sable, a témoigné Oumar, 22 ans. D'autres ont affirmé avoir été expulsés bien que leurs papiers aient été en règle.

"On nous a arrêtés le 1er décembre", a raconté de son côté Youssouf Doumbia. Ce dernier a expliqué avoir alors demandé aux gens, à l'armée pourquoi ils étaient arrêtés, et qu'on lui avait répondu qu'ils allaient être vaccinés. Certains de ces Maliens expulsés ont affirmé avoir été dépouillés de leur argent ou de leur téléphone portable lors de leur expulsion.

Nous demandons une enquête au sujet des cas de décès annoncés pour avoir confirmation ou infirmation de cette information, a déclaré à l'AFP le délégué général des Maliens de l'extérieur, Issa Togo. On déplore effectivement le traitement qui a été infligé à nos compatriotes, a-t-il ajouté.

Le directeur exécutif de la section locale d'Amnesty International, Saloum Traoré, a de son côté réclamé l'ouverture immédiate d'une enquête sur les cas de décès et de mauvais traitements physiques rapportés par les Maliens revenus. "L'ONG condamne les expulsions de tous les ressortissants africains d'Algérie", a-t-il martelé.

Les rapatriements forcés de migrants africains arrivés par milliers en Algérie sont fréquents depuis que la Libye voisine - jusqu'alors base de départ privilégiée pour traverser clandestinement la Méditerranée - est en proie au chaos. Ils sont généralement arrêtés dans les grandes villes méditerranéennes du Nord, puis convoyés par bus jusqu'à un centre d'accueil à Tamanrasset avant d'être aiguillés vers leurs pays respectifs. Ces opérations sont supervisées par le Croissant-Rouge algérien.

Début décembre, les services de sécurité ont arrêté quelque 1400 réfugiés dans la wilaya d'Alger. Parqués dans un centre de transit de Zeralda, ils ont ensuite été acheminés vers les frontières du sud. De nombreuses organisations des droits de l'homme ont dénoncé les violences et les méthodes musclées utilisées lors de cette opération par les services de sécurité.

La rédaction/AFP

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