Une commémoration du 1er Novembre se transforme en soirée cabaret à Nantes !!!

Une commémoration du 1er Novembre se transforme en soirée cabaret à Nantes !!!

Nous sommes le 11 novembre 2016. Invités par le Consul à participer à la soirée commémorative du 62e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération, les membres d’une association de Rennes "les Amis de l’Algérie" se rendent à Nantes. Ils sont quarante dont une majorité de jeunes et sont très émus à l’idée de participer à cet évènement.

Depuis plus d’un mois, ils travaillent d’arrache-pied, en dehors de leurs horaires de cours (pour ce qui est des étudiants) et de leur temps de travail pour les autres, à la préparation d’un programme qu’ils ont élaboré pour célébrer la Mémoire des héros de la guerre. Ils l’ont fait avec une ferveur et un sérieux remarquable. Le Consulat est d’accord "officiellement" pour les inclure dans le déroulement de la soirée.

Ce qu’ils proposent :

- Une chorale de vingt personnes autour d’un chanteur professionnel (pris en charge par l’association) et des musiciens qui accompagnent cette chorale.

Ils ont mis à leur répertoire les classiques des chants patriotiques algériens : Tayara Safrra, Ladjouz min djiti, min Djibalina, Tahya el Djezaïr, Biladi Biladi….

Une exposition :

- Œuvres picturales du jeune artiste-peintre Yahia Khelouat qui a travaillé sur la représentation des visages des figures les plus célèbres, femmes et hommes de la Révolution et en particulier des «neufs historiques». Elle allie le dessein (09 visages) et la peinture (09 tableaux). Et deux sculptures de Rania Omani, artiste plasticienne connue et invité des Amis de l’Algérie.

Il est à noter que la semaine précédente, une délégation consulaire s’était rendue à Rennes sur invitation des Amis de l’Algérie pour vérifier la véracité et la qualité du projet proposé.

Ce qui aurait dû alerter les responsables de l’association, c’est que personne au Consulat n’avait jusqu’à la veille de l’évènement, demandé la moindre fiche technique. Consulté par téléphone, la secrétaire du Consul avait alors fourni le numéro du DJ responsable de la soirée. Lequel DJ n’avait jamais été mis au courant jusque-là du passage d’un groupe en scène (du moins ce que le DJ nous a confié)

Dès leur arrivée, tout se gâte. Le vice-consul et le DJ refusent l’entrée de la salle à la chorale et aux musiciens. Ils ne voudraient qu’une personne pour l’expo et une pour le réglage du son ! Il faut longuement argumenter pour expliquer que la chorale doit répéter et que le groupe de musique doit régler les balances, ce qui n’a pas été le cas. Le vice-consul ne cesse de faire des allers-retours sur scène en harcelant les membres de la chorale et les musiciens qui affichent, malgré les provocations, un calme olympien !

- Présentation de la soirée au public qui est entré et s’est installé. Le DJ lance l’hymne national qui est interrompu brutalement à la surprise générale, sans que les organisateurs ne s’en indignent. On donne le micro aux Amis de l’Algérie. Premier chant apprécié du public. Deuxième chant … 2e coupures ...

- De façon étrange, les incidents électriques s’accumulent. Le DJ accuse leur matériel. Le même matériel qui est utilisé régulièrement pour des soirées sans aucun problème. Pas question de régler ce problème alors qu’il a été détecté (le limitateur de décibels était réglé sur un volume déterminé qu’il ne fallait pas dépasser.)

Un des musiciens de l’association présent propose même d’installer sa propre sono, le vice-consul et le DJ se précipitent, débranchent la sono du musicien et lancent la soirée "Night-club", sans autre forme de procès ! Les jeunes et les musiciens sont sidérés, humiliés et pour tout dire "très en colère" constatant qu’aucun incident n’est survenu lors de la prestation du DJ ! Ils doivent alors quitter la scène.

La commémoration qu’ils avaient préparée avec enthousiasme et ferveur a été zappée, effacée. La mémoire bafouée. La plupart sont des étudiants en master dans les universités de Rennes. Ils étaient heureux et fiers de venir témoigner de leur attachement à l’Histoire nationale, de leur reconnaissance vis-à-vis de ces autres jeunes qui, en d’autres temps, avaient tout sacrifié, et jusqu’à leurs vies, pour une cause magnifique, celle de la Libération de leur pays.

À ces jeunes, ici, au Consulat d’Algérie, on a fait clairement comprendre que les valeurs qu’ils défendaient, de même que leur intelligence et leurs talents, n’étaient pas au goût du jour et plutôt dérangeants. Ce qu’on attendait d’eux en fait, c’était qu’ils se trémoussent frénétiquement sur les derniers tubes "in", sans réfléchir, sans se souvenir, sans se poser de questions.

Sou sou…

Monsieur le vice-consul s’agite joyeusement au milieu d’une faune de filles provocantes et de garçons, tous habitués à des soirées régulières que le DJ organise dans cette même salle et qu’il a convoqués pour l’évènement. (via les réseaux sociaux n’est-ce pas ?) .. On peut imaginer le scénario : Ramenez-vous ça va bouger ! C’est le consul qui offre...!

Quid de la commémoration annoncée ? Elle s’est noyée, dissoute dans l’ambiance glauque d’une boite branchée. Mais comment cette bande d’idéalistes qui s’acharnent à croire que l’Algérie respecte la mémoire de ses martyrs, avait-elle pu naïvement s’imaginer que ses artistes trouveraient leur place dans cette vaste fumisterie ?

Sous sou…

Monsieur le vice-consul se déhanche…sur une chanson tunisienne très à la mode en compagnie du D.J. à, qui il a remis, en guise de reconnaissance un drapeau algérien qu’il arbore en écharpe. Il affirme que les gens, aujourd’hui, ont besoin de se détendre. O.K. Détendez-vous bien, détendez-vous tout à votre aise, mais sachez que, malgré les excuses présentées au groupe par le Consul, le goût amer de l’humiliation ne s’effacera pas de sitôt.

C’est l’image de la représentation de leur pays en France qu’ils étaient venus chercher, ces jeunes ! Or, ils ont quitté Nantes avec cette vision écœurante d’une soirée vulgaire, dans un night-club vulgaire, qui avait pour maitre d’œuvre un DJ arrogant se fichant totalement de la "Commémoration annoncée".

Longue vie à l’Algérie et merci à ceux de ses enfants qui se souviennent encore du sacrifice de ses martyrs !

Toufik Hedna, président de l'association des Amis de l'Algérie

N.B. Nous avons à ce jour recueilli plus d’une centaine de personnes présentes à Nantes le 11 novembre et qui se sont manifestées spontanément pour témoigner de leur indignation et de leur soutien.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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moh arwal

Bravo ce syndicat a ouvert une brèche, maintenant au peuple tout entier de sortir pour defoncer le mur repressif de la peur dréssé par ces voleurs au pouvoir. totaitaire egoiste et meutrier

depuis 54 ans

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Atala Atlale

Mais c'est une faune de prédateurs et de jouisseurs qui a fait basculer le pays dans le reniement de l'histoire et les sacrifices des vrais moudjahidine.

Cela ne me surprend pas du tout. On a tué la personnalité de la plupart des Algériens sinon ils auraient réagi à tous ces viols des lois et des institutions, on est devenu un peuple de moutons...

Que c'est loin le 1er novembre, le 5 juillet 62, le 11 décembre 1960, le 8 mai 45. La corruption a dévasté l'Algérie, c'est un peu l'effet de la fausse monnaie, ou de la drogue au sein d'un pays qui était sain et volontaire pour bâtir une Algérie prospère et respectée. Nous sommes devenus un exemple de régression. Faut bouger ! Un sujet de dérision surtout...