Du Brexit au Trumpexit : à l’extrême droite toute !

Donald Trump. Photo AFP
Donald Trump. Photo AFP

L’élection de Donald Trump continue de susciter trois jours après un déluge de réactions hostiles, inquiétudes et colère aussi bien dans le pays qu’en Occident où elle est particulièrement mal perçue à l’ exception du Premier Ministre britannique Theresa May.

En France, l’inquiétude de la classe politique, des journalistes et intellectuels de voir un tel scénario se produire en avril 2017 grossit au jour le jour. Après le Brexit des Britanniques, qui n’est pas encore suffisamment digéré, voici venir un Trumpixt, un séisme d’une amplitude planétaire qui risque d’ouvrir pleine la voie aux eurosceptiques déjà en position de force en Europe, et du coup propulser le front nationale en tête en France. Scénario d’ailleurs qui n’est le moins plausible compte tenu de la tension sociale et du climat délétère qui y règnent.

Il est bien évident que les propos de Donald Trump sur les étrangers, les musulmans et sur le climat sont graves et suscitent des inquiétudes, cela est clair et message reçu par tous ceux qui sont dans le viseur, mais la question est la limite atteinte par l’islamophobie en France, partout en Europe et les Etats-Unis n’est-elle pas déjà inquiétante ? Les attaques régulières de François Copé se disant pourtant républicain avec ses histoires de pain au chocolat dont il ne sait même pas le prix, les déjections insupportables d’Eric Zemmour contre les étrangers, "les typés" comme si lui était génétiquement de souche française, tout ça n’était pas déjà de Trump sans Trump ?

Sur les étrangers, nombreux sont ces commerçants politiques et journalistes que je qualifierai de répétiteurs, car en réalité ce n’est pas du journalisme qu’ils font, mais plutôt de la répétition, s’ingénient à commenter les propos xénophobes de Trump et son intolérance vis-à vis des étrangers. Ce n’était déjà pas le cas en France et en Europe ? Y a-t-il un pays à part l’Allemagne qui a fait preuve du sens d’humanisme, de générosité et de responsabilité devant l’histoire en accueillant un million de réfugiés ? Sans doute non. Alors en quoi le discours franco de Trump est-il plus inquiétant que celui qu’on entend partout aujourd’hui à longueur de journée dans les médias ? Y a-t-il plus trumpist que de faire preuve de sang-froid et d’insensibilité face la détresse humaine jonchée sur les des portes de l’Europe ? Y-a-t-il plus de plus inquiétant et d’effrayant que le comportement indigne de certains dirigeants européens en refusant d’accueillir ne serait qu’une poignée de migrants sur le territoire ?

Disons la vérité. Cet exode migratoire massif vers l’Europe n’est-il pas les conséquences massives de la politique "spoliationiste" des multinationales avec bien sûr la bénédiction des pays occidentaux laquelle a pour corolaire la mise en faillite des pays d’origine de ces migrants ? Y a-t-il une différence entre la xénophobie, l’islamophobie versions François Copé, Eric Zemmour, Front national "père-fille" et celle de Trump ? Assurément non. Alors, vu ce qu’on entend et voit par-ci par là, je ne vois pas en quoi Trump a-t-il fait preuve de singularité en la matière !

Venons-en maintenant à la politique disant apaisée menée par le président sortant. Sur le plan intérieur, jamais un taux de meurtre aussi élevé d’Afro-Américains n’a atteint le seuil enregistré sous l’administration d’Obama. 566 personnes de couleur noire sont tombées sous les balles assassines de la police en 2016. Pourtant, son élection a été un événement inattendu pour la communauté afro-américaine il y a huit ans. Son élection a suscité un immense espoir chez cette communauté qui l’a d’ailleurs plébiscité avec un taux de 93 % en 2004.

Sur le plan extérieur y a-t-il vraiment un changement entre l’administration Bush et celle d’Obama ? Bien sûr non, la seule différence palpable est dans la forme. Bush envahit directement les pays en se référant à l’axe du mal qu’il avait dessiné dans sa tête lui servant de repères tandis qu’Obama s’est servi d’un concept économique "l’externalisation" pour mener ses guerres. Au lieu d’envoyer directement ses troupes sur le terrain, ce qui implique à la fois un budget exorbitant que ne peut plus supporter l’administration américaine et un coût humain avec les pertes de vie et les prises en charges à vie des invalides de guerre, il a opté pour l’externalisation de ces missions à haut risque à des entreprises extérieures.

L’élection de Trump n’est-elle pas alors un cri retentissant du peuple américain pour le vrai changement ? Un cri de ras le bol du peuple à bout de souffle endetté jusqu’au cou pendant que leur dirigeants dilapidaient leur argent dans des guerres interminables, des agressions inutiles des peuples. Et les résultats ? Des invalides à compter dans leur famille et proches et des augmentations de taxes pour supporter les efforts de guerre pour la paix qui n’ont jamais, car ils vivent toujours dans l’angoisse d’une bombe qui s’explose ?

En donnant haut la main à cet homme hors circuit politique, à ce businessman, à ce trublion et insolent au risque de créer désordre dans les relations internationales, peut être que le peuple américain si grand, intelligent et mature politiquement, et sans doute conscient du risque pris, a-t-il vu grand et lucide ? On n’en sait rien, l’histoire nous dira la suite. En tout cas, il y a bien une raison qui nous échappe et échappe surtout à ceux qui critiquaient son choix, ces paternalistes et donneurs de leçons à qui le changement fait peur, non par parce c’est un changement mais parce qu’ils ont peur que ça les emporte. En faisant délibérément ce choix de tourner le dos à la politique politicienne et aux mensongères, en introduisant ce trublion dans le bal des pompiers de la finance internationale, ce peuple espère insuffler une nouvelle façon d’organiser la cité nationale et internationale, redessiner la carte des fréquentations en dé- diabolisant certains pays mis à carreau pour avoir refusé de faire le jeu truqué. La bipolarité russo-américaine n’est-elle pas une des monstruosités politiques inventées et entretenues par les dirigeants des deux pays ? Les Américains détestent-ils réellement les Russes et vice-versa, bien évidemment non. La même chose, y a-t-il une raison de mettre sous embargo le peuple de Cuba pendant un demi-siècle ? Y a-t-il un problème entre les peuples cubain et américain ? Forcément non.

Enfin, mon interrogation ne porte pas sur l’inquiétude, l’incertitude et l’inconnu que représentent pour certains l’administration de Trump, mais sur le lien qu’il y aurait entre le plébiscite du Brexit des Britaniques et celui de Trump en ce sens que les deux ne sont en réalité que des cris authentiquement viscéraux de désarrois de ces deux peuples, et une aspiration à un changement en profondeur pour un monde meilleur.

Omar Tarmelit

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Kichi Duoduma

Ceux qui disent que Trump représente l’extrême-droite aux USA se trompent complétement sur lui. Personne n’a jamais dit ça de lui avant qu’il ne commence à gagner les primaires. EN fait, pendant les primaires, ses adversaires de droite disaient de lui qu’il n’était pas de droite du tout. Même certains de ce qui fait office de “la gauche” aux USA ont dit de lui que c’est un “gauchiste” déguisé en droitiste. La vérité est qu’il n’existe pas de gauche digne de ce nom aux USA.

Trump n’est même pas politicien. On dit de lui qu’il s’est présenté pour faire un éclat publicitaire, n’ayant aucun espoir, ni aucun désir de gagner les primaires du parti Républicain. Son but était de gagner assez de notoriété auprès du public pour que son show annulé soit rétabli par une chaîne de TV. C’est la raison pour laquelle il ne s’est pas retenu de dire tout ce qui lui passait par la tête alors qu’un politicien ordinaire fait très attention à chaque mot qu’il prononce, car un seul mot peut lui coûter la nomination ou la victoire finale. A sa surprise, ce mélange de franchise, de mensonges, d’insultes et de baratin ont touché un nerf sensible quelque part et sa campagne a démarré en trombe ! Certains se demandent s’il n’a pas de remords maintenant, s’il ne se sent pas coincé, pris à son propre piège. Il a fait beaucoup de promesses qu’il sait très bien ne pas pouvoir honorer.

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Hend Uqaci Ivarwaqène

Les chemins de l’inconnu sont encore plus angoissants quand on n’est pas sûrs.

Les masses américaines qui se shootaient à l’incertitude sont en train de ressentir les affres de la descente de la défonce chez les drogués. Surtout que les dealers de sensations ne leur ont pas encore fourni de quoi désillusionner. D’où les effets de manque et le syndrome de sevrage : le sauveur n’es-il pas celui qui était attendu ?

L’intelligentsia n’en est pas à une contradiction prête. Quand c’est elle qui ressasse les thématiques ânonnées par Trump : Immigration, islamisme, banlieues, pains au chocolat, au point que c’est devenu pratiquement le clou des shows politiques tant ça gargarisait et titillait les vielles émotions. Les meetings politiques, dont certains de gauche ont ringardisé, les méga-shows de Béyoncé et de Madona permettent aux accrocs à l’adrénaline de satisfaire leur sadomasochisme en se faisant peur et en compensant par le fantasme de voir leurs Charles Martel bouter les indésirables hors de leur patrie.

En toute logique, tout ce beau monde qui piaffe d’indignation aujourd’hui devrait se réjouir de l’élection de Trump et l’encourager à mettre en oeuvre ses propositions. Murs, protectionnisme, préférence nationale, marinières et Marinettes.

Au lieu de cela ça s’offusque et ça radine fauderchement et, comble de toupet, ça reprend à leurs comptes tous les avertissements qui leur ont été opposés et qu’ils prenaient par-dessus la jambe quand c’étaient eux qui étaient concernés.

Aujourd’hui, pour exorciser nos craintes, on nous explique pourquoi et comment Trump ne pourrait pas mettre en œuvre ses promesse électorales.

Expulser 10 millions d’immigrés ? Impossible, ne serait-ce que logistiquement sans parler de la non-remplaçabilité des uns par les autres dans les deux sens. Protectionnisme ? Impossible aussi : les économies sont interdépendantes.

heeu... impossible aussi, parce que!

La foi peut briser des montagnes, dit-on. Oui, certes, quand il s’agit d’une foi lucide. Quand elle est aveugle et qu’elle attend un angelot de Rosemary et que le sauveur est avorté il faut s’attendre à être déçu.

Il ne reste à tout ce beau monde qu’à cuver son aigreur en attendant la résilience en guise de thérapie.