Cinquième mandat de Bouteflika : l'autre recommandation indécente !

Réputé pour son goût immodéré du pouvoir Abdelaziz Bouteflika entend finir sa vie sur le trône
Réputé pour son goût immodéré du pouvoir Abdelaziz Bouteflika entend finir sa vie sur le trône

La vie politique en Algérie, ressemble à un long feuilleton dont la première partie repasse en boucle depuis 20 ans. Des scénarios prévisibles et des cadrages sans mouvements, mettent en avant personnages inamovibles et piètres acteurs. Au fait, c’est toute l’histoire qui est à côté de la plaque. Elle est dans les décors, loin des préoccupations des citoyens devenus de simples spectateurs.

Elle ressemble à une sempiternelle parade de frotte-manche médiévale, où le roi d’un âge avancé, se voit continuellement courtiser par des personnages en quête de faveurs, galons ou gloire. Lorsque nobles et flatteurs, se partageaient la cour, qui pour occuper un palais, qui pour squatter les écuries royales.

Et lorsque le monarque aimait, il ne comptait pas : le nombre d’années passées à trôner, les adversaires terrassés, «les amants» politiques consommés et les privilèges accordés. Des amants, tels des lapins sortis du chapeau, se faisant tirer par la suite, comme de vulgaires lièvres pressés. Des destins prévisibles, qui n’empêchaient cependant pas la prolifération de ces léporidés, l’environnement s’y prêtant et l’appât du gain rendant aveugle autant que l’amour masochiste du roi.

Mais chez nous, il y a un petit quelque chose de différent. Une particularité propre aux zaïms, une spécialité bédouine des Cheiks : le brusque tirage de tapis qui laisse le banni, flottant, entre ciel et terre, songeur de longs moments, avant de recevoir le parterre brutalement sur la tête et de saisir enfin sa déchéance. Avec notre monarque, l’intrigue est toujours réussie. La dernière en date fut la répudiation de Si Amar. Elle était tout sauf prévisible et bien malin celui qui pouvait la prédire. Si bien que quelques jours auparavant, il paraissait intouchable, incontournable, offensif, l’allure chevaleresque et le verbe acéré.

L’histoire d’amour, aura duré au final trois ans, le temps d’un demi-mandat ou d’une gloire en demi-teinte. Sorti par la petite porte, il essaya désespérément de s’accrocher aux jupons du monarque en lui affirmant à qui veut l’entendre, son soutien indéfectible avant le désert et l'oubli !

Aussitôt intronisé, Djamel Ould Abbès, en nouveau crieur public, annonçait la nouvelle : point de programme, mais une priorité : le rassemblement des troupes autour du souverain, que les tambours de son prédécesseur avaient, semble-t-il, dispersées. Se plaçant tout de suite en tôlier du cinquième mandat, le nouveau secrétaire général du FLN retapait le moral de ses troupes, sapait le nôtre et divulguait son unique mission : préparer l’opinion publique à une autre candidature du président, à une nouvelle impression du déjà-vu, à un éternel recommencement.

Et pour montrer la bonne voie, Ben-Younes, l’un des déchu du royaume, s’en saisi et dit tout l’amour qu’il a pour le président. Le cortège des soutiens lancés, les klaxons des courtisans-crieurs qui ne veulent pas se faire doubler, hurlent tour à tour, leur appui à la candidature du chef octogénaire.

Ahmed Ouyahia puis Belayat, et les arrivistes de la dernière heure ne juraient que par la continuité. Ils disaient même plus, qu’il soutiendrait en 2019 le souverain au cas où il se porterait candidat à sa propre succession. Tout cela se passe au moment où les sorties publiques du président s'intensifient, au point de faire enfler la rumeur d'une présidentielle anticipée !

Quelles que soient les raisons de tout ce remue-ménage, la proposition d’une nouvelle candidature d'un octogénaire diminué, est pour le moins indécente : Parce-que lancée trois ans à l'avance et qu'il en aura 83 en 2019 (si Dieu lui accorde une longue vie) et 88 ans à la fin de son quinquennat ! Parce que "sa" nouvelle constitution limite le nombre de mandats à deux et qu'il en est à son quatrième. Pace qu’avant les présidentielles de 2019, il y a les législatives de 2017, et qu’une telle surenchère ferait penser que les décideurs ont déjà scellé le sort de cet important exercice démocratique.

Parce que ce peuple et sa jeunesse ont besoin d'un souffle nouveau, d'un vent frais et de dynamisme pour sortir de cet état de cryogénisation dans laquelle ils se trouvent.

Indécente, car notre république ressemblera à s’y méprendre, dans le cas d'un cinquième mandat, à une monarchie, que les pères fondateurs de cet Etat populaire n’ont pas choisie !

Khalil Hebib

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