M. Bouteflika, arrêtez de prendre les Algériens pour des cornichons !

M. Bouteflika, arrêtez de prendre les Algériens pour des cornichons !

L'histoire retiendra que ce fut la veille de la date symbolique du 5 octobre que le régime du président Bouteflika, réuni, dans l'urgence, en un pathétique conseil des ministres, s'affola à l'idée... de voir surgir un autre 5 octobre !

"Le président a appelé à tout entreprendre pour " désamorcer les tensions sociales qui ne manqueraient de se manifester à moyen terme".Jusqu’ alors, cette date 5 octobre ne représentait sans doute rien pour le Président, tout comme le 20 avril, le Printemps noir ou sans doute le 11 décembre, peut-être même le 1er Novembre que les dirigeants ne célébrent plus et autour duquel ils ont soigneusement organisé l’amnésie comme s'ils voulaient en finir avec les souvenirs d'un serment trahi, abolir la mémoire de ces hommes et de ces femmes, Ben Boulaïd, Ben M’hidi, Ourida Meddad, Maillot, Ali la Pointe ou Abdelhafidh Yaha, ces êtres qui ont choisi de renoncer au bonheur de vivre pour nous éviter le déshonneur de la servitude. Leurs ombres grandioses pesait trop lourdement sur la conscience de ceux qui accompagnèrent l’abaissement national et qu'on retrouve aux commandes du pays selon le terrible postulat qui veut qu’au temps de la grandeur succède, souvent, le temps des habiles et la revanche de ceux qui manquèrent de courage. Le temps de la déchéance morale.

Oui, jusqu'ici, le 5 octobre n'était que le jour anniversaire d'un "chahut de gamins", une date exotique, une de celles qu'on raille dans les salons, à l'heure de l'apéritif. Seules les familles qui l'ont vécu dans leur chair, les mères des centaines de gamins morts sous les chars, les mères des adolescents torturés, seuls les coeurs endeuillés avaient entretenu le sens de ces journées de révolte où Sid Ali perdit la vie et Azouaou son bras gauche, promenant son infirmité dans Alger, comme survivance d'un bref et fol espoir qui habita la jeunesse de continuer une guerre d'indépendance inachevée.

Avec ce burlesque Conseil des ministres convoqué à la hâte pour "corriger" la loi de finances 2017, adoucir les mesures d'austérité qui pourraient jeter la population dans la rue, le régime, d'habitude si arrogant, a soudainement pris la mesure d'un 5 octobre, affolé à l'idée d'être sous la menace de sa propre population, l'insoutenable idée de sa finitude. Durant ce Conseil des ministres, le président, en appelant à tout entreprendre pour "désamorcer les tensions sociales qui ne manqueraient de se manifester à moyen terme", confirme que le pouvoir n'a plus de solution de rechange. Après 17 ans de règne dans l'opacité et le mépris, le cercle présidentiel est tétanisé par la perspective de s'expliquer sur tant d’années de gabegie, de mépris et de dilapidations. Ainsi naissent les frondes enfantées par les vies insupportables. Ainsi naissent les 5 octobre. Ainsi est né le 1er Novembre. D'une colère brutale chez des populations si longtemps abusées.

Et que le cercle présidentiel persiste à vouloir abuser encore et encore.

Dans l'espoir de calmer les prochaines colères, le chef de l'Etat parle «d’assumer pleinement ses missions au service des citoyens, notamment les plus démunis, et de diligenter la diversification économique grâce à laquelle le pays se libérera, à moyen terme, de la dépendance des hydrocarbures».

Après 17 ans de règne ? Quand donc cessera le président de prendre les Algériens pour des cornichons ?

Dix-sept ans ! Le temps qu’il a fallu à la Corée du sud pour devenir une puissance économique mondiale !

Dix-sept ans ! Le temps qu’il a fallu à Ali Haddad président du Forum des chefs d’entreprises (bridés) et Abdeslem Bouchouareb, ministre de l’Industrie (fictive), pour réaliser, l’autre jour à l’Université d’été du FCE, que la "situation n'avance pas". Mais pour qu'une voiture avance, il faut du carburant, un moteur et un conducteur qui sait où il va. Nous n'avons aucun des trois ! Le carburant de l'économie , c'est l'argent et l'investissement, mais vous l'avez gaspillé, volé, dilapidé en achats à l'étranger, au profit de la mafia de l'import. Le moteur de l'économie, c'est à dire les entreprises et les entrepreneurs, vous l'avez immobilisé, toujours au profit des mandarins-importateurs qui, du reste, sont pour beaucoup dans le putsch contre le FCE et la promotion du sieur Haddad. Chaque fois qu'il y avait une velléité de démarrage, des mains vigilantes ont vite fait de l'éteindre. Le chercheur est traqué, l'investisseur est banni, l'innovation est hérésie... "Allez investir ou innover ailleurs !", avez vous si lontemps crié. Ils vous ont entendus : un ancien ministre algérien vient d'estimer à 500 000 le nombre de cerveaux algériens en exil.

Mais tout cela, les Haddad et Bouchouareb l’ignoraient.

Il est vrai que nos deux responsables-affairistes venaient de rentrer bronzés de leurs vacances à l'étranger où ils se sont rassurés sur leurs investissements en Europe et dans les paradis fiscaux. En bons spéciaistes des versements en liquide, ils ont eu la bonté de verser une larme sur le sort des Algériens. L'un et l'autre se sont dits, en effet, "très inquiets", lors de l’Université d’été dudit Forum, de la situation économique du pays. Leur peine faisait de la peine à voir ! On leur donnerait le bon Dieu sans confession ! Avec ce qu'il faut de solennité, Ali Haddad informe l'assistance de ce qu'elle savait déjà : "Nous n’avons pas réussi (…) à enclencher un véritable changement." Ah, parce que vous avez essayé ? Celui qui appelait à voter Bouteflika "pour son bilan positif", réalise qu'il avait menti aux Algériens ! Ce n’est pas bien de mentir ! C’est péché et tu as le nez qui devient rouge ! Il faut plutôt suivre les instructions du boss qui, très sérieux, recommandait, pendant ce fameux Conseil des ministres, au gouvernement de "dire la vérité aux Algériens, à travers l’information régulière des citoyens sur les difficultés et les enjeux, afin de réaliser l’adhésion populaire". La vérité ? Mais, comme disent Chevalier et Laspallès, "y en a qui ont essayé" mais ils se sont retrouvés en prison comme le général Benhadid, les amis de KBC, le citoyen Tamalt, en prison ou en retraite forcée comme l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie qui croyait bien faire en disant la vérité sur la faillite financières du pays.

Maintenant, il sait que le président entend par "vérités", ce qu’il aime entendre et que, pour rester dans la cour, il faut savoir prendre les Algériens pour des cornichons. Ça s’apprend !

Nous verrons cela dans le prochain coup de gueule.

Didou

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Commentaires (11) | Réagir ?

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adil ahmed

danke schoon

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fateh yagoubi

merci

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