Quelle communication institutionnelle en Algérie ?

Palais du gouvernement.
Palais du gouvernement.

Qui n’a pas essayé, pour de multiples raisons, de joindre un « responsable administratif » dans une grande institution publique algérienne (ministère, grandes écoles, directions de Wilaya, APC, ambassade…) ? Qui pourrait nier les incroyables difficultés à trouver sur internet ou ailleurs les noms des responsables et leurs coordonnées actualisées ?

Que fait n’importe quelle personne qui souhaite investir en Algérie si ce n’est commencer par identifier le "terrain", les acteurs, la réglementation et quelques statistiques ?

Disons le haut et fort. La communication institutionnelle en Algérie est une vraie catastrophe ! Il suffit de parcourir les sites des différents ministères pour s’en rendre compte. Des sites non à jour pour la plupart, un lamentable design, des contacts quasi inexistants, ou qui ne répondent jamais, des informations erronées…

Chaque ministère utilise ses propres logiciels que ce soit pour la bureautique, le traitement des données, les logiciels antivirus, le graphisme etc. Ce qui ne facilite ni l’échange de données intra ou inter ministériels, ni la lisibilité de la «charte graphique» de nos institutions ministérielles. Catastrophe en termes d’image des institutions mais aussi catastrophe en termes d’efficacité. Sans me hasarder à faire des comparaisons avec d’autres pays, et à l’heure de la mondialisation et surtout de l’avènement des logiciels libres de droit dans tous les domaines (navigation internet avec Firefox en version arabe et français, Libre office pour la bureautique, Mozilla Thunderbird pour la messagerie, Peazip pour la compression, SyncBack pour la gestion individuelle des sauvergardes, VLC pour la lecture des flux…), il n’est pas normal que nos institutions aient pris un tel retard.

Des comparaisons ont été faites par la presse nationale entre les sites institutionnels des ministères algériens et/ou marocains et tunisiens. Le résultat est sans appel. Et vérifiable. L’Algérie a pris un retard considérable dans ce domaine.

Et pourtant, le ministère de la communication possède en son sein une "direction de la communication institutionnelle" avec comme objectifs de :

– Contribuer à l’élaboration du plan national de communication institutionnelle,

– Coordonner les actions de communication institutionnelle et sociale,

– Proposer des actions de la communication institutionnelle à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

On se demande quel est le bilan concret de cette direction mis à part l’organisation de séminaires et de rencontres sans suites.

Dans cette "puissance régionale", et selon des sites spécialisés dans les statistiques et le trafic sur le web, le site le plus visité par les Algériens restent de loin Facebook, suivi par Youtube, Google.com, Google.dz, Yahoo.com, Ask.com, google.fr, Blogspot.com et un site porno.

Il faut attendre la 10e place pour retrouver le premier site algérien qui fait dans la revente de produits divers et variés.

La communication institutionnelle a pris une telle importance dans le monde que beaucoup de pays, y compris parmi les moins développés (Sénégal, Togo…) l’ont cadrée au travers des schémas nationaux de systèmes d’information assurant ainsi une cohérence technique liée à une politique de sécurité de leurs systèmes. C’est ainsi qu’en France par exemple, tous les ministères sont censés utiliser les mêmes logiciels – généralement libres de droit et accessibles- dans pratiquement tous les domaines informatiques. Des dérogations exceptionnelles peuvent être délivrées à des agents pour l’installation d’un logiciel non présent dans leur poste de travail lorsqu’ils arrivent à justifier de sa nécessité.

A ce triste constat, il faut rajouter le retard accumulé par l’Algérie pour mettre en place une vraie stratégie nationale pour le service à grand débit, pour la communication institutionnelle comme pour d’autres secteurs d’activité économique, sociale ou culturelle : entreprises, éducation et formation, médias d’information…

Ainsi, selon un récent rapport de l’agence de coopération du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international (CFI), citant un article du Huffington Post Maghreb, "les médias en ligne doivent composer en Algérie avec des infrastructures internet très peu développées, ce qui est reflété par un taux de pénétration d’internet (16,7 % selon l’UIT en 2013) qui est le plus faible des pays étudiés dans la présente étude, et par le classement NetIndex qui indique que l’Algérie a l’une des connectivités à internet les plus lentes du monde".

La mise en place d’une stratégie nationale de communication institutionnelle n’est ni coûteuse, ni difficile à mettre en place. De nombreux étudiants, chercheurs, enseignants, experts éprouvent d’énormes difficultés à disposer d’une information fiable et actualisée pour leurs travaux. La négligence de cet aspect, qui me semble primordial, est plus que regrettable.

Youcef L’Asnami

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