Abdelaziz Bouteflika étrille Chadli et s’attribue le beau rôle !

Bouteflika ne répugne pas à s'attribuer des réformes et à oublier ses errements.
Bouteflika ne répugne pas à s'attribuer des réformes et à oublier ses errements.

A l’occasion du 20 août, le chef de l’Etat s’est sacrifié en se rappelant au bon souvenir des Algériens en ces temps caniculaires. A quelle fin ? Se glorifier de ses mandats.

Dans un message que le ministre de la Culture a été chargé de lire à Bejaia au nom du chef de l’Etat, le lecteur retrouve les mêmes vœux traditionnels et quelques saillies qui méritent qu'on s'y arrête un moment.

Après une première partie du message dans laquelle on retrouve l'essentiel de la vulgate officielle avec bien entendu ses approximations (1,5 million de martyrs, le peuple héros, entre autres), le chef de l'Etat entre dans le vif du sujet. L'ère Boumediene, l'époque "honnie" de Chardli et bien entendu ses réalisations sont passés en revue. L'occasion était manifestement trop belle pour le rédacteur du message pour faire passer quelques rappels utiles pour les étourdis que nous sommes.

Il est une évidence pour Bouteflika : les lendemains d’indépendance pendant lesquels il était l’un des acteurs, sont synonymes de grands succès. Dans un style plein d’emphases, le message évoque "ce vaillant peuple qui a recouvré la souveraineté de son pays". Puis "a su remporter, peu d'années après, le défi de sa reconstruction et de son édification et effacer les stigmates de la guerre et de la destruction par l'édification d'un Etat moderne, fort d'une économie industrielle prometteuse et d'une politique de formation judicieuse à même de doter le pays de jeunes compétences de renommée mondiale ayant une excellente maîtrise des sciences et des technologies." Le clin d’œil est évident. L’ère Boumediene est prometteuse, celle qui viendra sera calamiteuse. Parce tout de suite après ce passage, le message embraye sur les critiques les plus cinglantes : "Toutefois, la marche ambitieuse et prometteuse de l'Algérie indépendante achoppe au terrible choc pétrolier des années 80 et le pays pâtit des mauvais calculs et des fautes de gestion commises, pourtant, par des responsables dont le parcours militantiste était sans faille et les intentions bonnes et irréprochables." La critique est non voilée, elle s’adresse à Chadli et son équipe qui ont écarté Abdelaziz Bouteflika du pouvoir. Le chef de l’Etat a la revanche froide et la mémoire sans faille. Faut-il rappeler que c’est aussi sa période où il a connu ses déboires avec la Cour des comptes ?

Le mélange des genres

Dans la seconde partie du message le chef de l’Etat s’approprie l’esprit du congrès de la Soummam, s’offrant quelques satisfecit dans il tire l’orgueil : "De la même façon, et après avoir vécu la tragédie nationale, le peuple algérien s'est engagé en un seul homme sur la voie du renouveau national dans un processus auquel je suis fier d'avoir participé depuis 1999".

Le chef de l’Etat n’hésite pas à faire des allers-retours entre l’histoire de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie et quelques épisodes de ses mandats comme la réconciliation nationale. Sans précaution, il se laisse aller à un mélange des genres troublants.

"Tout comme le Congrès de la Soummam avait catalysé la Révolution jusqu'à la Victoire et l'Indépendance, nous avons voulu faire de la dernière révision constitutionnelle une assise solide sur laquelle s'établiront désormais les fondements de l'Etat algérien moderne", s’enflamme-t-il.

Le chef de l’Etat se veut grand réformateur devant l’éternel. Il l’affirme avec la modestie qu’on lui connaît ! "Notre intention était, également, de moderniser les modes et règles de gouvernance, de démocratie et de liberté pour les adapter à l'incontournable processus de réformes économiques". Objectif du chef de l’Etat ? "Ouvrir à l'économie nationale de nouvelles perspectives au mieux des intérêts de notre peuple que nous voulons mettre à l'abri des fluctuations des marchés pétroliers." Là comme ailleurs, et de bonne guerre, le chef de l’Etat oublie de rappeler qu’il a pris beaucoup de retard en la matière. Puisque pour "construire une économie diversifiée et concurrentielle qui soit capable de s'imposer face aux économies d'autres pays à l'ère de la mondialisation", il fallait le faire l’enclencher quand le baril de pétrole tutoyait la centaine de dollars. Mais à l’époque, le locataire d’El Mouradia et son équipe étaient occupés à gaspiller la rente pétrolière.

A retenir enfin que tout le discours ne cite aucun nom de héros. Ceux qui ont pourtant fait ce formidable congrès de la Soummam sont passés à la trappe. Simple oubli ? Ou volonté, comme toujours, de les noyer dans le "peuple" ?

Yacine K.

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Commentaires (11) | Réagir ?

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lila laoubi

merci bien pour le site

wanissa

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moh arwal

il flate le peuple qu 'il a toujours méprisé, maintenant qu' il se sait partant et finissant. quelle lacheté !!

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