Complexe d'El Hadjar : entre félons et larbins !

Le complexe d'El Hadjar bradé par les autorités puis racheté à prix exorbitant.
Le complexe d'El Hadjar bradé par les autorités puis racheté à prix exorbitant.

Voilà, le journal "ElWatan.com", en date du 12.8.2016, nous apprend qu’El-Hadjar est redevenu propriété de l’Etat algérien à 100%. Evidemment cette renationalisation a été décidée avec l'aval du responsable politique. Le même responsable politique qui a accepté sa privatisation (a des étrangers !) pour une bouchée de pain au motif que son statut de propriété de droit public empêche sa rentabilité. Cette article nous renseigne aussi sur la "marmelade" passée vécue par ce complexe et nous dit qu’un nouveau directeur général lui a été désigné.

Dans la presse écrite on saura que le nouveau directeur général a été responsable de la sécurité puis directeur des ressources humaines. Ceux qui ont crapahuté sur les pistes tortueuses du secteur public algérien savent quel type de "cadres" on désigne a la tête de la structure chargée de l’hygiène et de la sécurité industrielle; ils savent aussi qu'un directeur des ressources humaines est au mieux un diplômé en droit (ou sociologie, psychologie,...) et au pire un "grimpeur" (agent d’entreprise publique devenu "cadre-gestionnaire" par la "promotion interne") ou un ingénieur qui a préféré s’égarer dans le labyrinthe de la bureaucratie que de plonger dans le tas des problèmes techniques. Pour beaucoup, "un grimpeur" ou un juriste pour gérer une usine c’est comme un infirmier à la tête d’un bataillon envoyé au front. Mais on peut se tremper, El-Hadjar est peut-être l’exception qui confirmera la règle.

Si on pense rentabilité ou qualité du travail administratif, à notre humble avis et en tenant compte du centralisme actuel, il faut un ingénieur pour l’usine, un juriste pour toute structure judiciaire, un financier pour une banque, un médecin pour un hôpital, etc.… Mais il ne faut pas être naïf, rien ne prouve qu’on souhaite la rentabilisation d’El-Hadjar. Pour débureaucratiser l’administration, il faut des diplômés à la place des "grimpeurs" ; mais qu’est-ce qui prouve qu’on veut que l’administration soit accueillante et efficace.

La renationalisation d’El-Hadjar et la désignation de son directeur général ont été décidées, évidemment, avec le consentement du "représentant des travailleurs". Le problème pour l’Algérien "lambda" est qu’apparemment c’est le même syndicaliste qui a accepté, il y a une dizaine d’années, la vente du complexe. Il a même eu à expliquer, environ une année après la privatisation, à ses collègues des autres entreprises publiques, lors d’une messe syndicale a l’algérienne qu’organise "oug-ta" (1), qu’ils sont très bien avec les Indiens donnant ainsi de l’eau au moulin du gouvernement qui a opté pour la privatisation/bradage du secteur public. Entre la vente et la renationalisation, le monsieur est devenu député mais évidemment ce n’est pas un crime d’ailleurs il continue à s’exprimer sur la situation du complexe.

L’entreprise publique algérienne a connu l’autogestion, le syndicalisme révolutionnaire et "le syndicaliste-gestionnaire" de la G.S.E ; sommes-nous déjà dans le "syndicalisme-du-râtelier" ? Auront-nous, un jour, le syndicaliste militant et honnête tel que le connait l’ouvrier laborieux d’ailleurs et que connaissent nos expatriés ? Ce syndicaliste honnête qui défend le salarié contre l’arbitraire de certains directeurs et dirigeants, la voracité de certains groupes sociaux ou l’iniquité de certaines politiques économiques ou sociales. Il défend le salarié mais veille à la pérennité de l’entreprise. En cas de crise, il lutte pour réduire au maximum le nombre de victimes pour lesquelles il revendique des dédommagements raisonnables. En tant que syndicaliste, sa situation matérielle et sa carrière évolue en adéquation avec celle de l’ensemble de ses collègues, il ne bénéficie ni d’avantages ni de privilèges particuliers. Nous pouvons aussi rêver de gestionnaire à "l’échine rigide" n’hésitant pas à s’opposer aux décisions anti-économiques de la hiérarchie, motivées par le populisme et la politique politicienne. Actuellement, et depuis toujours, le gestionnaire dans l’entreprise publique n’est responsable de rien : tout vient d’en haut, tout dépend d’en haut et pour justifier sa passivité chacun a …son haut.

Nourredine Morsli

Note :

(1) "UGTA", prononcé par un chinois selon une blague qui a circulé.

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