Pétition contre Amar Saadani : à qui profite l'initiative ?

Saâdani a hérité de l'appareil, il ne l'a pas créé
Saâdani a hérité de l'appareil, il ne l'a pas créé

Comment apprécier l’appel des 14 historiques à la réhabilitation du PFLN ? Les noms, malgré ceux égratignés par des errements, restent prestigieux ; et, l’expérience militante, militaire et administrative, qu’ils cumulent interdit tout dédain à l’égard de leur initiative. Probablement qu’elle doit avoir son importance dans les luttes de sérail.

A en croire l’argumentaire développé, il serait donc possible de déloger Saâdani et sa clique du centre de commandement du PFLN. Malgré les quatre mandats de Bouteflika, la professionnalisation de l’armée, la modernisation de la justice, les juteuses affaires éventées par les Panama papers,… il suffirait seulement que tout ce qui survit encore de mémorables moudjahidates et moudjahidines se ligue dans cet ultime élan unitaire pour chasser "l’aventurier Amar Saadani et sa camarilla de baltaguis" ! Après tout, on peut se dire que ceux qui ont résisté à l’armada coloniale et à l’otan, peuvent bien envoyer Saâdani terminer ses jours à Neuilly-sur-Seine. Mais en quoi un tel objectif servirait-il notre peuple et ses intérêts ?

Nos honorables pétitionnaires concèdent que "le FLN historique est le patrimoine de tout le peuple algérien", mais la question n’est pas sa restitution au peuple. Non, ils s’inquiètent de ce que le PFLN, le parti unique, l’appareil par lequel se réalise la patrimonialisation de l’Etat et de la société soit entièrement entre les mains de Saâdani. C’est le vrai sens de leur intervention. Plus que nuls autres, nos historiques connaissent le système. Une connaissance de l’intérieur de ses arcanes. Nous ne pouvons, donc, que les croire lorsqu’ils affirment que les réseau Saâdani "mettent à profit toute la mécanique de l’administration nationale et de la gestion de l’économie. [qu’]Ils recourent pour cela à la capillarité, du [P]FLN et sa représentation à tous les échelons des structures étatiques depuis les communes, jusqu’aux plus hauts niveaux de la représentation nationale". Quels aveux ! 55 ans après son institution en parti unique, le PFLN demeure toujours l’Etat tout puissant, l’implacable Baylek.

Devant le double constat, établi en filigrane, celui de la confiscation du sigle historique et de patrimonialisation de l’Etat et de la société, les quatorze proposent sans rougir la restitution du PFLN, "dans les formes démocratiques, sans immixtion extérieure, à ses militants sincères et dévoués, des hommes de conviction qui incarnent une aspiration partagée". L’exigence de restitution du sigle historique à son peuple leur échapperait-elle ? L’impératif de démantèlement de l’appareil bureaucratique usurpateur et spoliateur du patrimoine de ce peuple leur serait-il inaccessible ? Non, rien de tout cela, ils connaissant ces exigences historiques mais ils en sont des adversaires.

Les meilleurs d’entre eux avaient voulu faire accroire, en 2004, à la bonne étoile d'Ali Benflis. Nous savons ce qu’il en coûta, à l’époque, au chef d’Etat-Major de l’armée. D’autres ont continué à louer, malgré l’évidence, les qualités de Bouteflika et son innocence dans les "dérives" actuelles. Ce n’est pas pour autant que leur initiative actuelle serait sans intérêt. Elle donne assurément un mauvais signale. Qu’il serait possible de déloger Saâdani et sa clique. Mais ce faisant, elle délivre une vraie information : le Clan derrière Amar Saâdani est maitre du jeu dans les appareils du système, et il n’y a rien de bon qui pourrait venir de ses méandres.

Mohand Bakir

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Commentaires (10) | Réagir ?

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adil ahmed

merci pour les informations

wanissa

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chawki fali

merci pour l'iformation

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