Ikram et Abdelkader, les sordides apparats algériens

Un campagne misogyne sournoise et honteuse
Un campagne misogyne sournoise et honteuse

Une sordide histoire qui enflamme les réseaux sociaux, mobilise et donne du grain à moudre à la colonne de la Régence chargée de l’Éducation du peuple et de la Propagande.

Les faits. Abdelkader, un jeune Algérien installé aux États-Unis. Citoyen états-unien, bien établi, il cherche à prendre épouse. Comme beaucoup, qui n’attendent de leurs sociétés d’accueils qu’aisance et richesse matérielles, il va la chercher dans son pays d’origine. La plateforme vidéo youtube l’aide à la trouver. Il jette son dévolue sur une "perle rare" qu’il ne connait ni d’Eve, ni d’Adam. La fille, Ikram, est apparue dans une des séquences de propagande, dont la colonne propagandiste a le secret. Emmitouflée dans un large habit, noir, qui ne laisse paraître que la face de son visage et les doigts de ses mains. Malgré tout, Ikram a un visage angélique et ce visage intéresse les propagandistes. Elle répond à une sordide question : "Que dirais-tu au prophète Mohamed s’il était de l’époque actuelle ?" La jeune fille s’effondre en larmes et entre dans un état émotionnel proche de la transe. Elle ne dit pas grand-chose ! "Je lui plaiderais le sort qui nous est fait, tout le mal qui nous est fait". Qu’importe, les producteurs forcent sur la postproduction, musique, plans rapprochés et effet de ralenti créent une intensité exceptionnelle. Ce n’est plus une jeune fille qui est filmée, mais une Houri.

Fiançailles et épousailles ne sont qu’une formalité. Le jeune couple part au Etats-Unis. L’idylle est éphémère. Quarante-trois jours plus tard, Abdelkader fait un voyage en Algérie, Ikram, quitte le domicile conjugal en emportant, selon la version de son ex-mari, tout ce qui a de la valeur. Argent, bijoux,… De son côté, Abdelkader, dit être trahi et découvrir un démon ; Ikram, porte les accusations les plus graves et obtient une injonction contre Abdelkader.

Jusque-là l’histoire reste un fait divers comme il doit en exister des dizaines. Mais la colonne de l’éducation du peuple et de la propagande s’en est saisie à charge contre Ikram.

Comme à l’accoutumée, les femmes en prennent pour leur compte. Le message distillé est assassin. En substance : l’accoutrement et le comportement les plus bigots ne peuvent être tenu comme preuve de piété de celles qui sont tenues pour être sataniques par nature !! Elles ne doivent jamais échapper à la plus vigilante surveillance.

Seule la version d’Abdelkader a droit de citer. Elle est l’occasion pour une nouvelle campagne misogyne. Pourtant, dans une société normale, les mises en causes auraient été celles de l’apparat religieux, de cette bigoterie ambiante alimentée par un discours théocratique que distillent des médias de propagande. Celle de ce nouveau Feth, sournois et hypocrite, qui ne dit pas son nom, qui masque ses allégeances wahhabites et tais son projet totalitaire et liberticide.

Abdelkader est l’un de ces mutants qui a peur de tout. Qui se rassure par les certitudes d’un patriarcat monothéiste. Mais, qui est Ikram ? Si elle n’est pas la Houri dont l’image a été propagée par la colonne de l’éducation du peuple et de la propagande, est-elle pour autant le monstre satanique qui est décrit aujourd’hui ? Dans les deux cas le résultat est le même : la marginalisation de la moitié de notre société, sa mise en accusation permanente.

Mohand Bakir

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Commentaires (9) | Réagir ?

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fateh yagoubi

merci

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departement education

Merci

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