1. Prendre conscience du risque

1. Prendre conscience du risque

Vivant de l’illusion de la rente éternelle, généralisant les emplois improductifs, notamment dans l’administration, continuant à distribuer des revenus sans contreparties productives et des transferts sociaux généralisés et non ciblés, en espérant un retour du baril supérieur à 80/90 dollars, comme en témoigne la tournée du président vénézuélien sans impacts, le Venezuela est actuellement au bord de la faillite.

Or le Venezuela, est la première réserve mondiale de pétrole (300 milliards de barils contre 10 pour l’Algérie avec des potentialités agricoles 30 fois supérieures à l’Algérie. Le pouvoir vénézuélien, se réfugiant dans le populisme, n’a pas entamé les réformes structurelles à temps. Par ce manque de prévision stratégique, le Venezuela connait un taux d’inflation approchant 200% en 2016 avec des pénuries et des révoltes sociales sans précédent. Cette expérience doit faire réfléchir nos gouvernants. L’Algérie, qui a d’importantes potentialités de sortie de crise, doit impérativement grâce à un sursaut national éviter ce scénario catastrophe. Attendre un retour de la hausse du cours du pétrole, scénario improbable devant assister à une profonde reconfiguration du modèle de consommation énergétique et du pouvoir mondial entre 2017/2030 et les élections législatives de 2017 sera peut être trop tard car le temps ne se rattrape jamais en économie . Il y va de la sécurité nationale.

L’Algérie, grâce au remboursement de la dette par anticipation, une dette extérieure faible, des réserves de change lui permettent de tenir trois années au rythme de la dépense actuelle, certaines rubriques étant incompressibles sinon c’est la faillite de tout le tissu productif et une inflation à deux chiffres que l’on ne pourra pas indéfiniment compresser par les subventions. C’est que le taux d’intégration tant des entreprises publiques que privées, ne dépasse pas 15%, 70% et les besoins des ménages et des entreprises provenant de l’extérieur.

La superficie économique est constituée à 83%, selon l’ONS, de petits commerce/services et la règle des 49/51%, instaurée en 2009, généralisée alors qu'une minorité de blocage suffit pour les segments non stratégiques qu'il s 'agit de définir avec précision, où l’Algérie supporte tous les surcoûts, n’a pas eu les résultats escomptés. Au contraire, elle a favorisé le doublement des importations sans que l’on sache –il n’existe aucun bilan- s’il y a eu réellement économie de devises, transfert technologique et manageriel. Le résultat mitigé de l’emprunt obligataire initié par le FCE, selon l’avis unanime des observateurs impartiaux, montre que le secteur privé, marginalisé par le passé, et soumis aux contraintes bureaucratiques, a un long chemin à faire pour dynamiser l’économie nationale( voir notre contribution www.algerie1.com). Les mesures conjoncturelles de dérapage du dinar tant par rapport à l’euro que du dollar et récemment des autres monnaies, est pour l’instant la seule solution pour atténuer le déficit budgétaire en gonflant artificiellement tant la fiscalité ordinaire que pétrolière mais au risque d’étouffer à terme, sans réformes structurelles, l’appareil productif, de paupérisation à travers l’épargne forcée notamment des couches moyennes et de généraliser l’inflation importée. Face à une éventuelle crise financière – la dépense publique a atteint un niveau intolérable qu’il s’agit de rationaliser et d’optimaliser, le pays dépensant deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à certains Etats de la région MENA, et devant éviter l’expérience du rééchelonnement de 1994 avec des ajustements sociaux douloureux intolérables. L’Algérie a besoin d’un gouvernement resserré, composé de femmes et d’hommes compétents d’une haute moralité et non de courtisans. Il est entendu que la réforme institutionnelle doit être sous-tendue par des objectifs stratégiques clairement définis et datés dans le temps, à la fois politiques tenant compte de notre anthropologie culturelle , Etat de droit avec un consensus minimal qui ne saurait signifier unanimisme et économiques, aller vers une économie de marché à vocation sociale qui a été codifiée dans la nouvelle Constitution , comme facteur d’adaptation aux nouvelles réalités mondiales.

Car l’on devrait assister entre 2016 et 2020/02030 dans notre région à de profonds bouleversements géostratégiques. L’Algérie pourrait-elle continuer à fonctionner entre 2016 et 2020 sur la base d’un cours de à 110/120 dollars comme entre 2013/2015 et à 85/90 dollars selon le FMI comme en 2016 , assistant à une dépense publique galopante avec la dominance des emplois rentes avec un déficit de la balance des paiements qui dépassera ,si le cours fluctue entre 45/50 dollars, 30 milliards de dollars. Le risque est l’épuisement du fonds de régulation des recettes début 2017 et comme conséquence immédiate un déficit croissant source de tensions économiques et sociale. Car les mesures purement monétaires ainsi que l'illusion mécanique des années 1970, à partir d'unités sporadiques sans vision stratégique, ne s'adaptant pas à la 4ème révolution industrielle, de nouvelles filières internationalisées poussées par l’innovation continue, et sans une autre gouvernance et réformes profondes ne peut que conduire le pays droit au mur. (A suivre)

Professeur des Universités, Expert International, Dr Abderrahmane Mebtoul

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- 3. Une réorganisation territoriale s'impose

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Hend Uqaci Ivarwaqène

Je confesse, une fois toute ma honte bue, que je ne vous lis que très rarement, que Dieu me pardonne cette irrévérence ya Si Mebtoul. Ce n’est qu’à la faveur du commentaire de votre article par Massine Ait Ameur que je suis tombé dedans. C’est que moi quand je vous lis ça me fout des complexes et je n’aime pas être complexé. C’est à l’épaisseur de votre culture que je mesure la misère de la mienne. Alors si vous n’avez pas une autre façon de me signifier que je suis un abruti, je vous pardonne, mais n’hésitez pas si vous pouvez faire autrement.

Monsieur Mebtoul, j’ai une admiration sans bornes des limites pour votre abnégation et votre persévérance. Quand je pense qu’il y en ait qui sont dans les secrets de Dieu him self et qui ne nous disent rien et que d’autres qui ne font que se bousculer à son portillon et qui nous disent tout et n’importe quoi, je ne peux que me pâmer de béatitude devant votre omniscientificité.

Cela m’arrive souvent quand on m’en met plein les neurones et que ça me court-circuite les synapses.

Vous, vous êtes comme celui qui s’attaque à l’Everest belgadoum. N’entravant que pouic à l’économie je ne vous contredirai donc pas en cette matière.

Sratli avec vous, ya Si Monsieur, comme avec awal errebi. A force d’entendre etekrirate je suis capable de vous réciter les setine hizb demyati. Si on ne peut pas dire que vous êtes entré par effraction dans nos cerveaux, on ne peut pas dire non plus qu’on vous a volé votre savoir.

Mais, il me semble que vous ne répondez pas à la question fondamentale. Car le problème n’est pas dans le "que faire ?". Vous n’arrêtez pas de nous avertir que l’Algérie va dans le mur alors que ceux qui y sont déjà vous voit arriver. Ceux qui y sont à l’étroit se demandent où vous allez comme ça.

Nous au moins on ne savait pas qu’on y allait. Mais vous, un si brillant économiste, vous savez kamim que ce n’est pas avec des incantations nagh avec des conjurations que vous alliez éviter le mur.

Pour nous, la question n’est plus de savoir comment on va se fracasser contre le mur ne se pose plus. Nous sommes entrain de réfléchir à comment éloigner le mur ou à lui apprendre à éviter votre train.

Alors , vous, de votre coté, si vous voulez être vraiment utile, il vaut mieux apprendre a ceux qui sont dans le train à descendre en marche.

Sinon : ina lillahi wa illayhi radji3oun.

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Massine Ait Ameur

la crise Venezuelaine est une crise economique fomentee par la super droite politique qui detient les rouages de l'economie de marche du pays. Toute l'economie est bloquee et deraillee artificiellement par une infime partie de la population qui detient 90 % des richesses du pays (en dehors du petrole) . Ces gens la ne veulent pas d'un gouvernement de tendance Chavez et pour cela ils sont pret a ruiner le pays de facon a, pensent ils, faire perdre la gauche aux elections. Mais, dans ce pays democratique, la majorite de la population, pauvre et desorientee, pensent que leur seul salvation c'est la gauche au pouvoir. La vache petrole a un lait que les gauchistes au pouvoir distribuent a bonne echeance. Malheureusement, au prix du brut en ce moment, les gauchistes au pouvoir ne peuvent pas supporter la grande population de pauvres du pays ni au niveau des services, ni au niveau de l'education, ni au niveau de la sante. les supers riches ferment les usines ou les font marcher au point mort, sabotent tous les rouages de l'economie en pensant que le pays vas s'effondrez et qu'ils pourront reprendre le pouvoir. Un scenario absurde. Quelle analogie avec l'Algerie ? Mis a part la crise du petrole, les donnees sont differentes: il suffit de regarder une photo de la ville de Caracas et ses grattes ciels et une photo d'Alger pour comprendre que le Venezuela maitrise, entre autres, les techniques de construction des grattes ciels et autoroutes, quelques chose d'inexistant en Algerie.

Oui il ya des multinationales installees au Venezuela comme il y en a dans tous les autres pays de l'emisphere Nord. L'economie de marche les imposent mais tant que leurs activites fiscales sont controllees, elles sont un plus pour l'economie d'un pays.

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