"L’Etat s’affaisse lentement mais sûrement", estime le Forum des citoyens pour la 2e République

Le clan au pouvoir entretient la paralysie et le statu quo.
Le clan au pouvoir entretient la paralysie et le statu quo.

Le Forum des citoyens pour la Deuxième République (FCDR) qui organise une table ronde jeudi soir à Alger, nous a fait parvenir l'analyse suivante sur la situation politique du pays.

Les conditions d’un renouveau démocratique

L’Algérie vit une situation d’une extrême gravité, une des plus préoccupantes depuis le soulèvement d’octobre 1988. Cette dernière s’illustre par une récession économique menaçant les conquêtes sociales, une insécurité grandissante aux frontières et à l’intérieur faisant naître le spectre de l’instabilité, une violation des libertés qui muselle la société civile et caporalise la classe politique. Tout cela sur un fond d’incertitude liée au problème de la succession à l’intérieur du système. Il n’y a pas meilleure preuve de ce statu-quo ante que l’adoption de la nouvelle constitution sans nouveauté majeure par le parlement (Apn et Sénat réunis). Cette consultation indirecte, via la représentation parlementaire, indique le malaise qui règne au sein du pouvoir. L’Etat s’affaisse lentement mais sûrement et la souveraineté nationale peut être mise en danger. Tout semble fragilisé.

Et pourtant la société s’impatiente, alors que l’opposition politique n’arrive pas à mobiliser tandis que les contestations sociales et catégorielles sont d’une ampleur inégalée.

La responsabilité première de cette série d’échecs incombe incontestablement au pouvoir, fermé et tourné sur lui-même, incapable de s’ouvrir si ce n’est pour contrôler et réduire toute voix dissidente, avérée ou potentielle. Malgré le multipartisme, le pouvoir ne renonce pas à la fraude électorale, véritable chancre de la vie politique, fait confondre les Etats-partis et ses satellites avec l’administration, octroyant à ceux-ci un avantage matériel considérable qui biaise le jeu électoral et le rend obsolète, ramène la compétition politique à une lutte de sérail entre différents organismes de l’Etat.

A côté de ce constat non exhaustif, l’opposition classique se cherche à travers des regroupements hétéroclites, visant dans la plupart des cas une alternance en lieu et place d’une alternative. Les alliances à fronts renversés n’aident pas à la clarification idéologique et le pôle démocratique apparaît comme le parent pauvre, mineur, de ces tentatives de rassemblements. Ceci nous amène à nous poser la question : pourquoi cette incapacité des démocrates et laïques à ne pas se retrouver ? La réponse est sans doute en partie dans leur fonctionnement interne qui est à l’opposé des idées proclamées. D’autres pistes à défricher peuvent aider à expliquer cette "tare congénitale" à ne pas s’entendre et donc à hypothéquer durablement l’alternative démocratique. Et la question principale et lancinante : quel est le poids idéologique de la question et de l’idéal démocratique dans la société ? Nous sommes sûrs qu’il y a un immense potentiel.

L’échec global est aussi le fait des islamistes, incapables de s’adapter au temps et ne proposent que des recettes éculées et dangereuses pour l’avenir de la nation en tant que telle et en donnant les arguments au pouvoir d’apparaître comme le dernier rempart contre la barbarie. Le thème de la stabilité prend alors tout son sens en faveur du pouvoir. Enfin, malgré la victoire militaire contre le terrorisme, la matrice idéologique de l’islam politique n’est pas vaincue. De fait, la question islamiste n’est pas épuisée par le constat cité, les différents visages qu’elle offre – institutionnel, terroriste, piétiste, etc - et les propositions qu’elle continue d’émettre, multiples et variées, vont à l’encontre du progrès et de la citoyenneté. A quelle(s) aspiration(s) répond-elle ?

Face à ces blocages et contraintes, que faut-il faire pour à la fois intéresser les citoyens à la lutte politique – la chose publique - en général et créer les conditions d’un renouveau démocratique en particulier ? Pour ce faire, doit-on contourner l’activité partisane ? Le premier réflexe est de se révolter et l’enseignement important est de s’engager. Etre acteur dans la cité pour donner du sens à la citoyenneté est l’une des voies pour faire revivre l’espoir démocratique (la liberté) et l’idéal républicain (l’égalité).

C’est à ce questionnement que le Forum des citoyens pour la Deuxième République (FCDR) vous invite à réfléchir et à émettre des propositions autour de trois tables rondes, dont la première est la suivante :

1/ L’islam politique

Jeudi 16 juin 2016, à 22h00.

Modérateur : Yacine Teguia.

  • "Que doit-être la doctrine démocratique face à la question islamiste ?" Boumghar Mouloud.

  • "Mutation du prosélytisme religieux au parti civil : l’expérience tunisienne" : Arous Zoubir.

Ces soirées se dérouleront au siège du MDS (*), qui a mis généreusement à notre disposition ses locaux.

Siège du MDS : 67, bd Krim-Belkacem (ex-Télémly), Alger.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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tahar foli

greate article thank you for sharing

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Quelqun EncoreQuelqun

Assez louable comme initiative. Je vous suggère néanmoins de mieux nommer les choses pour une meilleure vision: par exemple, je trouve le nom de " Forum des citoyens pour la Deuxième République (FCDR) " quelque peu mal approprié. Il faudra, peut-être parler de "... Première République... " à la place de "... Deuxième République... ". Car tel que mentionné actuellement, cela sous-entend le bien fondé du caractère républicain du bidouillage mis en place depuis 1962 à aujourd'hui. Or, c'est une trouvaille purement algérienne; un mixe de la République de Corée du Nord, de Cuba, de la République Islamique d'Iran, de l'Emirat du Qatar...