Le gouvernement Valls hausse le ton face à la grève avant l'Euro

Manuel Valls.
Manuel Valls.

A vingt-quatre heures du début de l'Euro de football, le gouvernement est monté au créneau pour dénoncer les mouvements de grève contre le projet de loi Travail ou à la SNCF, estimant que l'image de la France était en jeu.

"Pour qu'une grève soit comprise, il faut qu'elle ait un sens et, aujourd'hui, cette grève n'a plus aucun sens", a déclaré le ministre des Finances Michel Sapin sur France Info. "Comme tous les Français, on a envie que les choses rentrent dans l'ordre, que cette pagaille cesse", a renchéri la ministre de l'Environnement Ségolène Royal sur iTELE en stigmatisant des grèves "idéologiques".

Le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, a dénoncé de son côté une "forme de guérilla syndicale" de la part de ceux qui veulent, selon lui, bloquer la France pendant l'Euro. "On est dans un jusqu'au-boutisme, on est dans une politique du pire. C'est gâcher finalement la fête mais, en gâchant la fête, on gâche finalement l'image de la France", a-t-il dit sur France Inter.

La grève se poursuit à la SCNF et des arrêts de travail perturbent le ramassage des ordures dans plusieurs villes, notamment dans plusieurs arrondissement de Paris où les poubelles débordent sur les trottoirs.

Des manifestants CGT ont bloqué tôt jeudi matin les accès au marché international de Rungis, au sud de Paris. Le Syndicat des pilotes d'Air France (Spaf), qui représente un quart des pilotes de la compagnie, a annoncé de son côté qu'il maintenait son mot d'ordre de grève de quatre jours à compter de samedi, estimant que les dernières propositions de la direction n'étaient pas satisfaisantes. [L8N1910Z7]

Intérêt national

"Est-ce qu'on doit s'arrêter de faire grève parce qu'il y a des inondations ? La réponse est non. Est-ce qu'on doit arrêter parce qu'il y a l'Euro ? La réponse est non", a déclaré sur RTL Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail à la SNCF.

"Je peux vous dire que vendredi ce sera compliqué de prendre la ligne D du RER. Ils vont bien trouver des non-grévistes pour faire tirer les trains, mais ça va être compliqué", a-t-il prédit à propos de la desserte du Stade de France, où l'Euro de football débute dans la soirée par le match France-Roumanie. Le secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard a déploré sur BFM TV que "certains se foutent de voir leur pays accueillir une grande compétition".

Pour Ségolène Royal, c'est "l'intérêt national du pays qui est en jeu", au moment où "la France va être regardée par les télévisions du monde entier et (où) deux millions de personnes vont venir pour l'Euro".

"Aujourd'hui, l'accumulation des désordres qui s'ajoutent en plus aux désordres climatiques - il y a des citoyens, des familles qui ont tout perdu dans les inondations et qui en plus aujourd'hui subissent la grève du ramassage des ordures -, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible qu'un pays moderne continue de cette façon là dans le désordre permanent. Je crois qu'il faut que les choses rentrent dans l'ordre", a-t-elle dit.

Interrogé sur les conséquences des mouvements sociaux sur la croissance, Michel Sapin a estimé que "globalement, ça n'a pas d'impact". "(Mais) ce n'est pas une raison (...) ce n'est pas le moment de mettre des bâtons dans les roues de la croissance qui reprend", a-t-il poursuivi en soulignant que plus de 160.000 emplois avaient été créés dans le secteur privé français sur les douze mois à fin mars.

"A 160.000 emplois créés, le chômage recule, donc il faut faire attention (...) L'emploi reprend. Ce n'est pas le moment de le stopper", a encore dit le ministre des Finances.

Reuters

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