Foot, fric, politique et arrangements entre amis !

Raouraoua, le patron du foot algérien, très investi dans la politisation du sport en faveur du clan.
Raouraoua, le patron du foot algérien, très investi dans la politisation du sport en faveur du clan.

Le foot, aujourd’hui, offre le spectacle de dirigeants gâteux et corrompus, de joueurs analphabètes et mégalomanes, de supporters abrutis et violents. Il est devenu le symbole achevé de la société moderne, dans ce qu’elle a de dégénéré, combinant le fric, la triche et la dope.

Le jeu en lui-même, faut-il le dire, n’est pour rien dans ces critiques ; se mettre à 11 contre 11 pour envoyer un ballon rond dans la cage adverse, sans se servir des mains, est de prime abord aisé, voire amusant pour ceux qui pratiquent ce sport et ceux qui, dans les tribunes, les regardent faire, avec quelque plaisir. C’est cela, en fait, qui faisait le succès planétaire du football et qui était dû à la simplicité de ses règles et au naturel des gestes qu’il requiert et qui, en fait un miroir de la modernité et de l’exemplarité en sport.

Mais la tricherie, la corruption et le mauvais arbitrage ont malheureusement, pris le dessus sur le beau jeu. Elles ont exacerbé la violence dans les stades ; certaines de ces enceintes sportives se sont, malheureusement, transformées en mouroir (rappelons-nous le drame du stade du 5 Juillet), et la mauvaise gestion des clubs a fait le reste. La faute à la FAF, peut-être bien ? La faute aussi aux clubs des grosses têtes et des petites cervelles, des dirigeants-girouettes et des supporteurs voyous et dégénérés, pour certains, par l’abus d’alcool et autres substances prohibées. La faute également à tous ces présidents qui s’accrochent à leur «fauteuil», refusent l’alternance et font fi du "cahier des charges du football professionnel".

Oui, toutes ces personnes sont coupables ! Le football algérien est bien malade, et par leur faute : scandales à répétition, compétitions truquées, corruption, salaires mirobolants, budgets colossaux, perversion permanente, idolâtrie de navets illettrés mais qui savent taper dans un ballon et qui deviennent de vraies icônes pour primates caractérisent le football algérien d’aujourd’hui. Et la saison qui s’annonce s’ouvre déjà sur un "mercato" qui promet d’être des plus extravagants en termes financiers, nonobstant la politique de plafonnement des salaires (qui aura vécu).

Le foot chez nous est une chose, et l’initialisation et la professionnalisation du foot en est une autre. Entre les deux, les valeurs essentielles ont totalement culbutées et changées de sens. Personne ne semble blanc dans ce monde de la balle ronde où circule et s’échange un argent fou ; argent brassé par des personnes ambitieuses, voire pour certaines, malhonnêtes.

Il est vrai que l’argent donne tout, explique tout, corrompt tout ! Le match ASKhroub- Ain-Fakroun dont le résultat a été, semble-t-il, arrangé sur le dos de l’USChaouia défraie, présentement, la chronique. La Commission de discipline de la Ligue de Football a été saisie du dossier ; elle vient de convoquer tous les protagonistes de cette mascarade. La Commission d’Ethique quant à elle, ne s’est pas manifestée ! On parle de sanctions sévères à venir. Rétrogradation des clubs mis en cause, ce qui fera certainement réagir leurs sympathisants. Et leur réaction sera en rapport à leur déception. La violence n’est pas à exclure, si tôt les sanctions connues.

Le foot n’est, en définitive, qu’un prétexte à la baston. A la haine ! Il n’y a pas de bonnes guerres sans la détestation de l’ennemi. Le chauvinisme, lui-même alimenté par l’esprit de clocher, trouve son fondement dans l’idée saugrenue de la supériorité des natifs du lieu sur ceux d’à côté. Comme si tout cela ne suffisait pas, la politique s’est invitée dans le football, réduisant les clubs à des associations de soutien, affaiblissant un certain nombre et subventionnant d’autres, sans compter !

Des exemples :

  1. pour avoir osé porter son choix sur un autre candidat qu’Abdelaziz Bouteflika lors des "élections présidentielles" de 2014, en l’occurrence Ali Benflis, Abdelmadjid Yahi, le président de l’US Chaouia, qui vient d’être auditionné par la Commission de discipline, selon ses propres termes, subit les règlements de compte de ceux qui ne lui ont jamais pardonné ce choix.

  2. quelques années auparavant, Said Allik, l’ex président de l’USMA, aurait fait, semble-t-il, les frais de la même cabale pour avoir, lui aussi, apporté son soutien à ce même candidat.

  3. dans le registre de l’obédience politique, Mohand Cherif Hannachi, s’est senti obligé de rappeler dans la presse que «Abdelaziz Bouteflika est toujours le président d’honneur de la JSK», manière comme une autre de se prévaloir d’une certaine immunité et aussi de faire un pied de nez aux détracteurs qui voulaient sa tête !

  4. après sa suspension, Omar Ghrib a passé des mois de disettes à caresser dans le sens du poil les responsables en place sur une chaine de télévision proche du pouvoir, avant de se voir coopter à la tête du MCA.

  5. pour tenter un rapprochement avec la sphère dirigeante, le président du NAHD, Ould Zmirli, avait inscrit en bonne place sur les maillots de ses joueurs, lors de la finale de la coupe d’Algérie, le slogan : "touche pas à mon président". Ainsi, il est sûr de garder son poste à la tête du club, voire plus si affinités.

Des présidents de clubs se fondent de mots gentils et forcément hypocrites, à l’endroit des responsables locaux "pour espérer avoir une subvention", ou quelques avantages matériels, faisant fi de toutes les règles morales auxquelles, en principe, ils sont astreints de par leurs fonctions.Peut-on, après cela, parler d’éthique dans le football ? Ce sport, faut-il l’admettre, est "pris en main" par les responsables politiques au pouvoir qui ont fait des présidents de clubs leurs obligés ! Et des supporters, notamment les ultras, leurs nervis voire des "baltaguias" à leur service, pour "casser" leurs adversaires politiques et pour le moins, perturber leurs meetings !

La politique et ça a été démontré, s’est confondue avec le football pour servir ses propres intérêts au moment même où le pays affronte la plus grave crise économique de son histoire. Pas de solutions en vue, si ce n’est une cacophonie ambiante et des ministres qui naviguent à vue, sont en guerre contre leurs syndicats, ou font la promotion de charlatans, tel celui qui a prétendu avoir découvert un vaccin révolutionnaire contre le diabète, ou tel autre, étudiant de son état, résidant à El Oued, qui aurait découvert une plante médicinale guérissant le cancer ! Tout le monde s’accorde à dire que le premier ministre Abdelmalek Sellal et son gouvernement sont à la croisée des chemins !

Dans l’immédiat, le Premier ministre a choisi de travailler, en priorité, avec les patrons et les syndicats. Il vient d’ailleurs d’en faire l’annonce en les convoquant à une tripartite, le 5 juin prochain. L’occasion pour lui, de leur présenter son plan de "nouveau modèle économique". Cela suppose, bien évidemment, l’abandon de l’ancien et du paradigme qui l’a fondé. Cela veut dire également qu’il faut se débarrasser une fois pour toute du "toc" politique et de tout ce qui le symbolise.

Pour l’heure, l’embourbement de la scène politique est total, vient de le rappeler à juste titre un observateur politique. Insultes, dénigrement, accusations gravissimes sont lancés par les uns et les autres sans que la justice ne s’autosaisisse. Le mode d’expression politique actuel traduit une déréliction morale plus qu’inquiétante. La violence verbale prépare souvent la violence physique ; et dans un contexte marqué d’un affrontement malsain au sein du sérail et servi par des potentats locaux en mal d’ambition, des stades en ébullition et des matchs de fin de saison à haut risque, le pire est à craindre !

Cherif Ali

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Commentaires (6) | Réagir ?

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lila laoubi

merci

wanissa

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khelaf hellal

La justice algérienne est sommée de se taire apparemment et de laisser passer la tempête des révélations scandaleuses de corruption et les pratiques mafieuses sur les pontes du régime. Elle connait pourtant les délits et les infractions au code des marchés publics , elle a dépêché des commissions rogatoires d'enquête auprès des justices italiennes et suisse, elle a même lancé un mandat d’arrêt international via interpol contre Khelil, son épouse et ses deux enfants qu'elle annulé par la suite sur injonction de je ne sais qui, des complicités avérées qui ont mis le motus et bouche cousue sur toutes ces affaires criminelles qui n'ont pas encore livré toute leur étendue. L'argent de la corruption, de la propagande électorale et de la shkara dans les clubs de football en Algérie est une autre facette de la pègre des marchés publics et des ses ramifications. pourquoi la justice ne s'auto-saisit en partant des révélations publiées par la presse, le Panama Papers et les justices italienne, suisse, canadienne et espagnole, des preuves irréfutables de détournements massifs de l'argent du peuple. Pourquoi M. Louh ne dit rien sur l'état de déliquescence aggravée des hommes au pouvoir qui font la une des journaux de ces derniers temps ? D'où vient cette paralysie des juges et des procureurs de la République pourtant si prompts à s'auto-saisir et sortir leur arsenal juridique pour accuser et épingler lorsque l'injonction vient d'en haut ?

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