Issad Rebrab (patron de Cevital) : "J’ai peur pour mon pays"

Rebrab : ""Nous pourrions devenir exportateurs dans quasiment tous les domaines"
Rebrab : ""Nous pourrions devenir exportateurs dans quasiment tous les domaines"

Dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, Issad Rebrab, patron de Cevital, explique ses ambitions pour l’Algérie et rappelle les tenants du rachat du groupe El Khabar par une filiale de Cevital.

"Nous n’arrivons pas à nous expliquer cette situation", répond le patron de Cevital sur le référé introduit par Hamid Grine, ministre de la communication devant la justice. L’homme d’affaire assez averti des pratiques du sérail a pris ses dispositions en balisant son projet de rachat et explique : "Nous avons respecté scrupuleusement les lois et la réglementation algériennes concernant cette acquisition. L’acte a été approuvé, non seulement par nos juristes, mais aussi par le notaire qui a enregistré la vente : s’il y avait eu un problème juridique, il n’aurait pas pu réaliser l’acte, encore moins le publier. Du point de vue du droit, nous sommes sereins.» Puis de lâcher cette déclaration : Si la justice est réellement appliquée, nous n’avons aucun problème. Si elle est instrumentalisée, c’est une autre affaire…" La chose est entendue, "on veut en réalité limiter la liberté d’expression, la liberté de la presse, comme on a aussi limité la liberté d’entreprendre."

Des investissements bloqués

Issad Rebrab fustige ici l’immobilisme dans lequel le régime a plongé l’Algérie depuis des années. Et avertit : "Je me soucie beaucoup pour mon pays. Dans moins de cinq ans, il y aura 10 millions de nouveaux demandeurs d’emploi. En 2025, l’Algérie comptera 50 millions d’habitants. Nous allons consommer de plus en plus d’électricité, près de 5% de plus par an de gaz et de carburant."

Pour autant, l’homme d’affaires connaît les potentialités du pays : "Nous ne pourrons plus exporter ce que nous vendons aujourd’hui. Il est temps de diversifier notre économie." Issad Rebrab s’interroge : "Pour quelle raison a-t-on instauré une limitation d’investissement à 15 millions d’euros par projet, au-delà duquel on doit solliciter l’autorisation du CNI pour créer des emplois et de la richesse, et il n’est pas certain d’obtenir l’autorisation ?"

La préférence nationale est une vue de l’esprit pour Bouteflika et son clan. Le patron de Cevital a connu d’énormes problèmes avec le clan au pouvoir qui lui a bloqué de nombreux projets tout en ouvrant les portes aux Emiratis et à l’Egyptien Sawaris par exemple. "Nous avons aussi des projets industriels que nous n’avons pas pu réaliser parce que nous n’avons pas eu l’autorisation du Conseil national des investissements (CNI) qui limite le seuil des investissements à 15 millions d’euros actuellement (initialement à 5 millions), alors que nous sommes dans un pays qui a besoin de créations d’emplois, et qui a le potentiel pour avoir une croissance à deux chiffres". Le patron de Cevital série ses réussites et ses potentialités : "Nous pourrions devenir exportateurs dans quasiment tous les domaines. Notre groupe en a fait la démonstration dans plusieurs secteurs, par exemple dans le verre plat, Cevital exporte 80 % de ses capacités de production, le reste couvre l’intégralité des besoins nationaux. C’est aussi le cas de l’agroalimentaire, du sucre blanc, des huiles végétales, des margarines… Nous sommes en train de nous tourner vers l’exportation dans les fenêtres double vitrage, l’électroménager, et nous comptons le faire dans le ciment et d’autres domaines.

Peine perdue, l’homme n’appartient pas au clan, donc il sera empêché au prix d’impostures et de manœuvres les plus viles d’investir en Algérie.

Pas de régionalisme antikabyle

L’homme d’affaires estime qu’il n’y a pas de problème de régionalisme en Algérie. Et il n’a pas été bloqué pour son appartenance kabyle. La preuve assène-t-il : "Le directeur de cabinet de la présidence de la République est un Kabyle. Et dans le domaine économique, il y a des Kabyles, tel que le président du Forum des chefs d’entreprises, qui sont dans le sérail. Ce n’est pas un problème de régionalisme, c’est plutôt une affaire de soumission : le pouvoir n’aime pas et ne supporte pas les hommes indépendants et libres."

Synthèse Hamid Arab

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Commentaires (9) | Réagir ?

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lila laoubi

thanks

wanissa

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Aksil ilunisen

Pas de regionalistme anti-kabyle? Meme un aveugle peut voir l'idée d'avoir des pions et fusibles kabyles partout ou les manipulteurs derriere le rideau (le clan d'Oudjda) ont tjrs gardé une haine viscreale contre TOUT (je dis bienTOUT!) ce qui represente la Kabylie en sens parfait du terme.

Les KDS sont exactement cette illusion que le pouvoir a utilsé depuis 1962 pour brouiller la piste. Heureusement que les Kabyles sont plus avertis! Totefois, Mr Rebrab a le libre choix de voir autrement.

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