"Le dernier tabou: Les Harkis restés en Algérie après l'indépendance" paru chez Koukou Editions

La couverture de l'ouvrage : "Le dernier tabou: Les Harkis restés en Algérie après l'indépendance"
La couverture de l'ouvrage : "Le dernier tabou: Les Harkis restés en Algérie après l'indépendance"

Cette édition reprend l'intégralité de l'édition originale parue chez Actes Sud (France) en 2015. Seule la couverture a changé avec un texte de KOUKOU Editions, sous le titre : "Pourquoi nous publions ce livre". Le texte de la quatrième de couverture :

Au nom d'un patriotisme-rentier, des voix pas toujours amies nous ont déconseillé de publier ce livre ; nous avons décidé de passer outre, malgré de sérieuses divergences avec l'auteur. A commencer par ce classement condescendant des Algériens, pris dans la tourmente d'une guerre impitoyable. D'un côté, les pauvres bougres poussés par la misère dans les casernes de l'armée française. Et de l'autre, ceux qui ont rejoint les maquis sous la menace du FLN. Ni traîtres, ni héros. Ni collabo, ni résistants. Tous des victimes...

Dans certains cas, la compassion peut être humainement compréhensible, voire partagée. Lorsqu'elle déborde sur le refus de qualifier de "collabos" les partisans indigènes de l'Algérie française, elle tend à légitimer le choix de porter l'uniforme ennemi et de pointer l'arme contre ses compatriotes. comme si la durée - très longue - d'une occupation étrangère et le nombre de ses supplétifs locaux - très nombreux - valaient absolution.

Il n'en demeure pas moins que le travail de Pierre Daum jette un gros pavé dans la marre des idées reçues des deux côtés de la Méditerranée. Pendant deux ans, il a parcouru des milliers de kilomètres à travers l'Algérie pour retrouver les acteurs d'une histoire tragique, qui n'a pas livré ses secrets. Que ce soit sur leur nombre, les motivations de leur engagement ou leur sort au moment de l'indépendance.

On les croyait "massacrés par le FLN". Ou "rapatriés en France". Si quelques centaines de harkis, coupables de tortures ou de viols, ont été exécutés par l’ALN - souvent des "marsiens" - ou lynchés par la foule, si d’autres ont été exfiltrés par leurs officiers-traitants, les "collabos" sont, dans leur écrasante majorité, restés en Algérie après les Accords d’Evian.

Au delà du débat d'historiens, la collaboration nous interpelle par ses prolongements politiques dans l'Algérie indépendante. Au nom d'une Révolution détournée, des collabos notoires sont recyclés par la dictature imposée par les chars de l'Armée des frontières, (un sujet que Pierre Daum n’aborde pas dans son enquête). Un pouvoir sans légitimité ni lettres de gloire, qui a pourtant réussi à neutraliser les énergies patriotiques et étouffer les aspirations populaires, en s'appuyant sur une coalition en apparence hétéroclite, mais soudée par des intérêts convergents. Des "officiers musulmans" de l’armée française qui ont rejoint l'ANP en ... 1963 pour l'encadrer. La haute administration confiée aux privilégiés des familles "émancipées" par la colonisation. Des commis de la justice coloniale hissés au sommet de la pyramide judiciaire en exhibant des attestations falsifiées d'anciens maquisards. Cerise sur le gâteau, des planqués du Moyen-Orient viendront, par la surenchère arabo-islamique et des vociférations récurrentes contre le fantomatique "Hizb frança (parti de la France)", donner l’onction idéologique au rouleau compresseur qui va laminer les véritables résistants.

Par ces temps de révisionnisme décomplexé qui a permis aux imposteurs de squatter la mémoire collective, il est temps d'ouvrir les placards à double-fond de l'histoire. Dans la sérénité, mais sans tabous. Il ne s'agit pas d'ériger des tribunaux populaires pour faire le procès, en différé, de la collaboration. Mais d'analyser les leviers qui ont permis au système autoritaire de prendre le pays en otage, et dévoiler les forces qui ont assuré sa longévité.

Malgré le bouclier du patriotisme à gages d'une "famille révolutionnaire"-alibi, les luttes citoyennes d'aujourd'hui finiront par réaliser le rêve des pères-fondateurs de Novembre et de la Soummam : restaurer la dignité du citoyen dans la liberté et la justice.

Koukou Editions

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Commentaires (9) | Réagir ?

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merci

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bien

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