Affaire El Khabar : Issad Rebrab est à portée de ... fusil !

Issad Rebrab est entré en guerre avec le clan Bouteflika et ses affidés.
Issad Rebrab est entré en guerre avec le clan Bouteflika et ses affidés.

Sauf retournement spectaculaire, le juge chargé de l’affaire El Khabar rendra une décision allant dans le sens des demandes du ministre Hamid Grine. On oublie qu’Issad Rebrab a acquis, par cette transaction, un quotidien, des imprimeries et… une chaîne de télévision !

Par Mohamed Benchicou

Une chaîne de télévision ! KBC a été lancée laborieusement à la faveur des quelques autorisations d’émettre accordées entre 2011 et 2012, à des affidés sous contrôle, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas susceptibles de vous porter la contradiction ou de brouiller votre message et qui pourraient même servir d’auxiliaires de propagande. KBC était l’une des rares exceptions : elle n’était pas franchement labellisée proche du pouvoir. Mais ce dernier ne courait pas grand risque : tant que la chaîne KBC était entre les mains d’un groupe de journalistes à la fortune relative, en proie à des difficulté financières, qui a trop présumé de ses forces et qui réalisait chaque jour qu’il ne disposait pas des fonds nécessaires pour subvenir à sa dimension tentaculaire, elle ne dérangeait pas outre-mesure. La chaîne KBC demeurait dans la "zone de contrôle". Elle dépendait du bon vouloir des gouvernants. Il suffisait d’appuyer sur la plaie, d’aggraver la précarité du "groupe", en réduisant la publicité par exemple ou en actionnant le fisc, pour que la télévision cesse d’émettre.

KBC restait dans les limites qui lui sont fixées, celles d’un média sans nuisance, toujours à la limite du déficit, émettant quand il le pouvait et, conscient de sa vulnérabilité, prenant garde à ne pas fâcher le pouvoir. La chaîne El-Watan l’a appris à ses dépens, en faisant parler Madani Mezrag.

Avec Issad Rebrab, les données changeaient brutalement ! L’homme peut se passer de la publicité étatique. Il ne dépendait pas de l’humeur du roi. Il a les moyens de transformer KBC en une véritable chaîne de télévision concurrentielle. Il peut investir des milliards de dinars pour se doter d’une chaîne équivalente ou supérieure à l’ENTV. Il sortirait du "champ sous contrôle". Il disposerait, lui qui n’est même pas de la Famille, de la possibilité quasi-divine de contrarier le monarque et la Cour ! Sous son nez !

L’opposition, interdite de télé, disposerait alors d’un puissant porte-voix qui bouleverserait la donne politique. C’était une déclaration de guerre intolérable ! Avant Rebrab, Khalifa avait lourdement payé l’insolence de vouloir disputer le monopole absolu de la petite lucarne à Bouteflika : démantèlement de son groupe (banques, compagnies aériennes, diverses entreprises…) traque judiciaire, emprisonnement des proches de Moumen et de certaines personnalités mêlées peu ou prou à Khalifa (à l’exception des proches du président), exil de Moumen puis emprisonnement de ce dernier…

C’est ce scénario qui pourrait se renouveler, inauguré par l’action en justice ordonnée par le ministre Grine, lui-même actionné par Said Bouteflika qui, lui, ne fait que suivre une vieille consigne de son frère aîné lequel obéit à une règle stricte de tout autocrate : la télévision, c’est comme le fusil, ça ne se partage pas. Du reste, la comparaison avec le fusil n’est pas fortuite : pour Bouteflika, la télévision n’est pas un média, pas même un engin de divertissement ou, accessoirement de culture et d’information. Pour le clan Bouteflika, la télévision est une arme de guerre. Un des principaux instruments d’exercice du pouvoir. Il en dispose pour influencer, pour émouvoir, pour endoctriner, pour divertir des vrais échecs…

Le pouvoir de Bouteflika ne reconnait à personne la prérogative de lui disputer le monopole de l’endoctrinement du peuple. Le discours adressé aux Algériens ne doit être porté que par une seule voix : celle du pouvoir ! Le mensonge n’admet aucune lueur de vérité.

Recevant une journaliste de France Culture, en septembre 2000, le président déclarait, solennel : "Il n’y aura qu’une seule chaîne de télévision. Et il n’y aura pas d’autres chaînes de radio. Je veux contrôler ma machine !". La journaliste commet la maladresse d’insister : «Est-ce que vous ne pensez pas urgent qu’il y ait un débat dans l’audiovisuel algérien pour que se renoue ce débat démocratique algérien ?» demande-t-elle candidement. À cette question, le président voit rouge : "Ecoutez, le problème de la stratégie en Algérie c’est mon problème, ce n’est pas le vôtre. Je sais exactement ce que je dois faire et quand je dois le faire. Vous êtes en train de me dicter une démarche. Ce n’est pas à vous, journalistes français, de me dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Je ferai les choses à l’algérienne et en fonction des intérêts supérieurs de l’Algérie."

Khalida Messaoudi, alors ministre de la Communication, retint la leçon. "Le contrôle de l’ENTV n’est pas des prérogatives juridiques du ministère", avoue-t-elle à l’Assemblée nationale.

Tout est alors dit. On ne badine pas avec la "machine" ! L’affaire Rebrab ne fait que commencer. L’homme d’affaires est à portée… de fusil.

M. B.

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Commentaires (24) | Réagir ?

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oziris dzeus

Tous les investisseurs sont interdits en algérie et tous vont au maroc. par hasard. le maroc est devenu la porte de l'afrique au lieu et place de l'algérie parce que ceux qui gouvernent l'algérie l'ont voulu ainsi. digoule a voulu ça, et ceux qu'il a placé a alger l'ont fait. non le problème n'est pas politique mais purement économique. il y a des limites que digoulle a faites pour l'algérie et il faut qu'elles soient respectées. les projets productifs avec des perspectives d’intégrations qui gênent le clan de malheur introniser par digoulle. le clan veut des besnassas, à la rigueur des hommes d'affaires (des affairistes) mais pas questions QUE L4ALG2RIE aient des industriels qui construisent des usines qui produisent pour satisfaire les marchés locaux et conquérir des marchés étrangers ou investir à l'étranger. les soubresauts subit par la loi sur la monnaie et la crédit, le système bancaire primitif, la dilapidation organisée des 1000 milliards de $ générés par hydrocarbures, l'orientation de l'économie vers l'import-import, dévoilent les intentions du clan au pouvoir de nuire à toute tentative visant a créer une économie solide. le clan exécute une mission dont les orientations ont étés définie par digoulle qui a tout fait pour faire de l'algérie ce qu'elle est et restera. digoulle a dans une première étape éliminer physiquement (par des procédés digne de la mafia) les porteurs du projet algérie libre et démocratique prôné par l'appel de novembre 1954, ensuite en deuxième étape il a fait partir (par la terreur) les pieds noirs qui auraient pu faire ce qu'ont fait les américains, les canadiens, les australiens, les afrikaners ou les néozélandais de leurs pays respectifs, et finalement il remis les clés de l'algérie au clan de malheur qui a joué un rôle important dans la réalisation des étapes 1 et 2. ce qui inquiète le clan ce n'est qu'un algérien a des milliards mais ce qu'il en fait. il n' y a pas qu'un seul milliardaire en algérie mais des centaines de milliers, alors pourquoi un seul est devenu leurs cauchemar? il est incompatible avec la feuille de route que digoulle a laissé au clan de malheur. il y a un autre qui est dans le viseur du clan et on fait des lois pour l’empêcher de briguer un mandat présidentiel. ces deux hommes ont le même défaut, leurs projets économique pour le premier et politique pour le second sont incompatibles avec la feuille de route digoulliene pour l'algérie et que le clan de malheur suit à la lettre.

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elvez Elbaz

Le cartel du clan de la fraterie bouteflika fera tout pour faire subir à issad rebrab le sort du "bandit moumene khalifa".

Le hic pour ce cartel c est que rebrab a une bonne image auprés des gens, contrairement à mouméne khalifa qui est plus apparenté à un chef de bande véreux au service de parrains, qui l'ont laissé faire et l ont utilisé comme une marionnette pour s 'enrichir, que comme un créateur de richesse honnête

Rebrab, malgré une certaine proximité avec certains décideurs, a su mener une carriere de capitaine d industrie et un créateur de richesse relativement honnête, car depuis toujours les créateurs de richesses n ont jamais, à travers le monde, pour prospérer et s agrandir étaient, sont et seront toujours relativement honnêtes!

L honnêteté dans les affires à 100% n'existe pas à partir d un certain niveau de garnde prospérité

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