Rachat d'El Khabar par Ness Prod/Hamid Grine: la justice joue les prolongations !

Les salariés d'El Khabar manifestent contre la décision du ministre de la Communication.
Les salariés d'El Khabar manifestent contre la décision du ministre de la Communication.

La deuxième chambre des référés du tribunal administratif de Bir Mourad Rais (Alger) a encore reporté, au 25 mai prochain, l'examen de l'affaire de la cession d'actions du groupe El Khabar au profit du groupe Cevital. L'avocat du ministère, déjà révoqué du barreau ??? est disqualifié.

L'affaire du rachat du groupe El Khabar par Ness Prod prend des allures de feuilletons qui augure une mauvaise tournure. Ce troisième report a été décidé par le président de la deuxième chambre des référés, Mohamed Dahmane, lors de cette audience durant laquelle le tribunal a reçu les mémoires en réponses de la partie défenderesse (groupe El Khabar).

L'audience a été marquée dés son entame par la révocation de la défense de la partie demanderesse (ministère de la Communication), l'avocat Mohcene Amara,qui, selon les arguments avancés par le magistrat Mohamed Dahmane, "est sous le coup de trois mesures disciplinaires datant du 16 janvier 2016" et qui "ne peut, en vertu de l'article 127 de la loi régissant la profession d'avocat se constituer défense dans cette affaire".

Le magistrat qui répondait à une question de Me Mohcene Amara, a expliqué avoir été destinataire de ces décisions, ce jour mercredi 11mai à travers une correspondance du bâtonnat. Les fonctionnaires et travailleurs du groupe El Khabar ont observé un sit-in devant le tribunal administratif auquel ont participé des représentants de médias, de partis politiques et de syndicats, a-t-on constaté sur place.

Hamid Grine s'oppose à l'achat d'El Khabar par Cevital

Cette affaire que Hamid Grine dit comme étant commerciale sent l'intervention politique. Le groupe Cevital a acquis plus de 80% des actions du groupe El Khabar, qui est une Société par actions (SPA) incluant le journal éponyme, la chaîne de télévision KBC, les imprimeries et une société de diffusion. Autrement dit, le puissant groupe El Khabar pourrait passer sous le contrôle d'Issad Rebrab. Cette acquisition n'a pas l'air de plaire au gouvernement.

Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a attendu que la cession des actions d'El Khabar au profit de Ness-Prod soit effective pour sortir du bois et jouer les trouble-fêtes. Il a introduit un référé auprès du tribunal de Bir Mourad Raïs. L'argument invoqué par le ministre ? Non conformité du rachat d'El Khabar par Ness Prod une filiale de Cevital avec les dispositions de l'article 25 du Code de l'information. Ledit article 25 du Code de l'information de 2012 stipule qu'"une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou diriger qu'une seule publication périodique d'information générale de même périodicité éditée en Algérie".

Cependant le PDG du groupe Cevital, Issad Rebrab, s'en défend. Le quotidien Liberté est la propriété de la Saec, pas de Cevital. Dans une déclaration à BRTV, le patron de Cevital a affirmé que le pouvoir lui fait obstruction parce que "je n'appartiens pas à leur clan", tonne-t-il.

Me Benhadid Brahim, membre du collectif de défense du ministère de la communication a révélé mercredi à Alger que "la transaction a été conclue dans le secret et en violation de l'article 25 de la loi relative à l'Information". L'avocat s'exprimait devant la presse après le renvoi, par la 2eme chambre des référés du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs, de l'examen de l'affaire au 25 mai courant.

La loi organique relative à l'Information de 2012 stipule dans son article 25 qu'"une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou diriger qu'une seule publication périodique d'information générale de même périodicité éditée en Algérie". Cependant, il est manifeste qu'il y a une politique de deux poids deux mesures dans le traitement de l'acquisition du groupe El Khabar. Et surtout dans l'utilisation de cet article. Car l'argument ne tient pas la route. La raison ? Plusieurs noms de magnats proches du pouvoir possèdent déjà deux voire trois médias sans que le ministre de la Communication, ni le gouvernement ne trouve à redire. L'exemple d'Ali Haddad à la tête de deux journaux et de la télévision Dzaïr TV, celui d'Anis Rahmani qui possède le quotidien Ennahar et Ennahar TV sont évoqués. Le Syndicat des journalistes s'est interrogé sur la réaction tardive de Hamid Grine.

Un rachat à 4 milliards de dinars

Ness Prod a acquis plus de 80% des actions du groupe El Khabar, qui est une société par actions (SPA), incluant le journal éponyme, la chaîne de télévision KBC, les imprimeries et une société de diffusion. La transaction a été estimée à 4 milliards de DA.

Yacine K. avec APS

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Commentaires (3) | Réagir ?

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lila laoubi

merci

wanissa

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sarah sadim

Plutôt le scandale faisant horriblement peur au pouvoir à l’échelle internationale, qui aura des conséquences certaines sur un double plan:

Violation du droit commercial et de toutes les conventions et accords avec l'union européenne et OMC de la libre entreprise et de la transparence des flux financiers qu'une bourse d'Alger des façades semble ignores. Cela se traduira par une méfiance certaine de tout opérateur économique étranger soyez certain.

Le second scandale grave de cette affaire suspectée de régionalisme de mauvais relent et de règlements de comptes entres clans "politico-militairo--économiques" dangereux, s'attaquant par diversion grossière aux individus, dans une véritable chasse aux sorcières inavouée. Cela témoignera à l'échelle internationale une grave déstabilisation politique en Algérie, embarquant bien des inconnues.

Pauvre tribunal ou chacun va se défouler occultant la raison meme d'existence d'un Tribunal.

Quand à la loi, cela fait longtemps qu'elle est devenue élastique selon les hommes et leurs intérêts dans ce pays, de quoi rendre malade le plus perspicace des magistrats, qui franchement n'ont aucun pouvoir face à la déferlante d'un exécutif dictatorial et d'un législatif imposteur.

Alors on juge ou on s'amuse à juger?

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