Le statu quo est suicidaire pour l’Algérie

Le statu quo est suicidaire pour le pays.
Le statu quo est suicidaire pour le pays.

Si la société algérienne a vécu longtemps sur l’illusion de la rente éternelle, et sous réserve d’une meilleure gouvernance, l'Algérie dispose de tous les atouts pour créer la richesse hors économie de la rente. Il est donc nécessaire à la fois d’avoir une vision positive de l’avenir, mais également d’éviter les discours démagogiques, l’entrave principale au développement provenant de l’entropie qu’il s‘agit impérativement de dépasser.

1.- Le statu quo est suicidaire pour le pays. Comment ne pas rappeler que les pays ayant entrepris avec succès des réformes, se sont appuyés sur une mobilisation de l’opinion. La nécessité de réformer s’impose à Algérie, qui a des potentialités et elles sont énormes. Pour cela une nouvelle gouvernance s’impose évitant de dépenser sans compter, posant l’urgence sur le caractère inéluctable des changements structurels à opérer. Pour s’inscrire dans la croissance mondiale, l’Algérie doit revoir sa diplomatie économique où les relations personnalisées d’Etat à Etat ont fait place à des relations, au sein d’une économie mondialisée, aux réseaux, mettre en place des institutions collant avec la réalité sociale algérienne et internationale, par la débureaucratisation de l’économie et une véritable économie de la connaissance, développant le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de la crèche à la recherche. Elle doit ensuite faciliter la concurrence à tous les niveaux de la vie sociale , politique et économique , la création et la croissance des entreprises publiques, privées locales et internationales créatrices de richesses, par la mise en place de moyens modernes de financement, la libéralisation du foncier, la réduction du coût du travail et la simplification des règles de l’emploi. Elle doit favoriser l’épanouissement de nouveaux secteurs clés, dont le numérique, la biotechnologie, de nouvelles énergies alternatives dont les énergies renouvelables, les industries de l’environnement, évitant le mythe de l’ère mécanique des années 1970 étant à l’aube d’une quatrième révolution industrielle. Ces réformes passent fondamentalement par une démocratie vivante, une stabilité des règles juridiques et l’équité, les politiques parleront de justice sociale. La conduite de l’ensemble de ces réformes ne peut ni être déléguée à tel ou tel ministre ni mise dans les mains de telle ou telle administration. Elle ne pourra être conduite que si, au plus haut niveau de l’État, une volonté politique forte les conduit et convainc les Algériens de leur importance. D’où avec l’ère d’internet où le monde devient une maison de verre, un langage de vérité et une communication transparente et permanente collant à la réalité, fusse-t-elle amère. Les vieux discours voyant les ennemis de l’extérieur partout alors que le mal profond est en nous ne portent plus et jouent au contraire comme facteur de démobilisation.

2.- Le pouvoir algérien a vécu longtemps sur l’illusion de la rente éternelle. La majorité des Algériens dont le revenu et la valeur de sa monnaie est fonction à plus de 70% de la rente des hydrocarbures doivent savoir que l’avenir de l’emploi et de leur pouvoir d’achat n’est plus dans la fonction publique, et que celui des entreprises n’est plus dans les subventions à répétition. L’essentiel de l’action est entre les mains des Algériens, qui devront vouloir le changement et partager une envie d’avenir, d’apprendre davantage, de s’adapter, de travailler plus et mieux, de créer, de partager, d’oser. La nature du pouvoir doit également changer supposant une refonte progressive de l’Etat par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, impliquant qu’il passe de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, conciliant les coûts sociaux et les coûts privés, étant le cœur de la conscience collective, par une gestion plus saine de ses différentes structures . Au regard de l’importance des mesures à lancer et de l’urgence de la situation, le gouvernement devra choisir le mode de mise en œuvre le plus adapté à chaque décision : l’accélération de projets et d’initiatives existantes, le vote d’une loi accompagnée, dès sa présentation au Parlement, des décrets d’application nécessaires à sa mise en œuvre et pour les urgences seulement des décisions par ordonnance pourront être utilisées. Les actions coordonnées et synchronisées dans le temps exigeront le courage de réformer vite et massivement, non des replâtrages conjoncturelles mais de profondes réformes structurelles à tous les niveaux en ayant une vision stratégique pour le moyen et le long terme, devant donc réhabiliter la planification et le management stratégique.

3.- C’est une erreur stratégique de raisonner sur un modèle de consommation linéaire axé sur les énergies fossiles traditionnelles. Le monde se prépare à une transition énergétique entre 2020/2030, comme cela s’est passé du charbon aux hydrocarbures. D’où l’urgence d’une nouvelle politique économique 2016/2020.Il s’agira de bien utiliser les réserves de change évaluées au 1er janvier 2016 à 143 milliards de dollars avec une dette extérieure inférieure à 4 milliards de dollars, situation différente donc des impacts de la crise de 1986. Sans une réorientation de la politique socio-économique et le mode de gouvernance le fonds de régulation des recettes risque de s’épuiser courant 2017 et les réserves de change entre 2018/2019.

La déstabilisation de l’Algérie aurait alors d’importantes répercussions sur toute la région africaine et euro-méditerranéenne. Le principal défi du XXIe pour l’Algérie étant la maîtrise du temps, la nouvelle gouvernance doit réapprendre à envisager l’avenir avec confiance, préférer le risque à la rente, libérer l’initiative, la concurrence et l’innovation. Le monde ne nous attend pas et toute Nation qui n’avance pas recule forcément. Retarder les réformes ne peut que conduire à la désintégration lente, à l’appauvrissement, une perte de confiance en l’avenir. Avec l’épuisement de la rente des hydrocarbures, l’Algérie n’aura plus les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l’emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances. Cette croissance exige l’engagement par une participation citoyenne et un dialogue productif, pour un sacrifice partagé. Car, toute nation ne peut distribuer plus que ce qu’elle produit annuellement, si elle veut éviter la dérive sociale. La justice sociale, à laquelle je suis profondément attachée, ne signifiant pas égalitarisme, source de démotivation, n’est pas l’antinomie de l’efficacité économique.

Face à une situation tant géostratégique que socio-économique, l’ensemble des acteurs de la société doit être mobilisé si l’Algérie veut renouer avec une croissance durable hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. L’Algérie étant un grand pays et ce sans chauvinisme. Mais la sortie de crise implique une autre gouvernance et fondamentalement une moralité sans faille de ceux qui dirigent la cité.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités et expert international

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Commentaires (11) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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moh arwal

On a dejà entendu ces théories là avec Sellal, quand il iprommetait la californie à Mascara !!

Le bonheur ne passe pas par le ventre et le bas ventre ils essayent de dévier notre attention pour mieux nous abrutir et coloniser.

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