Les renégats et le "20 Avril" ?

Amara Benyounès, un des soutiens les plus zélés de la régence.
Amara Benyounès, un des soutiens les plus zélés de la régence.

En 1980, avant l’aurore du 20 avril, la communauté universitaire de Tizi-Ouzou, après un mois de mobilisation pacifique, s’est vue livrée à un terrible sort. Dans le noir d’une nuit largement entamée, les morsures de chiens d’attaque la disputaient aux coups de bâtons et de rangers pour tirer les étudiants et leurs enseignants de leur sommeil. Des dizaines de blessés, des interpellations de masses et 24 militants, animateurs du mouvement culturel, traduits devant la "cours de sûreté de l’Etat" pour des chefs d’inculpation passibles de la peine de mort.

Onze années plus tard, dans le sillage de ce régime la mort rôdait toujours. L’horreur avait redoublé de férocité : Prélude à des dizaines d’autres assassinats, c’est le sang du jeune Massinissa Guermah qui est "gratuitement" versé dans l’enceinte d’une structure sécuritaire. Un dispositif de guerre, légitimé par la sédition armée islamiste, est détourné de sa fonction pour mater ce peuple auquel, dans la plus pure tradition ottomane, on fermera la capitale en ce 14 juin 2001 pour le renvoyer à ses bleds Essiba.

De la violation des franchises universitaires à la répugnante œuvre des snipers aux ordres de Bouteflika-Benflis, Toufik-Boustila, la logique répressive du pouvoir n’a jamais reflué ; mais la détermination pacifique de la population n’a pas été vaincue pour autant. Le combat pour la liberté, la démocratie et la justice trouve toujours à puiser des forces dans ce vaillant peuple. Les reniements et les traitrises n’y changent et n’y changeront rien.

Pour ce 36e anniversaire du 20 avril, dans une tradition toute Pétainiste, des Laval algériens voudraient croire qu’à l’ombre de la Constitution de la quatrième régence sonne le glas du "20 avril". Inspirés, certainement, par le sort de "la journée internationale des travailleurs" travestie en "journée internationale du travail", ou celle, toute aussi internationale, "du combat des femme" changée en la "journée de la femme", ils se proposent de faire de "la journée anti-répression" un moment de mamours conformes à la concorde, aux embrassades et aux salamalecs Bouteflikiens. Un genre de lune de miel entre matraqués et matraqueurs. Après tout, leur constitution promet tout. Même de faire de tamazight une langue officielle. A terme…

Oui, bien sûr, je n’en disconviens pas, le combat pour l’Amazighité peut avoir des chantres y compris au sein du lupanar géant de la régence. Même si nous n’avons pas entendu ces Bocchus faire tant d’éclats au sujet de Yennayer, qui tarde à être célébré officiellement. A cela, nul secret ! Transfuges du combat démocratique, ces démocrates repentis agissent désormais en barbouzes dont le but est de tuer l’esprit de résistance au sein de notre peuple. C’est le sens de leurs menées pour «domestiquer» le 20 avril, pour le balancer du domaine de la commémoration, militante, à celui du festoiement, oisif et rentier.

Donc, pour cette faune de renégats parvenus, le 20 avril doit être fêté. Mais, par Dieu, que faut-il fêter ? Les coups de matraques ? Les années de geôles ? Les traductions devant la cour de sureté de l’état ? Les exécutions sommaires de 2001 ? Dans leurs turpitudes, peuvent-ils nous dire ce qu’ils voient de «fêtable» dans tout cela ?

En ce 36e printemps, le sens du 20 avril c’est d’exprimer la solidarité avec les citoyens du M’zab, arbitrairement incarcérés. Kamel Eddine Fekhar et de ses camarades croupissent en prison depuis des mois sans que nos renégats, ministres et sinistres, n’en pipent mot. C’est d’élever la plus ferme des protestations contre les derniers forfaits commis aux portes d’Alger. Des contractuels de l’enseignement venu protester du sort qui est le leur ont été évacués manu militari de leur campement à Boudouaou. C’est de dénoncer les brimades quotidiennes dans les commissariats et les brigades de gendarmerie qui restent le lot ordinaire pour beaucoup de citoyens. C’est de s’élever avec force contre les dénis qui frappent la société, déni de mémoire, déni de justice, déni de vérité, déni d’identité…

Telles sont les couleurs du "20 avril". Des couleurs que les Ould Ali, les frères Benyounès, les Boucetta et autres transfuges du combat amazigh, du combat algérien, toujours actuel, ne peuvent porter.

Mohand Bakir

Note : Une pensée émue pour les camarades qui ne sont plus de ce monde. Achour Belghazli, Salah Boukrif, Mustapha Bacha, et tant d’autres anonymes ou connus. Reposez en paix.

Plus d'articles de : Débats

Commentaires (3) | Réagir ?

avatar
elvez Elbaz

Ont ils osé se regarder dans un miroir ce 20 avril ces kabyles "harkis du systéme panarabiste?!!!

avatar
moh arwal

ils ne doivent pas être heureux en ce moment.

visualisation: 2 / 3