L'Algérie, de mal en pis

L'image de Bouteflika lors de la venue de Manuel Valls dimanche a choqué plus d'un Algérien.
L'image de Bouteflika lors de la venue de Manuel Valls dimanche a choqué plus d'un Algérien.

Chaque jour, nos oreilles entendent des nouvelles qui affligent et nos yeux sont forcés d'admirer sans que nos tripes blessées puissent réagir cet obscène spectacle de "faillite nationale". Chaque jour, nos pieds s'enfoncent dans la fange de la crise. Comme si nos "bouliticards" nous préparent à une inéluctable potence.

Par Kamal Guerroua

Bref, le soleil de l'Algérie s'incline, s'abaisse, se rabaisse... Il meurt en silence. En apnée et "gravement malade", le pays s'égare dans les brumes et les incertitudes. Plus rien ne nous console comme avant. Presque rien ne nous sourit ni ne nous renvoie du terrain l'éclatante beauté de notre emblème à trois couleurs : le printemps, la stabilité et le courage! Que dire? Que faire? Que protester ? A qui s'en plaindre et crier son désarroi afin d'effacer, ne serait-ce que dans les fumées du rêve, cette malédiction du «retard» qui nous atteint dans le cortex? Au point mort, le moteur de la nation se grippe. Le moral à plat, le cœur à sec, le bras mou et la conscience somatisée aussi bien par les incohérences du fameux "Système" que les féeries de l'éden européen, le jeune Algérien ne possède qu'un imaginaire statique et fataliste. Un profil "normalisé" ayant été dessiné par tous ceux qui se targuent aujourd'hui d'être ses tuteurs à vie. Ces têtes "pansantes" qui ne pensent qu'à leurs bedaines et pas à ce dont il (le jeune) a besoin, affinant pour le distraire et dans les moindres détails une "Commedia dell'arte" ou plutôt ce que j'appelle "Karaoké Khortilique", c'est-à-dire, un succédané pathogène de fausses promesses, d'affaires douteuses, de mensonges et de veulerie sur fond de luttes claniques et de zerda "boulitique". Khalifa ou Condor BRC, Sonatrach ou "Panama Papers", Chakib Khelil ou Abdeslam Bouchouareb, qu'importe le crime ou le méfait, pourvu que l'Algérie soit dépouillée, mise à sac, vandalisée, pillée et trompée en permanence.

Le comble c'est qu'au travers de ce périple catastrophique dans "le monde du baratin", volontairement destiné à rendre les Algériens dociles et soumis, ces acteurs homériques d'un autre âge renouvellent sans cesse les bourdes sous des déguisements encore plus dévoilés! Mais foin des caricatures, personne ne peut être dans le cerveau des masses de l'Algérie profonde sauf elles mêmes! Elles seulement se connaissent de intérieur. Voilà le péril qui guette nos responsables. Lesquels, par naïveté ou par calcul malsain, croient encore que "tout est permis" dans le royaume de l'anarchie. Or l'onde de choc ne prévient jamais quand elle arrive nous apprend "la mère Histoire".

Habitués à la culture du mystère qu'ils ont fini eux-mêmes par adopter comme réflexe de survie, les Algériens pourtant prisonniers des machinations des uns et des autres, c'est-à-dire, des clans au pouvoir et de certains opposants plus râleurs qu'actifs, ont la gâchette facile. A ce titre, toutes les contestations qui s'agrègent ces jours-ci ne peuvent-elles pas former un mélange détonant ? La rue bout de colère, les contractuels de l’Éducation nationale déchargent leurs laves volcaniques sur nos routes, les chômeurs diplômés devenus, faute de mieux, des manœuvres de chantier ou des cambistes bruissant des billets de la devise à l'air libre à la place Port-Said et ailleurs ont la rage au cœur, les médias pâtissant des réductions d'effectifs et touchés par les ponctions de l'austérité agonisent, les détracteurs de "l'impunité officialisée" étouffent une colère manifeste, etc. Tout ça peut nous nuire ! Où va l'Algérie à ce rythme ? Où vont nos autocrates qui, eux, ne larmoient ni ne se lamentent que ce «grand dérapage de la nation» soit fatidique ?

Aujourd'hui, les Algériens dans leur majorité ne comprennent rien à ce cirque. Ils attendent des réponses à leurs questionnements et leurs préoccupations légitimes. Ils veulent s'assurer que leur Etat existe et que celui-ci leur donne des garanties sur la transparence et la crédibilité de ses institutions actuellement éclaboussées par des scandales dont les échos dépassent les frontières du territoire national.

K. G.

Plus d'articles de : Analyse

Commentaires (18) | Réagir ?

avatar
adil ahmed

merci

avatar
adil ahmed

merci

visualisation: 2 / 11