Ahmed Ouyahia "persona non grata", vraiment ?

Ahmed Ouyahia a toujours agit en serviteur du pouvoir en place.
Ahmed Ouyahia a toujours agit en serviteur du pouvoir en place.

Pour beaucoup, il apparaît de plus en plus clairement que le directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia est sur un siège éjectable.

Par Cherif Ali

Ses jours seraient ainsi comptés et son éviction est, semble-t-il, déjà actée et prête à intervenir à brève échéance. Certaines personnes plus informées que d’autres, du fait de leur proximité des arcanes du pouvoir, soutiennent "qu’il va être mis fin à ses fonctions lors du prochain remaniement ministériel qui ne saurait tarder". Cette sentence, a été annoncée par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. L’oracle ! Il faut le croire, estime-t-on dans le milieu politique, quand il affirmevque "ce n’est pas pour des considérations personnelles qu’il s’en prend à Ouyahia, l’actuel directeur de cabinet à la présidence de la République".

En effet, il faut comprendre par-là que l’homme qui a demandé "la tête" d’Ouyahia, ne fait que traduire "la volonté de l’entourage du président de la République, d’exclure ce dernier des centres de décision".

Et Amar Saâdani est leur porte-voix ; méthodiquement, écrivait Abed Charef, il continue de désigner les têtes qui vont tomber prochainement. Après s’être attaqué, frontalement, à des hommes pourtant réputés proches du président de la République, comme Abdelaziz Belkhadem, ou réputés puissants tel Toufik Médiène, le patron du FLN a, cette fois-ci, pointé du doigt le directeur de cabinet à la présidence de la République Ahmed Ouyahia, et le gouverneur de la Banque d’Algérie, Ahmed Laksassi. Dès lors pour les observateurs qui suivent les moindres faits et gestes et surtout les déclarations d’Amar Saâdani, le doute n’est plus permis : le sort des deux hommes est scellé !

Le gouverneur de la Banque d’Algérie sera mis en retraite et Ahmed Ouyahia est sommé, au mieux, de revenir à son pré-carré, le RND, s’il n’est pas mis au placard, lui aussi, comme Abdelaziz Belkhadem !

Les choses semblent, donc, se compliquer pour Ahmed Ouyahia, même si les rênes du parti sont, encore, entre ses mains. Tout comme les hommes qui dirigent les structures de sa formation politique. Des fidèles.

Seulement voilà, on parle de la mise en place d’un «mouvement de redressement», téléguidé par des gens qui ont le «bras long» selon une source cité par un journaliste du site en ligne, 360°. On n’en sait pas davantage.

On attendait Nouria Hafsi, Khalfa M’Barek, ou Bakhti Belaïd, ses opposants déclarés ; ils semblent incapables de renverser la vapeur en leur faveur. Il y avait aussi Yahia Guidoum. Son état physique l’a forcé, a-t-on dit, à se retirer, plus ou moins, de la politique. Il ne resterait en lice donc, que Belkacem Mellah «qui croit dur en ses chances», maintenant que le secrétaire général par intérim du RND ne serait plus en odeur de sainteté, si l’on croit, bien-sûr, ce que disent de lui ses détracteurs.

Est-ce à dire que le signal de la curée a été donné ? Et comment va réagir l’intéressé ? L’histoire, va-t-elle se répéter pour lui ? Va-t-il se laisser abattre, de nouveau ? Ce serait mal connaître l’homme ! Selon son entourage, il semble avoir retenu les leçons du passé, en 2013 précisément, lorsqu’il avait été poussé à la porte du RND par un redressement, quelques semaines seulement après avoir perdu la Chefferie du gouvernement.

Sur insistance des militants, Ahmed Ouyahia a parlé. S’exprimant sur le plateau d’Ennahar-Tv, il a dit «Qui a sali Chakib Khelil ? C’est la rue ! Les gens faisaient des déclarations, à l’emporte pièce, et les médias reprenaient». Concernant les cadres, injustement incarcérés, il a nié «toute responsabilité dans la chasse aux sorcières qui a conduit nombre d’entre ces derniers en prison, sans charges précises» et il refuse de voir dans ce douloureux épisode «une tentative délibérée d’un clan au pouvoir».

Autre sujet évoqué par Ahmed Ouyahia, son refus de participer au «Front Interne» et à la réunion organisée à la Coupole du 5 juillet par le FLN : «nous n’avons pas attendu 2016 pour soutenir le président de la République, qu’on soutenait d’ailleurs depuis 1999. Cela nous a coûté une crise interne au RND. Et à chaque fois, le président de la République a trouvé le Parti à ses côtés», a-t-il conclu.

En revanche, le directeur de cabinet à la présidence de la République Ahmed Ouyahia, n’a rien voulu dire concernant les attaques du chef du FLN le concernant.

Il y a un problème de leadership pensent les observateurs, chacun veut être le numéro 1 après le président de la République. Et puisqu’il y a un remaniement ministériel en vue, les deux hommes sont à couteaux tirés. Chacun prétend qu’il détient la majorité au sein des assemblées élues, l’APN pour l’un, le Sénat pour l’autre.

Pour tout le monde, le FLN de Amar Saâdani exige d’être «la locomotive». Le RND comme marginalisé, observe. Le MPA de Amara Benyounes est absent au moment où le TAJ de Amar Ghoul s’égosille, en vain. En face, le RCD et le FFS, ne font rien pour apaiser leurs relations tumultueuses. Ce dernier rame contre vents et marées, à en devenir inaudible.

Au conglomérat de l’ISCO, on n’en mène pas large. Les appétits s’aiguisent à l’approche des élections. Les différences idéologiques ajoutent à la confusion et exacerbent l’ambition des uns et des autres. Mokri, Benflis, Djaballah et Soufiane Djilali ne se sont pas privés de ricaner à "la face" de Rachid Nekkaz et sa proposition de désigner un «leader» de l’opposition et qui sera, aussi, le candidat unique de cette dernière à l’élection présidentielle de 2019 !

C’est aussi le moment choisi par Mouloud Hamrouche et Sid Ahmed Ghozali pour prendre leurs distances. De se mettre "en réserve de la République" en quelque sorte.

Et les citoyens dans tout ça ? Ils se désintéressent de la politique. On peut même parler de détestation ! Pourquoi ?

  • Parce qu’on a à faire aux mêmes chefs des Partis depuis l’ouverture du champ politique en Algérie
  • Parce que les personnalités politiques ont souvent menti sur leurs intentions en ne traduisant pas en actes leurs promesses ou en prenant des décisions, non annoncées
  • Parce que les élus sont des profiteurs du système, des carriéristes de la politique au point de ne plus avoir pied dans la vie économique et sociale réelle

Pour l’heure, le président de la République, maitre incontesté du jeu, est au-dessus de la mêlée. Il est le seul maitre à bord. Après la réorganisation du DRS, il en est sorti plus fort que jamais. Et les luttes partisanes n’impacteront pas son pouvoir, encore moins les décisions économiques et politiques qu’il aura à prendre.

Mais rien n’est pire que l’immobilisme ! Les jours à venir, les rumeurs et les contre-rumeurs vont se succéder et les conflits sociaux aussi : "Panama Papers", intégration ou pas des professeurs contractuels, coût de la vie en hausse etc. Pendant ce temps-là, droit dans ses bottes, Ahmed Ouyahia s’affaire à préparer le congrès du RND prévu pour les 5,6 et 7 mai prochain. Il a, sans nul doute, des appréhensions concernant son avenir politique. Il n’en demeure pas moins qu’il est candidat à sa succession. En face de lui, il y a Belkacem Mellah. Dans une précédente contribution intitulée "Belkacem Mellah, combien de divisions ?", nous avions émis quelques doutes quant à ses chances de ravir la place à Ahmed Ouyahia. Les faits le présentaient comme un "lièvre", à même de donner l’illusion que les élections dans le Parti étaient libres, ouvertes contrairement à ce qui se pratiquait par le passé.

Aujourd’hui, les événements aidant, la candidature de Belkacem Mellah prend l’aspect du "Cheval de Troie" et semble à même de mettre en péril les projets du secrétaire général par intérim. Est-ce à dire que l’homme est fini politiquement ? Mais pas du tout, répondent ses proches qui précisent que "la situation actuelle du pays sur le plan économique et sécuritaire nous incombe de nous éloigner des polémiques stériles ; l’instant venu, notre riposte sera à la mesure de l’attaque et c’est nous qui choisirons la manière et le moment". Cette déclaration, rassure, bien évidemment Ahmed Ouyahia qui vient, par ailleurs, de recevoir un soutien de poids de la part de Abdelaziz Ziari, l’ancien président de l’APN et Tahar Khaoua, le ministre (FLN) en charge des relations avec le parlement. Tous deux, ont loué ses compétences et ont tenu à rappeler sa fidélité au président de la République.

Ahmed Ouyahia, l’homme des dossiers, travailleur infatigable, médiateur international émérite, fin connaisseur des arcanes du pouvoir et de ses pratiques est déclaré par Amar Saâdani, patron du FLN et, accessoirement "porte-parole" du pouvoir, "persona non grata". Ahmed Ouyahia en a vu d’autres ! Mais, si tel était son sort, a-t-il affirmé, "il ne sera jamais dans l’opposition et il resterait, toujours, un soldat au service de l’Algérie !". Jusqu’à 2019 ! Ou même avant, si les choses venaient à se précipiter. Et là, ce serait le moment pour lui "d’aller à la rencontre de son destin".

A. C.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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adil ahmed

merci pour le sujet

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