Politique économique 2016/2020 : que faire pour relancer la croissance en Algérie ?

Le gouvernement se doit d'avoir une vision prospective et se débarrasser de l'esprit de rente.
Le gouvernement se doit d'avoir une vision prospective et se débarrasser de l'esprit de rente.

Face à la chute du cours des hydrocarbures qui sera de longue durée, et aux tensions sécuritaires, cela implique la mobilisation de tous les Algériens, tenant compte de leurs différentes sensibilités et d’éviter de vendre des utopies. L’heure n’est plus aux polémiques stériles, devant rassembler au lieu de diviser. Le gouvernement doit entrevoir une nouvelle politique socio-économique beaucoup plus efficace que la précédente qui a montré ses limites, tenant compte de l’évolution du monde, évitant les schémas tant monétaristes que mécaniques du passé, un non développement accroissant l’insécurité du pays. Il s ‘agit d’éviter de fausses solutions à des problèmes mal posés. Je conseille à certains de nos responsables qui vivent encore de l’illusion culturelle des années 1970, de faire un stage en Chine pour voir concrètement comment ce pays s'adapte à la mondialisation en mettant en place une économie de marché concurrentielle maîtrisée

1.- La solution réside-t-elle uniquement dans des changements d’organisations, de lois, sans vision stratégique, mentalité bureaucratique ? Combien d’organisations et de codes d’investissement depuis l’indépendance politique et l’Algérie en ce mois de mars 2016 est toujours une économie rentière ? Comme cette illusion monétaire où sans réformes structurelles en dévaluant le dinar on amplifie les problèmes sans résoudre les problèmes de développement: pour preuve en 1974 nous avons 5 dinars un dollar et en 2016 107 dinars un dollar et 118/122 dinars un euro et les exportations hors hydrocarbures (sur les 5% plus de 70% sont des dérivées d'hydrocarbures) sont presque nulles montrant que le blocage est d'ordre systémique.

2.- Quel est le bilan final en termes d’avantages économiques, en toute objectivité, de toutes ces organisations dont la dernière en date sont les groupes industriels et les assainissements financiers, pour ne prendre que les deux exemples les plus médiatisés El Hadjar et la SNVI de Rouiba ?

3.- Quel est le bilan par rapport aux avantages accordés (taux d’intérêts bonifiés, exonération de la TVA en termes de création de valeur ajoutée, d’emplois productifs et de la réduction de la facture d’importation, de ces entreprises crées par les différentes institutions ANDI ANSEJ, ANJEM, CNAC etc… ?

4.- Ou en est l’avancement avec les Qataries du complexe sidérurgique de Bellara , sachant que depuis le premier trimestre 2016, le cours de l’acier au niveau mondial est au plus bas et l’on devrait assister très entre 2016/2020 à une très large restructuration de ce segment au niveau mondial ? Quant au gisement du fer de Gara Djebilet, une étude réalisée par un grand bureau d ‘études international a été réalisée entre 1974/1976 par le Ministère de ‘l’Industrie au moment où j’étais directeur d’Etudes à l’Immeuble Colysée (Alger) ainsi que la ligne ferroviaire avec un projet de complexe sidérurgique à Marsat Hadjadj (wilaya d’Oran). Espérons qu’il y a eu seulement réactualisation de cette étude et non pas encore des dépenses inutiles.

5.- Qu‘en est-il de l’impact sur l’économie nationale, dont la balance devises, technologique et managériale de la restriction des importations de véhicules, ou en cas où les nombreuses unités annoncées de montages verraient le jour de très faibles capacités avec une rentabilité incertaines face au marché concurrentiel oligopolistique en peine restructuration au niveau mondial, sachant que les importations des composants gonflerait inéluctablement la rubrique importation, donc des sorties de devises ?

6.- N’y a-t-il pas lieu de penser à des stratégies d’adaptation, au sein de sous-segments de filières internationalisées par un choix astucieux d’un partenariat gagnant /gagnant avec les firmes qui contrôlent la technologie et le marché mondial, loin de tout esprit de prestige, si l’on veut éviter le gaspillage des ressources financières en nette diminution ?

7.- La future politique économique d’une manière générale et la politique industrielle d’une manière particulière n’est-elle pas conditionnée par une cohérence et visibilité dans la politique économique et qui n’est possible qu’en approfondissant les réformes structurelles qui forcément déplace les segments de la rente, d’où de fortes résistances sociales ?

8.- C’est que les très petites entreprises (TPE, moins de 20 salariés) et les petites et moyennes entreprises (PME, moins de 250 salariés) sont un facteur clé de la croissance et de l’emploi. Les PMI/PME sont fin 2012 au nombre de 660 000 entreprises, fin 2013 750.000, 900.000 fin 2015 avec un taux de mortalité de 8% selon l’officiel. Mais en réalité, le nombre de faillites après avoir eu les avantages fiscaux et financiers de certaines entreprises non maturées (Ansej, Angem, Cnac …) est très important selon certaines sources entre 35/50% variant selon les secteurs. L’objectif de 2 millions de PME d’ici à 2020 sous l’impulsion des différents organismes de soutien à l’emploi sachant que l’on ne crée pas des entreprises par décrets mais le guide directeur étant la rentabilité économique, sera-t-il atteint ? Car la prédominance est des entreprises de très petite taille (TPE), 90% selon le Ministère de l’industrie, 97% selon l’ONS, se situant sur la tranche d’effectifs 0-9 salarié. Quant aux entités économiques qui emploient 250 personnes et plus, elles ne représentent que 0,1 % de la population des entreprises.

9.- (N’y a-t-il pas lieu de démystifier l’apport du privé national et international créateur de richesses qui fait l’objet d’attaques pernicieuses, au nom d’un discours des années de l’ère soviétique, des courants rentiers, en ouvrant un large débat au niveau des grands médias ?

10.- N’ y a-t-il pas s lieu de s’intégrer au sein d’un marché plus vaste, l’ère des micro-Etats en cette ère de l’internationalisation du capital étant largement dépassé afin de profiler des économies d’échelle, de réduire les couts, un des marchés les plus difficiles à pénétrer contrairement à certains discours, étant le marché africain, pourtant espace naturel de l’Algérie, avec l’espace méditerranéen?

En résumé, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité. Le problème ne réside pas dans l’activisme et dans des discours populistes triomphants déconnectés des réalités, mais dans les résultats concrets palpables. Personne n’a le monopole du nationalisme. L’heure n’est plus aux polémiques stériles, devant rassembler au lieu de diviser. Le gouvernement doit entrevoir une nouvelle politique socio-économique beaucoup plus efficace que la précédente qui a montré ses limites, tenant compte de l’évolution du monde, évitant les schémas tant monétaristes que mécaniques du passé, un non développement accroissant l’insécurité du pays. Mais le défi pour s’adapter au nouveau monde est à la portée de l’Algérie afin d’éviter sa marginalisation, d’éventuelles tensions sociales et garantir la stabilité régionale.

Abderrahmane Mebtoul, analyste et professeur d'universités

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Commentaires (4) | Réagir ?

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adil ahmed

mercii

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adil ahmed

merci

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