Akbou : une commune qui cumule les paradoxes

Akbou
Akbou

Depuis la nuit des temps Akbou a un statut de daira, un titre qu’elle a gardé éternellement à ce jour.

Par sa position géographique qui a fait d’elle un carrefour commercial régional important, elle a été gratifiée d’une zone industrielle la plus importante au niveau de la wilaya de Bejaia. Une population qui a foisonné durant la précédente décennie avoisinant de nos jours les 80 000 habitants. Akbou est très convoité par les habitants des villages environnants, qui ont afflué pour parer aux manques des commodités essentielles à la vie, à l’exemple des écoles, des centres de soins, des routes…

Les montagnards fuient leurs villages et viennent en nombre s’y installer. La spéculation du foncier a vu son jour pour profiter de ses derniers. En termes de densité démographique, elle est parmi les communes les plus peuplées en Algérie. Une explosion démographique qui a entrainé une extension anarchique de la ville, un climat qui a favorisé une prolifération des habitations illégales. Des maisons poussent comme des champignons partout dans tous les sens à grande vitesse pour former des quartiers mal agencés avec la complicité des responsables véreux et ignorants des aménagements urbains. Et souvent le service de l’urbanisme est désigné du doigt pour avoir délivré des permis de construire douteux pour s’accaparer non seulement des trottoirs mais aussi des espaces réservés aux airs de jeux des enfants. En effet,l 'urbanisation a pris des proportions alarmantes ; elle a défiguré la ville d’Akbou devenue au fil du temps un immense bidonville.

Les ruelles mal entretenue sont dans un état délabré. Sans oublier elles sont trop étroites, sans trottoirs et souvent réservées à une nouvelle occupante phénoménale poubelle. La ville, est abandonnée à son sort, ni rond-point digne de ce nom selon les normes admises, ni parking, ni les arrêts des bus, ni feu rouge... Le citoyen vit un calvaire quotidien, exacerbé par un laisser-aller d’une assemblée déchiquetée par l’ignorance et l’irresponsabilité de ses "élus". Le pourrissement à tous les niveaux poussé à l’extrême demeure le triste compagnon quotidien des citoyens. Aucun jardin, pour accueillir les vieux de la commune, adossés au mur des trottoirs à longueur de journée, n’a été aménagé pour offrir à ces derniers des moments de repos loin de la circulation des piétons.

La distraction et les loisirs dans cette ville laisse à désirer, il faut faire des kilomètres pour profiter en famille des coins luxueux. Le manque d’infrastructures sportives oblige les équipes locales de recevoir leur adversaire dans des terrains extérieurs des autres communes encore pauvres. Les deux terrains de foot d'Akbou étant totalement dépassés hors normes.

Un tissu économique riche, une ville délaissée

Et pourtant, Akbou recèle des potentialités économiques et financières, il ne demeure pas moins qu’il est à la traine des autres communes limitrophes. C’est la deuxième ville agro-alimentaire en Algérie après Béjaia. D’ailleurs la zone de Taharacht englobe le plus grand pôle national dans l’industrie agroalimentaire. Il est également le troisième pôle économique en Algérie. Les recettes annuelles engrangées, dépassant de loin les 100 milliards de centimes mettent ainsi en évidence la bonne santé financière de cette commune. Beaucoup s’interrogent sur le sort de ses sommes colossales.

Depuis plus de 15 années, Akbou a connu une déliquescence dans tous les domaines à cause d’une gestion catastrophique, une gabegie au sens propre du terme pratiquée à grande échelle par les autorités locales. La médiocrité a gagné les décideurs incapables d'imaginer un avenir meilleur à la ville. Certains ici pensent qu'ils sont là plutôt pour destruction de la commune puisque toutes les forces vives sereines capables de propulser Akbou vers un avenir probant ont été anéanties ou ridiculisées.

Toute la population a perdu l’espoir quant à un éventuel changement et je commence à croire qu’elle s’est définitivement résignée à accepter son triste sort qui la pousse à sombrer chaque jour un peu plus dans l’abysse de la médiocrité. A ce jour le nombre d’initiatives individuelles reste infime, en raison d’une population blasée et disloquée en perte de confiance totalement indifférente à la gestion de sa commune. Elle ne s’implique pas, elle ne demande pas des comptes elle a cédé tout le terrain aux fossoyeurs de la transparence. Des intimidations, des agressions verbales ou physiques sont des pratiques quotidiennes pour dissuader les bonnes volontés en quête du changement.

Une société dépouillée de tous ses repères et réduite au mutisme paralysée par une abstention. On lui a confisqué ce qu’il a de plus précieux, sa dignité, le droit du regard sur la gestion de sa commune et sa capacité à travailler dans la communion. D’ailleurs c’est par cette désunion que s’est faite l’intrusion de son drame : la médiocrité. Un excédent d’argent jamais atteint par le passé qui résulte des cumuls des recettes annuelles de la commune. Toute cette somme astronomique est restée bloquée dans les coffres du trésor, elle continue de faire le malheur de la ville d’Akbou qui manque de tous, dépourvu d’un plan d'aménagement urbain digne de ce nom. Paralysée, l'assemblée est dans l’incapacité de prendre en charge la gestion des ordures ménagères de la commune, comment aspire-t-elle à répondre aux multiples doléances urgentes de la population ? Aucune vision et aucun projet à l’exception des projets sectoriels n’ont été inscrits à l’ordre du jour du planning de la commune, depuis plus de 15 années. Tous les autres sont presque à l’arrêt ou à la traine souffrant des blocages administratifs et le manque de suivi.

Alloul H.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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gtu gtu

merci

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Malek BOUDJEMAA

Merci Mr ALLOUL pour cette analyse qui nous rappelle la triste réalité des choses. Le tissus associatif n'est pas assez fort pour combattre le système qui a érigé la médiocrité en mode de gestion des affaires de la cité.

Après tous comme on dit, "on n'a que ce qu'on mérite" On ne peut ni être moins ni plus que ce que nous sommes actuellement. Peut être nos enfants un jour changeront les choses si nous leur donnons une éducation progressiste et universelle.