Le blasphème, c'est brimer un journaliste

Mohamed Chergui est accusé de blasphème
Mohamed Chergui est accusé de blasphème

Un journaliste du quotidien "El Joumhouria" est accusé par ce dernier de blasphème et doit en rendre compte devant la justice. Mais, blasphème contre qui, contre quoi ? Quel est le nom du diffamé, son adresse, sa qualité, son préjudice ? Moi, le seul blasphème que je vois dans cette affaire, c'est celui envers la liberté de la presse.

Un journaliste, Mohamed Chergui, est traîné devant les tribunaux pour des raisons inadmissibles. Quels que soient les griefs que nous pouvons lui opposer d'avoir collaboré à un journal qui est à des années lumières de la démocratie, c'est un homme libre de sa parole qui est inquiété. Cela nous sera toujours insupportable.

El Joumhouria est un journal entièrement au service du régime politique, nous n'en retiendrons pourtant aucune charge contre ce journaliste. Notre contentieux, nous le réglerons devant l'histoire, pas devant les tribunaux de la pensée.

Le journaliste a toujours ceci de sacré est qu'il officie dans les mots et les opinions. Aussi contraires soient-ils aux nôtres, nous ne pouvons les combattre que par les mots et les opinions. Le sacré pour nous, c'est la liberté de parole et s'il devait exister un blasphème, c'est toute action contraire à cette liberté intangible.

Le blasphème n'a aucune place en droit. Je ne veux choquer aucun croyant algérien mais ce serait trop facile de nous brider dans ce qu'il y a de plus intime en nous, au nom de ce qui n'a de place que dans la conscience privée. C'est d'ailleurs ce que disent les textes sacrés. Alors nous renvoyons les juges algériens à ces textes puisqu'ils en font un point de droit.

Honte à ceux qui s'attaquent aux faibles et aux fragiles qui s'exposent par la seule arme de leur plume. Honte à tous ceux qui les condamnent et les menacent de quoi que ce soit lorsqu'il s'agit d'une opinion, le bien le plus précieux de l'être humain.

Le journaliste en question a trois enfants dont une petite fille trisomique et risque trois ans de prison, une année pour chaque enfant. C'est absolument abject pour la société algérienne d'accepter une monstruosité pareille. J'espère que lors du verdict, les magistrats auront le magnifique regard de la petite enfant qui viendra hanter leur conscience comme l’œil du remord dans la tombe de Caïn.

Les juges et les politiques algériens devraient s'inquiéter d'un autre blasphème, celui à l'encontre de l'intelligence humaine. Un enseignant de Chéraga vient de proclamer à ses élèves que la femme descend du singe. Je ne dirais même pas que le singe, c'est lui, car ce serait faire outrage à une espèce déjà considérablement avancée dans la progression biologique. Notre enseignant se situerait des centaines de milliers d'années auparavant dans l'échelle de l'évolution, entre la paramécie et l'escargot. Voila à quoi devrait s’atteler ce pays à la dérive au lieu de continuer la chasse aux journalistes.

Laissons ce journaliste libre de ce qu'il dit, nous ne sommes absolument pas dans la même ligne de l'organe de presse qu'il a servi mais peu importe. Nous sommes assez grands pour nous défendre avec nos idées sans qu'on menace nos adversaires politiques de l'outrage à l'invisible.

Sid Lakhdar Boumédiene

Enseignant

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Commentaires (2) | Réagir ?

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mhand said

je suis sidéré d apprendre qu il ya encore des énergumènes qui qui pensent encore qu ils descendent d autre chose que de leur ancêtre le grand singe. ailleurs, chez d autres nations peut --être.

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Bachir Ariouat

Vous me décevez maître, le monde il est ce qu'il est, depuis les nuits des temps, le monde s'est construit autour du blasphème, du mensonge, des ignorants, d'insultes, et je passe sur les autres anathèmes.

Vous ne changerez pas le monde, ni moi, où quelques d'autres, personne n'y fera rien, sauf cas, exceptionnel, c'es un jour par un pur hasard, l'Algérie récupère un homme d'ou qu'il viendra on s'en fou, mais pourvu qu'il fasse la chasse, au mafieux et qu'il consacre son temps à bâtir enfin pays qui n'a que trop souffert des injustices de ses dirigeants.