« L’université en grève ! » : un film d’espoir !

« L’université en grève ! » : un film d’espoir !

Dix ans après, on parle encore de cette « Grève à l’université », grâce au film réalisé par Abderrahmane Denoun, témoin inspiré de la grève de 1998 à l’université de Bab Ezzouar. Elle est à nouveau vivante dans les esprits de ceux qui l’ont vécu et des nombreuses personnes, syndicalistes et autres qui en ont entendu parler à l’époque.

L’îlot démocratique

Elle a alimenté le débat organisé par le Comité des Libertés syndicales le 24 septembre 2008 à la Fondation Friedrich Ebert, demeuré désormais, le seul espace de liberté existant dans une société totalement corsetée. Un ilot démocratique fortement décrié et attaqué par les forces de l’immobilisme et de la régression, mais qui a permis, en une soirée mémorable, de vivre un débat tourné vers l’avenir.

En présentant son film, Abderrahmane Denoun a qualifié celui-ci de moment important dans sa vie d’universitaire. Un moment fort de prise de conscience des problèmes qui se posaient alors, et continuent à se poser, aujourd’hui encore.
C’est « un film de bric et de broc qui dégage une certaine tristesse » a-t-il dit en préambule. « C’est au contraire un film d’espoir et non de tristesse » ont affirmé plusieurs intervenants au cours du débat. Ils ont trouvé qu’il était parcouru par un souffle d’espoir, capable d’inspirer et de nourrir les luttes d’aujourd’hui, pour qui sait tirer les leçons des luttes passées.

Des pistes pour l’avenir

C’est sur cet aspect des choses que le débat s’est cristallisé.
Pourquoi ne pas avoir procédé à l’évaluation systématique de ce grand moment pour en assurer une capitalisation pouvant servir les luttes menées par d’autres générations ?
Et, de là, toute une série de pistes et de suggestions est née :
• L’université ne doit pas vivre en vase clos ; elle doit être constamment ouverte sur la société, le monde de l’économie et du développement en général.
• C’est pour cela que les luttes ne doivent pas êtres circonscrites aux seules revendications corporatistes, mais s’impliquer dans un ensemble plus large, celui de l’avènement, entre autres, d’une l’alternative démocratique.
• D’où la nécessité de faire jonction avec les autres forces syndicales, notamment celles de l’enseignement, et de trouver les passerelles pouvant mener à une plus grande ouverture sociale. Faire partie du Comité des libertés syndicales en est un exemple vivant.
• L’histoire du mouvement syndical universitaire est une incitation à prendre en compte la période actuelle de reflux qu’il traverse ; et de s’interroger sur les causes objectives et subjectives de ce reflux, pour mieux définir d’autres formes d’intervention et de luttes possibles.
A la question de savoir où en était exactement aujourd’hui le CNES, les réponses qui furent données laissent entendre que nous sommes face à deux entités : l’une officielle, le CNES « organique », devenu appendice du pouvoir et qui porte en lui les germes de sa propre fin, puisque déconnecté par rapport à la société réelle ; et l’autre, héritière des luttes menées de 90 à 2000, que l’on pourrait appeler CNES démocratique, celui de l’espoir qu’a fait renaître le film de Denoun.

On peut dire que cette soirée fut, selon certains, un moment « d’éducation populaire » au plein sens du terme ; et que la réalisation de films pareils à celui de Denoun mériterait d’alimenter la filmothèque de beaucoup de syndicats et d’associations pour servir de vecteurs pédagogiques à l’éducation des jeunes et des moins jeunes, au travers de débats clarificateurs et formateurs.
Rendant hommage à la grève de 98, un syndicaliste senior a lancé :
« Tout mouvement né dans l’action est un moment d’avenir et d’espoir et seule l’action fera advenir les changements dont notre société a besoin ».
On ne pouvait rêver plus belle conclusion pour une soirée qui en annonce bien d’autres dans le cadre « d’une action syndicale unie, coordonnée et solidaire ».

Si Md Baghdadi
le 27.09.08

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Ghanima

L'Université n'est pas seulement un monde de savoir, de recherches et d'acquisition des connaissances, c'est aussi un monde de prise de conscience collective et d'ouverture sur les problèmes de la société. elle ne doit vivre en vase-clos avec des réflexes corporatistes qui la détachent de son milieu. Son effervescence traduit bien souvent le malaise de la société et peut provoquer le déclic qui force le destin d'un peuple et qui apporte de grands changments dans la vie. Son immobilisme et sa résignation lui ont fait grand mal et arrangent pour cela la multitude de parvenus en politique et les tenants du pouvoir qui ont d'autres soucis, sonnants et trébuchants en vue.

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REMLI Ahmed

Nous aimerions avoir accès à ce film. Plus largement, il serait intéressant que ce film soit mis à la disposition d'un public plus large par l'intermédiaire d'internet. Cela contribuera à alimenter le débat sur le combat syndical dans notre pays.