L’après-Bouteflika ? Eh bien c'est...Bouteflika ! (1ère partie)

Saîd Bouteflika
Saîd Bouteflika

Les petits démons de la crédulité sont déjà de retour ! Deux ans à peine après la claque administrée aux ingénus bookmakers de la politique qui, avec une belle assurance et force arguments tout aussi «indiscutables» les uns que les autres, nous annonçaient, en 2014, que Bouteflika ne rempilerait pas pour un quatrième mandat, voilà les nouveaux visionnaires de la prospective algérienne qui nous certifient, en 2016, avec cet indémodable accent péremptoire qui fait la gloire des politologues et des éditorialistes, que nous serions en train de vivre les derniers jours du règne boutelikien, que l’«après-Bouteflika» aurait commencé, que l’actuel chef de l'État n’irait pas jusqu’au bout de son mandat, qu’au pire il pousserait jusqu’à 2019 pour ensuite laisser place à l’alternance.

Ces bonnes âmes, sûres d’elles, opposent un sourire entendu à l’hypothèse Saîd Bouteflika, la balayant d’un revers de la main, en ricanant, comme si tout le gigantesque ramdam auquel se livre l’entourage Bouteflika depuis deux ans et demi (démantèlement du DRS, limogeage du général Toufik, constitution d’une ethnie à la tête du pouvoir…) et destiné à faire place nette, n’était que de simples mesures protocolaires. Mais à quelles autres fins que celui de verrouiller le pouvoir personnel pour le conserver jusqu’à la mort puis le transmettre à son frère, Bouteflika s’ingénie-t-il à placer les hommes de sa tribu aux postes clés ?

Voilà dix-sept ans que nos élites se fourvoient, s’agissant de Bouteflika. Dix-sept ans ! Dix-sept ans qu’ils en parlent comme de la «marionnette entre les mains des généraux», comme d’un homme sans puissance face aux militaires, comme d’un patriote entièrement investi dans le développement de la nation. Ou comme d’un homme trop malade pour continuer à gouverner….

Lui, laisse dire, laisse croire. Il en rajoute même à Sétif avec son fameux «Tab Jnana» qui, aussitôt, fait dire aux esprits innocents qu’il compte quitter le pouvoir dès 2012. Lui, laisse dire, laisse croire. «Gouverner, c’est faire croire», a dit Machiavel.

Bouteflika l’a toujours pratiqué. Bouteflika est un pur personnage machiavélien, non pas un de ces gouvernants communément subtils et ordinairement roublard qu’on appelle «machiavélien» par abus de langage, mais un vrai Prince tel que l’a décrit Nicolas Machiavel, un vrai homme de pouvoir, le seul, sans doute, dans le Maghreb, peut-être dans le monde arabe, le seul à maîtriser à ce point les fondements du pouvoir dans sa vraie dimension machiavélienne : prendre le pouvoir et le garder.

Mais si Bouteflika dispose toujours d’un coup d’avance sur ses adversaires. Il allume les contre-feux pour divertir l’adversaire puis, au moment où l’on s’attend le moins, décoche l’uppercut qui met KO. Il dicte à Saadani la salve violente contre le général Toufik puis, le lendemain dénonce les propos de Saadani et fait l’éloge du chef du DRS. Tout le monde baisse la garde. Et vlan ! Toufik est limogé !

C’est cela, le but de la politique, pour Machiavel, ce n'est pas la morale mais la réussite : obtenir et conserver le pouvoir ! Le prince n'a pas à être juste. Il suffit qu'il le paraisse. La politique est un art de la dissimulation au nom de l'efficacité. Et l’efficacité, en 2004, comme en 2009, en 2014, c’était d’assurer de sa propre succession pour 2014 ! Le temps qu’on se réveille, il est réélu président !

Même l’ancien chef du DRS s’est laissé mettre la corde autour du cou. Son erreurc’est de n’avoir pas compris, dès 1999, en installant Bouteflika, que ce dernier ne quitterait jamais le pouvoir pour la raison simple et suffisantte qu’il est persuadé de faire partie de la famille régnante : le clan d’Oujda, l’Eta major général dede Boumediene qui a pris le pouvoir de force en 1962 en écartant le GPRA et qu’au titre d’héritier de Boumédiene, il n’avait pas à restituer le pouvoir. Nous y reviendrons dans la prochaine chronique.

Mohamed Benchicou

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Commentaires (21) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

wanissa

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mhand said

heureux seront ceux qui mourons, assez tôt pour ne pas assister et subir le sort de leurs prédécesseurs. car, tôt ou tard, ils passeront a la caisse.

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