La police politique passe de la Défense à la famille Bouteflika !

Bachir Tartag ne rendra plus de compte qu'au président.
Bachir Tartag ne rendra plus de compte qu'au président.

Il est des nouvelles qui font sursauter les éditorialistes et qui n'ont pas plus d'importance que le changement de place du fauteuil de Bouteflika. Un remaniement des services administratifs est annoncé, la police politique passe du ministère de la défense au contrôle direct par la famille Bouteflika.

Cette histoire est aussi ancienne que nos os. Des décennies avant 1991, on nous assurait que la police politique n'existait pas. Puis, à cette date, lorsque nous avions eu la naïveté de revenir, Chadli nous a assurés que la dissolution de la police politique est une chose acquise. Mais alors, lui avons-nous rétorqué, c'est qu'elle existait encore ! Ce dont pas un seul individu censé n'avait d'ailleurs douté.

Dans la glorieuse époque des dictatures, on comptait les morts, les disparus et les mises à l'écart pour sonder l'humeur des dieux. C'était quelque chose, au moins. Aujourd'hui, ils se chamaillent piteusement dans un divorce et se déchirent pour la garde d'un joujou monstrueux qui fait beaucoup plus rire la jeunesse algérienne qu'il n'aurait d'efficacité un jour d'Halloween.

Aux époques glorieuses de notre chère dictature, qu'importait pour la pieuvre sanguinaire l'habitacle où elle était affectée administrativement, elle obéissait, un point c'est tout. Elle muselait, torturait, assassinait et séquestrait sans besoin de savoir quel tampon utiliser. Aucun malheureux sous ses griffes n'aurait eu l'idée suicidaire de lui en réclamer un.

Comme pour l'affaire du loup dans le conte moral, nous avons arrêté de croire à sa dissolution qui n'en finit jamais et aux promesses de sa transformation en services de renseignements dont nous hurlons de rire à la seule évocation du terme choisi.

Le renseignement algérien n'a jamais servi à autre chose qu'à défendre un régime, aujourd'hui aussi mal en point qu'un dictateur et sa famille finissante. Je dirais, en dessous des vingt dollars le baril. Le DRS d'Hissen Habré était dénommée "la Piscine" (qui en était une réellement, réservée aux officiers du temps colonial). La nôtre avait Château-Neuf et autres lieux de divertissements des fonctionnaires de la pensée et du crime (que les plus jeunes me pardonnent, mes références sur les hauts lieux touristiques algériens commencent à dater).

Ces pauvres fonctionnaires vont quitter leurs amis de la défense. De braves gars, qui payent bien et qui ne vous embêtent jamais avec les formalités qui font perdre du temps. Le droit, les procès-verbaux, la délicatesse et les preuves, pour eux, que des gros mots qui fâchent.

Mais à propos, avec la crise immobilière, où vont-ils loger ? Chez Tata Bouteflika, chez le beau-frère, chez le cadet ou chez l'aîné des frangins ? Les pauvres, j'ai crainte que le terrible garnement, Saïd, réclame l'exclusivité du jouet. Il n'est jamais très accommodant, celui-là. Fini la belle vie, fini les écoutes téléphoniques comme pour écouter le rap, terminé les fiches de renseignement qui s'accumulent avant la sieste, on arrête de s'épancher dans les forums, en dessous des articles. Avec Saïd, il va falloir du chiffre. On ne va pas rigoler, retour à la méthode ancienne, la seule efficace !

Elle va presque nous faire tirer une larme, cette police politique, car je crois que cette fois-ci, la grande muette a retrouvé sa langue pour se plaindre du divorce de ses parents protecteurs. Mais, se rassurent-ils, des divorces et des mariages recomposés, ils ont en vu d'autres dans la saga algérienne. J'ai bien peur qu'ils se fassent des illusions car, jusqu'à présent, le pétrole coulait à flot dans cette calme demeure. Et quant la paye n'est plus au rendez-vous, madame et les petits prennent force de leur indépendance. Gare au brutal macho qui se retrouve les poches vides !

Qu'ils ne s'inquiètent pas, ils sont fonctionnaires et nous leur laisseront la pension de retraite comme consolation. Eux qui étaient habitués à la vie de Prince, il va falloir être raisonnable et se contenter de beaucoup moins. A moins qu'il y ait eu un renouvellement de génération dans cette maffia et que les enfants éclatés du divorce soient encore dans l’ascension de leur carrière.

Tant pis pour eux, fallait miser sur le bon cheval, à temps. Il y en avait un en course, grosse cote et délaissé des jeunes parieurs du DRS, il portait le nom de "démocratie".

Sid Lakhdar Boumédiene

Enseignant

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Commentaires (6) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Salim YAHIAOUI

DURES seront les chutes...

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