L'état d'urgence sera probablement prolongé en France

Hollande souhaite la prolongation de l'état d'urgence.
Hollande souhaite la prolongation de l'état d'urgence.

La prolongation de l'état d'urgence en France au-delà de la fin du mois de février est "tout à fait probable", a déclaré mercredi François Hollande aux présidents des deux assemblées, selon des propos rapportés par ces derniers.

Soucieuses de ne pas prendre le risque d'échouer à empêcher un nouvel attentat dans un contexte de menace "extrêmement élevée", les autorités françaises s'acheminent vers une prolongation de ce régime d'exception, mis en place le 13 novembre après les attentats qui ont fait 130 morts.

"Il l'a évoqué d'une manière tout à fait probable", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, après un entretien avec le chef de l'Etat. "Il nous a annoncé qu’il aura l’occasion de communiquer très vite pour permettre au Conseil d’Etat et au Parlement de se prononcer sur ce texte", a-t-il ajouté devant la presse dans la cour de l'Elysée.

A ses côtés, son homologue du Sénat, Gérard Larcher, a rappelé que cette prolongation supposait une procédure précise. "Le Parlement doit donc être saisi d’un texte présenté en conseil des ministres avec l’avis préalable du Conseil d’Etat", a-t-il dit.

Dans la matinée, après le conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll avait lié "les discussions en cours sur la question de l’état d'urgence" et "une menace terroriste à un niveau toujours extrêmement élevé". L'Elysée a précisé qu'une décision serait prise dans les prochains jours.

Plus de 3000 perquisitions

L'état d'urgence doit prendre fin le 26 février. Mais l'exécutif ne veut pas priver les services des moyens que leur donne ce régime d'exception avant l'entrée en vigueur de la future loi renforçant les moyens de lutte antiterroriste.

Le texte, qui doit être présenté le mois prochain au conseil des ministres, renforce les pouvoirs de la justice mais également ceux des préfets, ce qui a provoqué une levée de bouclier de certains magistrats.

Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, l'état d'urgence a permis de faire "en deux mois, plus de 3.000 perquisitions (...), qui ont permis la saisie de 500 armes, dont 50 armes de guerre". "Nous avons procédé à 400 interpellations, qui ont débouché sur 52 incarcérations", ajoute-t-il dans un entretien publié mercredi dans le quotidien La Croix.

Interrogé sur une prolongation, le ministre déclare qu'"il ne faut pas se priver des outils utiles. Il nous faut donc ajuster le dispositif en continu pour être efficaces". L'état d'urgence, "ça a été efficace dans la durée et il faudra sans doute continuer", a pour sa part déclaré le Premier ministre, Manuel Valls‎, samedi sur France 2, en soulignant en même temps qu'"un pays aussi a besoin de se sentir rassuré".

Selon un sondage Yougov publié la semaine dernière, 77% des Français sont favorables à la prolongation de l'état d'urgence.

Les réticences s'expriment surtout dans les rangs des écologistes et de l'extrême gauche, qui jugent ce régime liberticide. La Ligue des droits de l'homme a saisi le Conseil d'Etat, qui devrait examiner sa demande le 26 janvier.

Outre la loi qui renforcera les moyens antiterroristes, l'exécutif espère faire adopter la révision de la Constitution pour y inscrire l'état d'urgence et la possibilité de déchoir de la nationalité les binationaux nés en France condamnés "pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la nation". Cette dernière disposition rencontre de fortes réticences à gauche.

"S'il y avait aujourd'hui un vote, il y aurait une majorité au sein du groupe socialiste pour le voter", a cependant estimé mercredi le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, sur LCP.

Reuters

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