La chute du pétrole et l'impéritie du pouvoir

Une grave crise pointe à l'horizon. Que va faire le clan au pouvoir lui qui est habitué aux largesses ?
Une grave crise pointe à l'horizon. Que va faire le clan au pouvoir lui qui est habitué aux largesses ?

La chute des prix du pétrole ne va pas sans créer des tensions dans les pays producteurs. En l’espace d’un peu plus d’un an, le cours du baril a baissé par trois, pour frôler les 28 dollars. Sales perspectives pour l'Algérie et les autres pays producteurs de pétrole.

Les indices économiques n’augurent rien de bon pour eux. Car l’effondrement du cours du baril aura inévitablement les prochains mois des conséquences économiques dramatiques dans plusieurs pays producteurs de l’or noir. Le pétrole qui s’échangeait à 115 dollars le baril, il y a 18 mois, tutoie les 28 dollars désormais. Il a enregistré une baisse de 15% depuis le 1er janvier. Si l’on ajoute le retour du pétrole iranien sur les marchés mondiaux, tout porte à croire que la reprise n’est pas pour demain malgré les assurances de l’Opep.

En Algérie, le gouvernement Bouteflika-Sellal peine à sortir son parachute pour éviter le crash au pays. Il préfère poursuivre des mesures à la petite semaine. Incapable d’avoir une vision macro-économique de sortie de crise et un programme global avec un vrai contenu et des perspectives, l’équipe au pouvoir mouline dans le sable, gérant le pays comme une épicerie (voir les derniers chiffres sur la balance commerciale).

Pourtant à leur arrivée, Abdelaziz Bouteflika et ses gouvernements ont profité d’une embellie pétrolière frisant l’insolence. Il faut rappeler que le baril était à 142 dollars au troisième mandat du chef de l’Etat. Une bénédiction tombée du ciel pour permettre au pouvoir de dépenser à tour de bras ! Qu’a-t-il fait de la formidable manne financière engrangée pendant 16 ans ? Très peu eu égard au matelas financier disponible. Des réalisations éclaboussées par des scandales de détournements astronomiques à l’image de l’autoroute. Quid de projets producteurs de richesses et créateurs d’emplois ? Très peu pour constituer un contrechoc pour le lancement économique.

En revanche, la pompe à finances de la politique sociale a fonctionné sans mesure. Ce qui a permis d’acheter pour un temps la paix sociale. Les chantiers publics ont bénéficié à une clientèle de magnats qui ont largement profité de ces marchés pour ramasser des millions de dollars. Après avoir sommeillé sur ses lauriers, l’Algérie de Bouteflika se réveille brutalement. Maintenant, les ministres apprennent à parler création de richesses, développement, etc pour conjurer la crise qui vient. Trop tard ! Manque de visibilité quand tu nous tiens, les financiers de la présidence ont bâti la loi de finances sur la base d’un baril à 37 dollars. C’est dire qu'on n'est plus dans l’équilibre. Car justement pour équilibrer le budget et faire face à toutes les dépenses faramineuses auxquelles le pouvoir s'est largement habituées, le pétrole doit remonter jusqu’à 93 dollars le baril, autant dire que c’est mal parti.

Dépendantes jusqu’à l’impossible de la rente, les autorités doivent désormais tailler à la serpe dans les enveloppes distribuées auxquelles elles ont habitué des pans entiers de la population. Par quel secteur commencer ? Qui sera touché par les économies à faire ?

Au 1er janvier, les Algériens se sont réveillés déjà avec les premières flambées de prix : essence, gaz, produits de première nécessité, etc. Par un effet dominos, la flamme inflationniste va gagner tous les étages de l’économie. A peine rendue publique, la loi de finances élaborée sur la base d’un baril de pétrole à 37 dollars est déjà dépassée. C’est dire l’impéritie légendaire de ceux qui nous gouvernent.

Yacine K.

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khelaf hellal

"la loi de finances élaborée sur la base d’un baril de pétrole à 37 dollars est déjà dépassée. " Cela signifie aussi que l'Algérie sera obligée de recourir à l'endettement dans le cours terme. La mise à nu a déjà commencé, le système est pris dans l'engrenage de ses propres turpitudes, ses sources de survie ont tari, ses clientèles interéssées vont s'en méfier et disparaitre. Il ne lui reste plus qu'à jouer le pipeau de l'ancien temps pour chanter ses refrains abandonnés : El intadj ouel intadjia, le travail et la rigueur pour une vie meilleure.