Le Canada, un voisin dangereux des États-Unis ?

Justin Trudeau, le premier ministre canadien qui se fait photographier avec une réfugiée.
Justin Trudeau, le premier ministre canadien qui se fait photographier avec une réfugiée.

Le Canada est actuellement perçu par plusieurs politiciens américains comme une menace à leur sécurité nationale. Un voisin dangereux qu’ils pourraient avoir à contrôler.

Dire qu’il y a une incompréhension des Canadiens relativement à la peur des islamistes qu’ont les Américains est un euphémisme. Les propos du candidat à l’investiture du Parti républicain et magnat de l’immobilier, Donald Trump, qui veut interdire l’accès des États-Unis aux musulmans, sont actuellement sujet de raillerie au Canada qui s’apprête à recevoir 25 000 réfugiés syriens. Les médias ont même publié un sondage qui montrait que les Canadiens ne voudraient plus voir son nom sur ses actifs immobiliers au pays.

Cette vision canadienne de la situation est en contradiction directe avec celle qu’ont une bonne partie des Américains. Donald Trump, qui lit les sondages comme d’autres les saintes Écritures, n’est pas le seul à vouloir contrôler l’entrée d’immigrants. À la mi-décembre, un autre candidat à l’investiture républicaine, Ben Carson, affirmait vouloir mettre l’armée et la Garde nationale américaines à cette frontière. Le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, a aussi déclaré en aout que la construction d’un mur à la frontière canado-américaine méritait réflexion. Un sondage de la firme Bloomberg montre de plus que près de 40% des Américains étaient en faveur de cette construction. Les élus américains de la Chambre des représentants ont d’ailleurs adopté en octobre un projet de loi qui oblige le Département de la sécurité intérieure des États-Unis à faire une analyse de la menace à cette frontière. Il est spécifiquement question de l’étude des menaces terroristes actuelles et potentielles posées par les personnes qui cherchent à entrer aux États-Unis en provenance du Canada.

La raison de cette situation est simple. La frontière entre les deux pays est de 8 891 km de longueur. Elle part de l’Alaska et va jusqu’à l’État du Maine. Plus de 75% de tout ce qu’exporte le Canada la traverse. Le rapport d’octobre 2015 sur le commerce des marchandises montre que les États-Unis achetaient 75% des produits exportés par le Canada, soit plus de 32 milliards de dollars pour ce seul mois. C’est 10 fois plus d’achats que n’en fait son plus proche rival, l’Europe. Plus de 500 milliards de dollars d’exportation annuels pourraient subir un impact important si les États-Unis décidaient d’augmenter encore une fois leur niveau de sécurité à leur frontière. Il y a plus de 70 millions de voyageurs et 35 millions de véhicules qui traversent annuellement cette frontière. Un premier resserrement de la sécurité avait eu lieu après les attentats du 11 septembre. Il avait créé le chaos pendant des années et couté des milliards de dollars aux ressortissants canadiens.

La possible présence de terroristes cachés dans les 25 000 réfugiés syriens que le Canada a promis d’accepter ne peut pas être négligée. Il faut se rappeler qu’au moins deux des islamistes radicaux qui ont tué 129 personnes à Paris le 13 novembre dernier s’étaient fait passer pour des réfugiés syriens. Le fait que le Canada n’accepte que des femmes et des enfants n’est pas plus rassurant puisque Tashfeen Malik âgé de 29 ans était considéré comme le cerveau et la personne la plus radicalisée du couple qui a tué 14 personnes à San Bernardino en début décembre. De nombreux cas ont de plus montré au cours des années l’existence de réseaux islamistes et des menaces réelles. L’algérien Ahmed Ressam qui a été admis au Canada parce qu’il fuyait les services de sécurité de son pays avait en sa possession de quoi faire sauter l’aéroport international de Los Angeles quand il a été pris sur un coup de chance après avoir franchi la frontière. Plus récemment, le procès de deux immigrants islamistes accusés d'avoir fomenté un complot pour le compte d'Al-Qaïda pour faire dérailler un train de passagers entre le Canada et les États-Unis montre que c’est une menace actuelle.

Il faut ajouter à cette situation que la réputation du Service canadien du renseignement de sécurité n’est pas très bonne aux États-Unis qui sont habitués à des services plus musclés comme la CIA. Le SCRS pourrait même avoir été infiltré par des factions islamistes. Le 2 décembre la Turquie a inculpé un présumé espion pour le Canada, Mohammed Al-Rashid, qui aurait fait le trafic humain de jeunes filles de 15 et 16 ans. Il aurait aidé trois adolescentes britanniques à rejoindre le groupe armé État islamique en Syrie en passant par la Turquie. Que ni le SCRS, ni le ministre de la Sécurité publique n’aient voulu commenter cette situation n’est pas une chose qui va augmenter la confiance du public américain dans le renseignement canadien.

Comme si cela n’était pas assez, le premier ministre canadien, Justin Trudeau et les membres de son gouvernement prêtent flan à la rumeur qu’ils sont des sympathisants islamistes. Le nouveau chef de l’État canadien avait participé en 2013, habillé comme un Bédouin, à un rituel de prières islamiques, à l’école islamique de Calgary. Ses actions auraient été à ce point déplacé que même le Congrès musulman canadien dénonçait en juillet 2013 la participation de Justin Trudeau à l’activité de «l’Islamic Society of North America» (ISNA). De plus, le nouveau député fédéral de Mississauga-Centre, Omar Alghabra, est pointé actuellement par les médias sociaux comme étant un partisan de l’islam radical qui verrait la charia comme un système judiciaire acceptable. Il est le nouveau secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères. Pour en rajouter une couche, la chaine qatarie de télévision Al Jazeera mettait en vedette il y a quelques jours la vidéo d’une chorale d’écoliers d’Ottawa qui chantait un hymne musulman qui célèbre la soumission officielle des habitants de la péninsule arabe à l’Islam en juillet 622. Une prestation qui aurait été pensée dans le cadre de l’accueil des nouveaux réfugiés syriens!

Que toutes ces allégations soient vraies ou fausses n’a que peu d’importance quant il est question d’opinion publique. Les politiciens savent tous que l’apparence est aussi dommageable que la réalité. Il est facile de comprendre que tout cela mit en relation avec la psychose qu’ont créée les attentats d’islamiste aux États-Unis et en France alarme la population américaine qui exige des actions concrètes. Dans leur insolence et leur incompréhension de ce qui se passe chez leur voisin du sud, les Canadiens s’offrent en cible à cette peur et s’exposent à une punition qui pourrait s’avérer douloureuse.

En conclusion, si l’accueil de 25 000 réfugiés syriens est une bonne action humanitaire que fait le Canada, elle est accomplie sans prendre en compte les préoccupations d’une partie prenante essentielle au bienêtre économique du pays. Le fait que Justin Trudeau n’a pas réussi à rassurer les Américains quant à leur sécurité est une erreur tragique qui pourrait avoir des conséquences graves. Il est question ici de plus qu’un manque d’empathie ou même d’incompréhension de ce que vivent actuellement les citoyens américains. La peur sécuritaire qui est ridiculisée au Canada est largement rependue aux États-Unis. Elle repose en partie sur des faits qui sont sous-estimés par les autorités canadiennes. L’impact psychologique pour les Américains de voir leurs voisins du nord accueillir ces réfugiés est réel et doit être pris en compte de toute urgence. Si cela n’est pas fait, les dirigeants américains pourraient être poussés à prendre des mesures qui seraient fortement déplaisantes aux Canadiens et néfastes à leur économie. Qu’un de ces réfugiés soit responsable d’un attentat aux États-Unis pourrait même engendrer des répercussions terribles. La crise des missiles de Cuba montre jusqu’où peuvent aller les Américains quand ils sentent leur sécurité menacée à leur propre frontière.

Michel Gourd

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (1) | Réagir ?

avatar
khelaf hellal

Le PM est en train de chatouiller l'inconscient collectif, les idées recues de ces migrants pour sympathiser avec eux et les accueillir. Mais est-ce, réciproquement ces gens-là acceptent les us et coutumes du pays hote ? Sympathiser, c'est respecter les valeurs et le mode de vie de l'autre mais est-ce que réciproquement l'autre respectera les valeurs et le mode de vie du pays d'accueil ? Rien n'est moins sûr avec toutes les immixtions des islamistes dans la vie publique des Canadiens que nous connaissons.