La femme, problème ou solution en Algérie ? (III)

Manifestations de femmes kabyles suite à l'interdiction décidée par un directeur aux filles de porter leur robe kabyle.
Manifestations de femmes kabyles suite à l'interdiction décidée par un directeur aux filles de porter leur robe kabyle.

Si le monde arabe ne possède aucune stratégie, il a par contre une constante : un problème nommé femme.

Quel crédit accorder à ces prévisions alarmistes ? Vous semblent-elles exagérées ou conformes à la réalité ?

Etant donné que l’excès n’est jamais neutre, des prévisions alarmistes impliquent nécessairement qu’elles soient sous-estimées ou surestimées. Si le monde arabe ne possède aucune stratégie, il a par contre une constante : un problème nommé femme. Le Prophète l’avait prévu avant de mourir : la fille d’Eve sera la seule fitna. Les conquêtes n’ont fait que lui donner de l’ampleur. Arabiser la femme berbère, pharaonique, mésopotamienne, perse… qui jouissait d’un statut loin d’être inférieur, n’a jamais été facile. Une Ouma hybride condamnée à une «nervosité» chronique et meurtrière. Chasser le naturel, il revient haché par le trou de la serrure. Par exemple en Iran, malgré l’application de la charia, la polygamie est pratiquement inexistante, 60 % des filles accèdent à l’université et se marient de plus en plus tard malgré l’abaissement de l’âge du mariage. En Turquie, pour le viol et le meurtre d’une seule jeune fille, des milliers de femmes sont descendues dans la rue en menaçant le régime. On a vu cette réaction en Inde, jamais en Algérie sauf dans l’exception kabyle et encore. La Kabylie, minée par les terroristes, mise à l’index, laminée par les émeutes, les grèves à répétition…elle arrive à fournir les conditions idéales chaque année aux mères pour que leurs enfants décrochent la première place à l’école au niveau national. Le wahhabisme peine à percer sa carapace. C’est là où on y trouve le plus grand nombre de femmes dévoilées et "dévoyées" occupant l’espace extérieur.

L’homme peut compter sur elle, il suffit de voir les couleurs chatoyantes des manifestations. Sans oublier le poids économique de la région grâce aux doigts de fée de la gent féminine. Ici, la famille fonctionne mieux qu’ailleurs, le lien social résiste, une mixité plus réelle. Ce qui a sans doute manqué aux femmes mozabites, la visibilité des femmes kabyles… Quelle force peut provoquer l’effondrement ? Les islamistes obligés de se cacher derrière le pouvoir pour briser toute revendication féminine, ils ont beaucoup perdu de leur assurance de jadis et le djihad en Orient a déplacé les pétrodollars. A moins qu’ils s’allient ouvertement avec les généraux et assumer un autre génocide. Connaissant, la vieille tactique, ils commenceront par les 10 % de femmes qui résistent à la pression du voile. Traduction, s’attaquer au noyau dur du pays, c’est loin d’être acquis quand l’ethnologue et ministre de la Culture français, André Malraux se montre aussi admiratif qu’un Ibn Khaldoun (10) :"Ah ! Les Kabyles ! Quelle valeur ! Quelle bravoure ! En Algérie, nous vous devons tous nos échecs et toutes nos difficultés."

Au début, à la Place Tahrir, il y avait autant de femmes que d’hommes aucun viol aucune agression rien. L’Egypte était humaine et souriait aux caméras. Après la chute de Moubarak, la foule avait changé s’était muée en monstre. Deux Egypte l’une avec des femmes et des hommes ; l’autre avec des hommes contre des femmes. Très souvent, c’est la mère qui transmet la misogynie à son fils si elle n’en est pas la cause. La psychologie parle de l’intériorisation d’une infériorité imposée. Que peut faire la génitrice si seul le garçon peut lui donner de la valeur. Quant aux filles, c’est le géniteur qui semble devenir leur meilleur avocat. Est- ce à cause de sa «trahison» qu’il perd sa place de tuteur incontesté dans le Code de la famille ? Durant le Printemps arabe, des journalistes, rapporte El Watan, avaient demandé à des militaires si l’armée pouvait tirer sur la foule si on lui donnait l’ordre. Unanimement, ils répondirent non. La réponse n’est pas surprenante, l’espoir est donc permis…

2.- L'Algérie possède-t-elle un recours interne pour s'en sortir ? Quels sont les atouts qui restent entre les mains de l'Algérie ? Quelles seraient les thérapies ?

Si l’instinct de survie existe, il y a forcément un recours interne. Curieusement si la division a empêché le décollage du pays, elle freine l’aspiration du sous-sol. Le pouvoir depuis 1962 n’a plus les moyens de continuer à mentir. La terreur aveugle dans les bus les marchés le génocide de pauvres villageois ont complément bousiller l’"âge d’or". Cette fracture est un atout. Il y a des filles kidnappées aux portes des lycées et des universités par des repris de justice des repentis reconvertis à la traite des femmes. Il y a aussi des filles voilées ou pas qui entretiennent avec des camarades des collègues masculins des liens fraternels qui rendraient jalouses leur mère ou leur grand-mère qui avaient connu la minijupe et les booms dans un environnement plus propice. La société a évolué loin des lieux de culte et de la sphère politique comme partout ailleurs parfois en mal parfois en bien. Des stratégies de la division, les Noirs ne se sont jamais relevés du fameux racisme, cette victimisation qui bloque de facto toute évolution interne entrainant le racisme «arc-en-ciel»en réinventant les races. Idem pour les émigrés qui font la victoire de la Gauche pour se retrouver dans le social, l’assistanat à vie. Quant au temple de la Tradition, veillé exclusivement par les femmes, n’importe quel historien curieux et courageux peut facilement démanteler l’arnaque. En Chine, la dynastie des Song trouvait les femmes trop ressemblantes aux hommes, elle a bandé leurs pieds. Celle des Ming, obsédée par la peur de la trahison, a inventé le suicide vertueux des veuves.

En Algérie, parce que le Dey avait destitué son Bey avant de l’étrangler, les Constantinoises se drapèrent d’un voile noir pour l’éternité. Demain quand le souvenir du haïk blanc (des Fatimides) s’estompera de la mémoire collective, cette derrière, amnésique du rôle du FIS, enregistrera le hijab (des wahhabites) comme faisant partie de la tradition locale et ancestrale... La chute du prix du pétrole peut secouer le "mammouth". La pauvreté obligera la femme à s’investir donc à améliorer sa situation et remonter sa cote de valeur. On le voit, le retour à la maison et la femme voleuse d’emploi à l’homme n’est plus dans le discours des «puristes». On a plus besoin d’elle dans un taudis que dans un palais. Ibn Khaldoun l’avait dit : l’esclavage a causé la chute de la femme arabe et ce dernier est un luxe que seuls les riches peuvent se permettre.

L'immédiat ?

S’il n’est pas trop tard, il est urgent de réparer ce qu’a fait le ministre des Affaires religieuses et de l’Enseignement originel de Boumediene dans les années 70. Il faudrait "tirer la sonnette d’alarme" et "alerter l’opinion publique algérienne" en multipliant les interventions dans les medias lourds interviews et tables rondes de politiciens d’experts de docteurs dans toutes les disciplines et d’imams toute catégorie pour détricoter la venimeuse toile. Réparer une injustice en affirmant que la femme algérienne n’est pas le problème. Il faudrait l’innocenter des crimes qu’elle n’a pas commis. Le séisme ce n’est pas elle, ni les inondations, ni la chute du prix de pétrole, ni la corruption ni la signature de contrats bidon, ni le réchauffement de la terre, le chômage des hommes, la mort des abeilles, les usines fermées, l’importation de plus de 90% de la nourriture de vêtements de médicaments. Dans toutes les sphères du pouvoir, elle ne figure que comme bonne à tout faire même auréolée d’un diplôme universitaire et un piston en béton. Ce que les mots ont détruit, les mots peuvent réparer et les traces s’en iront à force d’obstination. Il faudrait qu’elle récupère son honneur perdu afin de rejoindre la communauté internationale et être utile enfin. Pour que la femme soit l’avenir de l’homme, qu’elle soit la solution comme l’affirment les analystes des grandes puissances. Il est temps en ces moments troubles et incertains, que l’Algérie se renforce en reconnaissant que la moitié de sa population appartienne à l’Espèce. A moins que l’Algérienne n’en soit pas digne, alors comme dit le proverbe, il vaut mieux être seul que mal accompagné. Et là, on pense à l’été 1992, éclairant le trou noir de l’Algérie, une étoile filante et solitaire : Hassiba Boulmerka. (Fin)

Mimi Massiva

Renvois

  1. Wikipedia
  2. Cheikh Bentounès (El Watan 21/ 10/2014)
  3. L’Echec des Systemes Politiques en Algérie (Slimane Medhar)
  4. Borromans – Le ministère de l’Enseignement Originel et des Affaires Religieuses en Algérie numéro VII, 1992, p. 141 (Mahfoud Bennoune, les Algériennes)
  5. Le Figaro économique (24/09/2013)
  6. Le Figaro économique (21/09/2009)
  7. Michael Silvestein (partner du BCG)
  8. L’Enigme de la femme Active (Pascale Molinier, docteur rn psychologie))
  9. L’Emergence de femmes au Maghreb, une révolution inachevée (Kamel Kateb)
  10. Heureux les Martyrs qui n’ont rien vu (Mohand-Aarav Bessaoud)

Lire aussi :

- La femme, problème ou solution en Algérie ? (I)

- La femme, problème ou solution en Algérie ? (II)

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Messaoud MESSAOUD

"Ce que les mots ont détruit, les mots peuvent réparer et les traces s’en iront à force d’obstination. "

les femmes ne sont coupables de rien. au contraire les femmes Kabyles apportent de la couleur à la vie par leurs vêtements joyeux.

le noir des femmes wahhabites est un non sens. ce n'est pas la culture des Algériennes et Marocaines.

mettre un petit foulard coloré ne pose pas de problèmes, mais s'habiller en corbeau, là c'est trop.

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mounis benchikh

c'est vrai le monde Arabe a un problème sérieux avec la femme, pourquoi ? parce qu'il est vide à l'intérieure, pas de respect, ni d'élégance, seulement de l'agression en deux mots c'est un monde malade. (loin de la stratégie) si c'est pas se marier avec 4 femmes, ça c'est une stratégie.

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