Défavorables à plus de 65% de ces derniers, ces résultats ont provoqué deux moments de protestation: d'abord le rassemblement de fin octobre des recalés qui y ont dénoncé le fait de voir des fraudeurs "réussir" par la grâce du système en place et occuper ainsi des "places" qui seraient autrement revenus à certains d'entre eux et, ensuite, l'occupation, en début novembre, de la faculté de médecine par les plus de 400 lauréats qui ont exigé la validation de leurs résultats ainsi que l'identification et la sanction des fraudeurs et de leurs complices.

Quel que soit leur angle d'attaque, et avec le soutien notamment de leurs parents, d'étudiants en médecine, de prestataires de services de santé et d'universitaires, ces candidats viennent de faire front contre la TRICHE qu'il soupçonne avoir dominé dans ce concours, au détriment non seulement de la compétence, du mérite au travail et de la dignité de tous les candidats honnêtes mais, à terme, au détriment de la santé des citoyens, du devenir des universités et des risques que des docteurs et spécialistes faussaires feront peser sur elles demain.

Consciemment ou pas, ces luttes sont au diapason des aspirations de la majorité de nos concitoyens qui sont plus que lassés de la prédominance de la TRICHE et de ses modes de réalisation qui vont de la simple duperie à l'acte criminel, en passant par le trafic d'influence, la corruption, l'abus de pouvoir, l'abus de biens sociaux, etc. Dans quasiment tous les aspects de notre vie!

C'est que la TRICHE (et ses divers modes de réalisation) est arrivée aujourd'hui à frelater tous les rapports entre la société et les institutions et entre les individus eux-mêmes. Elle n'a pu devenir une caractéristique aussi dominante du mode de vie des Algériens que grâce au système qui lui a permis, par laxisme ou intérêt selon les cas, de se développer en son sein et dans la société. Valorisée comme moyen idoine de "réussite" dans la vie et d'enrichissement "au moindre frais et au moindre effort", banalisée par l'impunité dont jouissent les fraudeurs qui n'hésitent plus de se gargariser et d'afficher avec fierté leurs réussites et fortunes mal acquises, adoptée de plus en plus par les gens du commun comme recours obligé de médiation, la Triche n'a pu s'imposer ainsi qu'au prix surtout de la perte de confiance dans la probité des institutions et de la perte graduée du sens des valeurs notamment morales qui constituaient depuis des millénaires le socle du vivre ensemble de notre société. Quant à l'Islam politique intégriste sous ses divers aspects (modéré, radical et armé), il a joué un rôle d'accélérateur dans ce travail de sape des fondements de notre société en pratiquant la TRICHE, en la bénissant et en en la "normalisant" aux yeux de ses ouailles sous des formes faussement mais à l'apparence religieuse/s.

C'est dire le danger d'effondrement qu'elle constitue pour notre Nation et l'extrême urgence de la remobilisation de toutes les forces saines du pays, dans la société et dans les institutions, pour la combattre. Et la solidarité avec les candidats à ce Résidanat est un aspect de ce combat à mener résolument! Car, et particulièrement dans la conjoncture nationale et régionale actuelle,

Nous ne devons plus céder sur l’exigence d’une normalité

républicaine et citoyenne à reconquérir!

Dans cette optique, nous déplorons vivement la manière dont les autorités concernées ont traité cette affaire du Résidanat 2015. En effet, ils ne semblent y être allés ni dans le sens de la recherche d'une issue pacifique à ce conflit, ni dans celui de la lutte, à leur niveau, contre la TRICHE. Et ce, même si cette dernière est implicitement reconnue par le Recteur d'Oran qui émet le vœu, dans son dernier communiqué, que "tous les candidats [puissent] aborder cette [2ème] session avec les mêmes chances équitables de réussite". En effet, le fait d'annuler les résultats du concours et d'en reprogrammer une autre session au vu seulement d'un "dysfonctionnement" qui aurait été décelé dans les "modalités de … confection des épreuves du concours" aurait été recevable par les protestataires si les décideurs avaient pris la peine de les écouter, de prendre en compte leur dire et de vérifier sérieusement et dans la transparence ne serait-ce que les soupçons de fraude qu'ils dénoncent. Ces protestataires auraient peut-être déjà arrêté l'occupation des lieux qu'ils ont choisie à contrecœur comme forme de lutte, malgré les désagréments qu'ils imposent ainsi à tous les utilisateurs de la Faculté de Médecine, dont nombre de leurs soutiens, et en dépit du risque de leur isolement et étouffement de ce fait.

Mais les décideurs ont opté autrement. Ils ont choisi d'ignorer les protestations des candidats et de les faire taire au moyen de la répression commanditée par voie de justice interposée. Ce faisant, ils ne se rendent même pas compte des responsabilités qui leur incombent dans la persistance (pour ne pas dire la provocation) de ce conflit et de son aiguisement éventuel. Tout comme ils ne se rendent pas compte de leur propre (auto) remise en cause tant par la manière dont ils ont expliqué la décision de reprogrammer ce concours, tant par leur décision de le faire refaire dans les mêmes conditions d'organisation que celles qui qui ont prévalu à l'annulation des résultats mis en cause, que de la couverture de la TRICHE dénoncée au cas où celle-ci viendrait à se révéler un jour. C'est hallucinant! D'où notre appel à la mobilisation citoyenne résolue contre la triche.

Le MDS-Oran