Gouverner c’est mentir en Algérie

Le pouvoir utilise le football pour la manipulation des foules.
Le pouvoir utilise le football pour la manipulation des foules.

De qui veut-on se moquer en affirmant que ce sont les joueurs et le staff technique de l’USMAlger qui avaient décidé de jouer la finale de la Ligue des champions d’Afrique, samedi 31 octobre, au stade Omar Hamadi ?

L’USMA a besoin de supporters, non de spectateurs, a-t-on dit pour justifier cette domiciliation pour le moins surprenante. Si c’était vrai, on aurait alors vendu les tickets à Bologhine, là où résident les supporters de l’USMA, pas à Cheraga. Décidément, si sous d’autres cieux gouverner c’est prévoir, chez nous gouverner c’est mentir.

Toute vérité n’est pas bonne à écrire, certes, mais celle-là est connue de tous : la décision de faire jouer ce matche à Bologhine n’a été prise ni par l’USMA, ni par la FAF, ni encore moins par le ministère de tutelle ; elle a été prise à un niveau beaucoup plus élevé, pour des raisons sur lesquelles il n’est pas bon d’épiloguer, Ahmed Ouyahia ayant déjà sommé tout le monde de surveiller sa langue. En un mot, les tenants du pouvoir ne veulent plus voir soixante dix mille spectateurs rassemblés au stade du 5-Juillet, c’est clair comme l’eau de rosée sur une feuille de laitue.

La preuve, même le prochain match, Algérie - Tanzanie, comptant pour les éliminatoires de la coupe du monde 2018, est délocalisé au stade Tchaker de Blida. Un stade où on a appris sur les bouts des doigts comment gérer une foule peu nombreuse, savamment dosée de supporters, de militaires et de policiers.

D’aucuns vont même jusqu’à dire que si l’Algérie se qualifie au prochain tour, c'est-à-dire celui des poules, il est fort probable que c’est à Blida qu’elle tentera de décrocher sa cinquième qualification au Mondial. Ce sont les joueurs qui ont souhaité jouer là-bas, dit-on pour justifier l’injustifiable.

Le comportement des supporters lors des deux derniers matches amicaux de l’équipe nationale au stade du 5-Juillet, face respectivement à la Guinée et le Sénégal, a semble-t-il donné à réfléchir aux tenants du pouvoir. Ils craignent par-dessus tout que les supporters, déçus par un éventuel mauvais résultat d’un matche officiel, se mettent à entonner des slogans qui n’ont rien à voir avec le football.

En 1982, l’Algérie a été battue par les Girondins de Bordeaux (1-2) dans un matche amical au stade du 5-Juillet. A la fin de cette rencontre, des milliers de jeunes supporters, dont l’auteur de ces lignes, sont descendus à pied à Alger centre, en scandant "Houhou assassin !". Mais personne, à l’époque, ne s’est senti dérangé, ou menacé, y compris le premier responsable du secteur, Djamel Houhou. Et l’équipe nationale a continué, le plus normalement du monde, à recevoir au stade du 5-Juillet des équipes de renommée mondiale, dont entre autres la Juventus (3-2), le Pérou (1-1), le Real Madrid (2-1), le Bayern (0-1), etc. Autre temps, autre football !

Ahcène Bettahar


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Commentaires (2) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

La politique est née lorsque le premier menteur a croisé le premier naif !!!

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Bachir Ariouat

C'est pas d'aujourd'hui, cela a toujours était depuis que l'humanité a commencée à réfléchir et à agir pour son bien comme pour ses malheurs.