La violence dans le milieu scolaire algérien

L'absence d'activités culturelles et sportives ont contribué à faire de la violence un défouloir pour les jeunes
L'absence d'activités culturelles et sportives ont contribué à faire de la violence un défouloir pour les jeunes

La tutelle, représentée par Madame la ministre de l’Education, remet sur le tapis l’épineux dossier de la violence dans le milieu scolaire.

Elle a, reconnaissons-le, atteint des ampleurs intolérables et bloque toutes les démarches entreprises, de part et d’autre, pour mettre l’école sur les rails afin qu’elle revienne à son rôle : former la génération qui devra prendre le relais. La mise en place de ce chantier nous réjouit énormément parce qu’aucune réforme de l’école ne pourra aboutir si on n’éradique pas ou du moins, on n’atténue pas la violence dans nos écoles.

Pour résoudre ce problèmes, nous devons en chercher les causes afin d’arriver à lutter contre les conséquences. La violence dans les établissements scolaires est une continuité ou un prolongement de la violence qui règne dans la société et il appartient aux spécialistes de se prononcer sur cela. Un être qui a appris à répondre par la violence dans sa maison, dans son quartier, ou dans n’importe quel endroit où il se trouve, sans qu’il ne soit interpellé ou inquiété, ne peut adopter un autre comportement dans sa classe et dans l’enceinte de son école. Ce fléau qui ronge les établissements scolaires, ne relève pas seulement de l’école. Nous sommes tous responsables.

En effet les parents sont devenus démissionnaires et ne jouent plus leur rôle, malheureusement, dans l’éducation de leurs enfants. Bien sûr pas tous, mais une bonne proportion. D’ailleurs, ceux qui ont réussi à donner à leurs enfants une bonne éducation font face à d’énormes problèmes d’intégration rencontrés par leur progéniture dans les écoles publiques et se résignent par se tourner vers d’autres cieux plus cléments à savoir les écoles privées où ce problème ne se pose pas avec cette ampleur. Eduquer pour certains parents aujourd’hui, est devenu synonyme de répondre seulement aux besoins matériels de leurs enfants : «je lui ai acheté des livres, un ordinateur avec une connexion internet et j’ai aussi payé tous les cours particuliers qu’il prend. Que puis-je faire d’autre ?!». C’est la réponse qui revient dans la majorité des bouches du peu de parents qui se présentent dans les établissements scolaires suite à des convocations pour un manquement de discipline commis par leurs enfants. Je ne m’érige pas en donneur de leçons mais ces incidents gravissimes que nous rencontrons quotidiennement dans notre travail nous obligent de tirer la sonnette d’alarme. A titre d’exemple, je rapporte fidèlement la réponse d’une parente d’élève donnée à un professeur qui a préféré s’adresser à elle afin d’éviter tout dérapage quand il a remarqué que sa fille montait, à sa sortie de l’école, dans une voiture avec une personne plus âgée qu’elle de surcroit. «Et puis après, toutes les filles de son âge le font. Pourquoi pas elle ?». Un autre élève dans le bureau du censeur et en présence de son professeur et du personnel de l’administration s’dressant à son père venu suite à une convocation, quand il a essayé de prendre la parole : «Toi tu te tais, c’est à moi de parler.». Devant le regard médusé de tout ce beau monde ! Ce sont là des exemples parmi d’autres qui doivent nous interpeller. Les parents ont cédé de leur autorité sur leurs enfants. Que peut faire un enseignant dans des situations pareilles ?

Le mal être vécu dans nos établissements et par l’enseignant et par l’élève n’a fait qu’accentuer les choses. Ce n’est plus comme autrefois. L’enseignant n’est plus cet artiste sur scène, devant ses élèves, donnant son cours avec entrain et amour. «Enseigner», aujourd’hui, est devenu une corvée. Usé par une surcharge inadmissible des classes et par l’indiscipline et le laisser aller qui règnent dans les établissements, l’éducateur est dépassé et n’arrive plus à jouer son rôle. D’ailleurs, ce mal être se traduit par l’augmentation fulgurante et inquiétante, des départs en retraite anticipée dans le secteur de l’éducation. Ces demandeurs de retraite ont fini par se tourner, eux aussi, vers les écoles privées pour d’une part arrondir leur fin de mois et d’autre part ne pas finir leurs vieux jours comme des loques rangées par les maladies.

Rendre à l’enseignant sa place dans la société est une priorité pour faire aboutir ce chantier. Nous avons tous en tête ces campagnes incessantes de dénigrements lancées contre lui et qui le sont toujours, à chaque fois qu’il se manifeste pour réclamer sa dignité. Montré à chaque fois comme un violeur, un fainéant, un suceur de sang qui ne pense qu’à s’enrichir. Comment arrivera-t-il à gagner le respect de son élève afin d’instaurer un climat de confiance dans sa classe ? D’ailleurs, il est le seul fonctionnaire dont tous les Algériens connaissent, dans les détails, sa fiche de paie tellement reprise maintes de fois par les masses média ! Ces agissements rentraient dans une stratégie de dévalorisation menée contre l’enseignant, surtout pendant les grèves, afin de monter toute la société civile contre lui, ont fini par nuire énormément à la profession. Ceci ne nous permet pas d’écarter la responsabilité de certains enseignants. Ils ont des besoins énormes en formation et en recyclage

Revenant à l’élève qui a certainement ses raisons quoique la violence reste un comportement inacceptable et injustifiable. Qu’elle vienne de la part de l’élève ou de son enseignant. Que peut-on attendre d’un élève qui passe au minimum sept heures par jours assis sur une chaise dans une classe à suivre un enseignant usé et fatigué qui n’arrive à maitriser ni sa classe , ni son cours ? Arrivera-t-il à donner toujours le meilleur de lui-même ? Saura-t-il se contrôler quand il se voit harceler par son enseignant ou par son camarade ? Et cela sans parler des cours privés qu’il doit prendre à sa sortie de l’école ! Où sont passées les activités culturelles et sportives qui accompagnaient autrefois les cours ? L’école n’était pas seulement un lieu de savoir. Elle permettait aussi à l’élève de s’épanouir, de s’affirmer, de décompresser et de canaliser positivement cette formidable énergie dont il dispose en choisissant l’activité qui lui convenait le mieux, comme : le théâtre, la musique, le dessin, le football… Pour ces raisons, les programmes doivent être revus afin de décharger l’élève et de laisser une place à ces activités qui ont donné des résultats appréciables.

L’ouverture et l’aboutissement de ce dossier, parmi d’autres qui touchent de près l’école algérienne sinistrée, conditionne son avenir. Cela nous enchante et nous convainc qu’il y a une bonne volonté et une prise de conscience qui se profilent dans les horizons nous permettant d’espérer qu’elles sonneront la fin de la récréation, qui n’a que trop duré.

Lotfi Zaïdi

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (2) | Réagir ?

avatar
samir boularbeh

«Et puis après, toutes les filles de son âge le font. Pourquoi pas elle ?».

Pire encore, quand les elèves remarquent leurs enseignantes se comporter comme des adolescentes monter et descendre de voitures déférentes au lieu de donner l'exemple plus grave encore enseignantes et élèves s'echangent un certain type de materiel télédechargé du web..... c'est explicite non

avatar
Massine Ait Ameur

L'Algerie c'est la haine et l'agression a ciel ouvert. Gare aux altercations dans la rue tellement les gens sont haineux avec un couteau dans la poche. Tout cela est voulu pour terroriser la population pour qu'elle vive dans la peur et l'insecurite quotidienne.