Référendum au Congo: le peuple assène un camouflet à Sassou Nguesso

Denis Sassou Nguesso voulait par ce référendum devenir président à vie.
Denis Sassou Nguesso voulait par ce référendum devenir président à vie.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso a subi un camouflet lors du référendum organisé dimanche au Congo sur un projet de constitution qui lui permettrait de se représenter en 2016, a estimé lundi un des chefs de l'opposition à Brazzaville.

Il vient d'avoir un camouflet. Les Congolais ont refusé de voter, a déclaré Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), premier parti d'opposition au Parlement, dans un entretien téléphonique avec l'AFP. Les Congolais ne se sont pas déplacés, c'était le mot d'ordre que nous avions donné, a ajouté M. Tsaty Mabiala, pour qui la participation dimanche n'a pas dépassé 10%.

Selon les observations de plusieurs journalistes de l'AFP à Brazzaville et Pointe-Noire, la deuxième ville du pays, dans le sud, et les informations récoltées dans plusieurs autres grandes villes dans diverses régions, les électeurs semblent avoir largement boudé le référendum. Groupés en plusieurs coalitions, les opposants au chef de l'État ont qualifié cette consultation populaire de coup d'État constitutionnel et avaient appelé la population à la boycotter.

Le projet de constitution soumis aux urnes fait sauter les deux verrous qui empêchent M. Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat: la limite d'âge et celle du nombre des mandats présidentiels. Le porte-parole du gouvernement congolais, Thierry Moungalla, a indiqué que les résultats du référendum seraient annoncés mercredi soir au plus tard.

Ne disons pas que tous ceux qui ne sont pas allés voter adhéraient à la position de l'opposition. L'affirmer [...] serait un raccourci imprudent à ce stade, a ajouté M. Moungalla, appelant à ce qu'on ne regarde pas ce vote sous le prisme de Brazzaville et de ses quartiers sud, acquis à l'opposition.

Là où le suffrage s'est exprimé de manière forte ou très partielle, on constate une avance significative des suffrages en faveur du 'oui', a encore affirmé le porte-parole parlant de phénomène quasi-plébiscitaire dans les régions du nord [du] Congo comme dans la ville de Souanké (près de 10.700 inscrits) où, selon lui, la participation a été totale et le oui l'a emporté à 100%.

Selon la Commission nationale d'organisation des élections (Conel), un peu moins de 1,9 million de Congolais étaient convoqués aux urnes dimanche. Revenu au pouvoir par les armes en 1997, M. Sassou Nguesso, qui avait dirigé le Congo de 1979 à 1992, cumule plus de 31 ans à la tête du pays.

La campagne référendaire a été marquée la semaine précédant le scrutin par l'interdiction des rassemblements publics, l'assignation à résidence de certains dirigeants d'opposition, et des violences meurtrières qui ont ravivé dans l'opinion le spectre des épisodes de guerre civile ayant déchiré le pays entre 1993 à 2003. Plusieurs ONG locales et internationales ont dénoncé un climat de répression rendant impossible la tenue d'un scrutin dans des conditions démocratiques.

Lundi, l'internet mobile, les SMS et le signal FM de la radio française RFI, l'une des stations les plus écoutées du pays, sont restés coupés pour le sixième jour d'affilée. Après tout ce que nous avons connu comme tracasseries, arrestations, brimades, violences inouïes (...) nous allons continuer la désobéissance civile, a déclaré M. Tsaty Mabiala.

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

Et, pourtant, il sera là, il sera encore élu, c'est ça l'Afrique mon frère Africain.