La privatisation-prédation du système algérien

Depuis l'indépendance, l'Algérie vit des importations financées par le pétrole.
Depuis l'indépendance, l'Algérie vit des importations financées par le pétrole.

Il sera difficile de redresser la barre après avoir passé quinze ans à jouer au flambeur sur la scène internationale, à dépenser sans compter, à opérer une razzia sur l’argent des banques publiques et du Trésor pour engraisser les requins-rôdeurs de la privatisation-maison qui ont vu venir la proie.

Il n’y a pas de conditionnalités requises ni de garanties solides à faire prévaloir, il suffit de jouer des épaules et de miser sa brouette aux enchères pour rapporter gros. Le système est ainsi, il sait récompenser ses souteneurs.

Des entreprises-bidons sorties du néant ont bénéficié de prêts bancaires astronomiques, jusqu’à 3000 milliards, voire bien plus, des sommes inimaginables ont été détournées pour soi-disant développer les petites et moyennes entreprises privées en souffrance. Cette manœuvre s’est révélé n’être qu’un système de privatisation artificielle et sauvage où des sommes faramineuses ont été englouties sans rien voir venir en contrepartie.

Pour beaucoup de sociétés-écran privées comme National A+, Tonic Emballages le pot aux roses n’a pas tardé à surgir et le soi-disant investissement privé n’en était pas un en fait, il s’est révélé n’être qu’un leurre ou juste un moyen détourné pour saigner les banques publiques dont de grosses sommes d’argent ont été détournées et dilapidées dans les casinos de Paris ou encore recyclées dans des réseaux de blanchiment d’argent plus terre à terre à l’intérieur du pays. Le plus grand casse a été, en fait, celui de Khalifa Bank où là c’est carrément une banque à prête-nom qui est montée dans le but de siphonner l’argent des banques publiques. Une banque où beaucoup de membres de la nomenklatura du système politique y ont trompé à plein tube, ils y ont trouvé à se servir et servir leurs proches et amis sans mesure. Une aubaine inespérée qui a fait le bonheur des uns et des autres jusqu’à offrir des 4x4 flambants neufs à leur progéniture qui n’en rêvaient pas ou encore des villas cossues achetées à tour de bras sur les hauteurs d’Alger ou en bordure de mer aux frais de la princesse.

Quinze ans à rouler carrosse et à frimer sur les grandes places publiques du monde de tout ce que l’argent de la rente des hydrocarbures pouvait offrir de meilleur et la dolce vita royale qu’on ne voudrait voir s’arrêter en si bon chemin. Un premier, puis un deuxième mandat, puis jamais deux sans trois et pourquoi pas un quatrième tant qu’on y est. Ainsi vogue la croisière des gens heureux qui n’en ont cure des lendemains qui déchantent tant que l’argent coule à flots. On ne parlera de la rigueur «à la rigueur» que lorsque la fête sera terminée et lorsque la bérézina de leurs errements politiques, de leur insouciance, leur imprévoyance les fera tomber sur leurs pieds pour venir nous raconter une autre histoire de leurs inconséquences.

Quinze années passées à booster les économies des autres pays, à sauver des multinationales d’une faillite certaine, à garnir les carnets de commande et à faire tourner à plein régime les usines de production étrangères faisant en même temps développer leur technologie et leur savoir-faire, à allécher les hommes d’affaires du Golfe qui n’hésitent plus à faire le pied de grue à El Mouradia pour décrocher le graal de leur vraie conviction qui les a fait venir de loin.

Dans la foulée, le système de privatisation-prédation national conçu de toutes pièces se frotte les mains et se lèche les babines, impatient lui aussi de lever le gros gibier dans la curée. Les pratiques mafieuses, la corruption, le gain facile ont fait leur soudaine apparition renvoyant au diable vauvert les dispositions légales en cours et la morale publique ou ce qui en restait. Même la population est conditionnée aux réflexes pavloviens des miettes, attendant qui, un logement social, qui un crédit Ansej sans intérêts, qui un couffin de ramadhan profitant de la générosité sans faille du président- bienfaiteur que Dieu nous a envoyé avec le concours de la rente pétrolière du Sahara sans laquelle rien ne serait jamais arrivé.

A la place d’une économie de production performante et efficace, garantissant l’essor et le développement tous azimuts du pays, le système en a fait un comptoir d’importation, de réception du prêt-à-consommer, de biens d’équipements finis et de produits alimentaires de base, un comptoir d’importation submergé par des contenaires archi-pleins de produits flambants neufs et de marchandises diverses fruits du travail des autres que nos vaillants importateurs et concessionnaires en parfaits connaisseurs de la route des épices acheminent en Algérie comme des trophées de guerre prêts à la consommation directe.

Maintenant que l’hiver rigoureux pointe de son nez et que l’argent vient à manquer que dira la fourmi à la cigale : "Eh bien dansez maintenant !" La même réponse faite par ses maitres-chanteurs au bourgeois-gentilhomme qui a tout à apprendre, notre Boubagra qui jubile et qui sautille, heureux de se faire honorer du titre de Mamamouchi dans la débâcle de son imprévoyance.

Khelaf Hellal

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Bachir Ariouat

Il ne faut pas s'offusquer plus que la normale, c'est devenue une habitude chez nous, même avant 1962.

Il y a probablement des solutions à nous problèmes du moment, mais pour prendre les décisions nécessaires, nous revenons toujours à la base, le peuple, la liberté et la démocratie, mais la vraie pas celle de la France, mine de rien la France, n'est pas une démocratie, depuis la mort du Générale De Gaulle, pas un référendum n'a été organisé en France, pourtant dieu sait, combien de sujet très important ont étaient traitaient par les gouvernements successifs.

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anwa wiggi

Azul Fellawen,

Comme le chantait jadis notre illustre Ait Menguellet " Thamourthe tarvothe yekfane, sarssentside mitse tchane dhemaane atside tchareme"