Burkina Faso: la médiation propose de restaurer Kafando, le président déchu

La société civile mobilisée contre les putschistes.
La société civile mobilisée contre les putschistes.

Les médiateurs de la Cedeao ont proposé dimanche à Ouagadougou un "projet d'accord politique de sortie de crise" au Burkina Faso, prévoyant de restaurer le président Kafando, renversé par un coup d'Etat, et d'amnistier les putschistes. Mais la tension reste toutefois.

Le projet d'accord a été lu peu après 18h30 par le président de la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Kadré Désiré Ouedraogo.

Il est "honteux", a dénoncé le représentant de la société civile. Il prévoit la "restauration des institutions de la transition et du prédisent Kafando", la "libération sans condition de toutes les personnes détenues suite aux événements", "l'acceptation du pardon et une loi d'amnistie sur les événements consécutifs au coup d'Etat". Cette loi devra être votée avant le 30 septembre.

Par ailleurs, cet accord prévoit de maintenir les élections législatives et présidentielle, au plus tard le 22 novembre, et d'y intégrer les candidats pro-Compaoré exclus ces derniers mois suite à une loi votée par l'Assemblée intérimaire. Point important répondant au mécontentement des militaires putschistes, la proposition prévoit que "les personnes dont les candidatures ont été invalidées seront autorisées à participer aux prochaines élections".

Le sort du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), à l'origine du coup d'Etat, est lui "laissé à l'appréciation du président issu des prochaines élections". Depuis plusieurs mois, la société civile réclame la dissolution de cette troupe forte de 1300 hommes.

Le RSP, unité d'élite de l'armée dirigée par le général Gilbert Diendéré, un très proche de Blaise Compaoré, a pris le pouvoir jeudi en accusant les autorités d'avoir dévoyé le régime de transition post-Compaoré, notamment en excluant les partisans de l'ex-homme fort des élections prévues le 11 octobre.

Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de la Cedeao, a souligné que cette solution serait proposée mardi à l'UA lors d'un sommet extraordinaire. Le médiateur a lancé "un appel pressant au calme et à la non-violence": "N'allumons pas un feu que nous ne pourrons pas éteindre", a mis en garde le chef d'Etat. La France soutient totalement les efforts de médiation, a souligné dimanche le président français François Hollande. Il a mis en garde "ceux qui voudraient s'y opposer".

Plusieurs manifestations ont eu lieu ces derniers jours. Selon un dernier bilan hospitalier samedi, les violences qui ont accompagné le coup d'Etat ont fait au moins 10 tués et 113 blessés. Dimanche matin, une centaine de sympathisants du général Diendéré ont fait irruption dans l'hôtel où les médiateurs négociaient. Ils ont saccagé le mobilier du hall et chassé des anti-putschistes et des journalistes rassemblés devant l'établissement.

M. Sall est assisté du représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest Mohamed Ibn Chambas. Le général Diendéré - proche du président déchu Blaise Compaoré - et des représentants de la classe politique et la société civile ont pris part aux pourparlers. Gilbert Diendéré a affirmé que l'ex-président n'a joué aucun rôle dans le renversement du pouvoir.

Le coup d'Etat de jeudi a été mené pour empêcher le démantèlement de la garde présidentielle et parce que des anciens alliés de Compaoré n'étaient pas autorisés à se présenter aux élections, a-t-il indiqué. Le putsch a été condamné notamment par les Etats-Unis et par la France, ancienne puissance coloniale. Les Nations unies ont réclamé la reprise du processus de transition démocratique.

AFP

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