Cet Algérien…

Alger, ou une capitale qui étouffe.
Alger, ou une capitale qui étouffe.

Cet Algérien sait que l’illumination devrait se produire dans le noir absolu, et que cette terne clarté n’est point tentée de s’éclipser derrière une quelconque sagesse naissante, pour en laisser surgir après un halo de délivrance, il sait que l’évolution matérielle l’a conquis après l’avoir traîner par les cheveux, il en dépend à présent et ne peut en aucun cas se défaire d’elle, car cet algérien est corrompu jusqu’aux os.

Cet Algérien flâne à travers Alger la démente, qui se met tout à coup à se dévêtir devant ses yeux, ainsi les livres renaissent de leurs cendres, les regards s’échangeant, les pas ralentissent, et comme par magie, le besoin de posséder semble n’avoir plus de valeur à ses yeux, ainsi l’immense vide qui l’entoure, finit par s’inonder de suffisance. Mais l’explosion de ce décor qu’il contemple n’est que le mirage d’un dégoût qui paraît redonner à la ville ce qui lui revient de droit. Certes ! Ce n’est qu’une utopie qui se manifeste derrière son regard, mais semble vouloir lui montrer le vrai visage de la résistance. Car cet Algérien sait à présent que la révolution c’est l’espace évacué, l’absence qui distrait l’inattention, l’agitation calmée par le silence soudain. Il sait que la révolution… c’est l’abdication.

Mais il lui arrive parfois de se dire qu’après tout, l’histoire entière a été bâtie sur les bases de la résignation après avoir balayée les cendres de la résistance humaine, et que toutes les souffrances infligées aux êtres humains n’en laissaient places qu’à d’autres formes de souffrances.

Cet Algérien n’arrive plus à savoir s’il est le fruit de sa naissance somatique où celles qui s’ensuivirent, il sait qu’il mourrait à chaque doctrine qui le pénétrait, qu’elle soit volontairement embrassée ou pas. Ses résurrections n’étaient donc qu’un passage d’une paralysie à une autre, une sorte de chirurgie qui consistait à lui couper l’usage de ses sens tout en le maintenant en vie par doses de morphines. A ce moment, l’univers entier lui semble illusoire, rempli d’égocentrisme déployé, telle une armée s’apprêtant à conquérir un monde de mesquins par les impénétrables voix de l’illusion, un monde de dépravés, motivés que par le fantasme du triomphe, quelques soient les circonstances, il suffit juste que la pensée commune règne pour que les algériens se sentent égaux… et divisés.

Cet algérien veut se dénuder comme sa belle Alger, il veut renaître de nouveau et essayer tant bien que mal de vivre sa solitude dans la raison, sa propre raison. Il n’est donc plus question pour lui d’avoir la raison de ceux qui la rendent commune, au point de ne plus avoir la faculté ni le courage de la définir, en prenant le risque de se faire passer pour des aliénés, une sorte de discordance qui n’arrive et ne cherche pas à se situer, alors elle préfère se donner le pouvoir d’être dans la rationalité de l’unique pensée.

Après tous les désastres de la dépendance qu’il s’était infligé, cet algérien est plus que jamais tenté d’en finir une fois pour toute avec sa dépendance. Mais pour cela, il doit tout d’abord effacer tous les slogans - aussi raisonnables qu’ils soient - qui le culbutent et cherchent par tous les moyens possibles de l’unir à n’importe quel troupeau. Pourvu qu’il ne reste pas seul, ne se démarque pas… pourvu qu’il ne pense pas.

Zoubir Lounes

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Aksil ilunisen

Cet algerien vielli avili et impuissant par la force des temps paye maintenant trop cher le prix de son hypocrisie tant appreciee pendant ses annees de "jeunesse"!...........