Aurès Aviation, l’autre victime d’exclusion des hautes autorités

Louai Abdelmadjid
Louai Abdelmadjid

Le premier ministre ne cesse de répéter à qui veut l’entendre : "Il faut encourager les investisseurs algériens". Mais la réalité est tout autre. Sur le terrain, les investisseurs les plus sincères sont ignorés par les autorités, voire soumis au diktat de banques étrangères comme Dokorex de Larbi Ouahmed qui a dû fermer à cause d’une "erreur" de Natixis. Ou alors Aurès Aviation, première école de formation au pilotage algérienne, qui subit l’ostracisme des pouvoirs publics. Voire le mépris des responsables chargés du secteur de l’aéronautique.

Aurès-Aviation a été créée en 2000 par Abdelmajid Louai, avec l’agrément de la Direction de l'aviation civile et de la météorologie (DACM). Elle est la première école algérienne professionnelle de pilotage du secteur privé.

Aurès-Aviation est présentée par le ministre algérien des Transports, him self, comme étant «l'unique école en Afrique qui garantit des formations de haut niveau pour les pilotes de ligne et ceux aux commandes des petits avions» ; elle est aussi la première école privée professionnelle de pilotage en Algérie.

En dépit de toute la bonne volonté de ses initiateurs, au cours des dix années qui ont suivi sa création, l'école est soumise à un boycott de la part de l'État algérien, qui opte pour les écoles étrangères. Cette école est l’exemple même du travail de sape des investisseurs algériens par les autorités.

Des étudiants en pilotage avec la direction d'Aurès aviation

Premiers contrats puis plus rien

En 2010, le ministre des Transports algérien, Amar Tou, prend la décision de former les pilotes des compagnies commerciales algériennes en Algérie, au sein d'Aurès Aviation. La même année, les compagnies Tassili Airlines et Air Algérie signent un contrat avec l'école pour la formation de leurs pilotes.

Les équipements

Aurès Aviation dispose de locaux adéquats pour accueillir tous ses étudiants, (allant de 100 à 150 voire plus d'étudiants-pilotes). Les hangars pour les avions sont loués auprès de la direction de l'aéroport de Batna. La flotte d’Aurès Aviation est constituée de Piper PA-38 , Piper Arrow 28, Cessna 150 et Cessna 340. Aurès Aviation dispose aussi du premier simulateur de vol de type ALX en Algérie, livré fin mars 2010, en plus d'un autre simulateur d'hélicoptère.

En dépit de toutes les conditions que réunit cette école est victime d’un boycott systématique des autorités. Le directeur général Abdelmajid Louai Abdelmadjid ne mâche pas ses mots contre certains ministres et responsables. «Aurès aviation est lésée par les anciens responsables de la compagnie nationale Air-Algérie», pointe-t-il. Il cite l’ancien ministre des Transports, Amar Tou, l'ex-directeur général Boultif et bien d’autres responsables hauts placés.

Aurès aviation a subi une élimination d’un appel à soumissions portant formation de 200 pilotes. Air Algérie a préféré envoyer 200 pilotes en formation à Oxford, en Angleterre. "Nous avons été éliminés alors que nous disposons de tous les équipements nécessaires et conformes à cette formation que l'école d'Aurès-Aviation dispose tous les moyens conformes", rappelle le DG d’Aurès aviation.

La flotte de l'école

Le patron de cette école a adressé de nombreux courriers d’explication au DG d’Air Algérie et au directeur de l’aviation civile. Aucune réponse. Personne n’a souhaité lui expliquer les raisons de cette élimination d’un marché qu’il estimait à sa portée. Il a fallu la réception de ce courrier de la direction des ressources humaines qui l’a informé que l’appel d’offres a été déclaré infructueux. Pourtant les 200 pilotes ont bel et bien été envoyés en formation en Angleterre. Bizarre que cette manie des tenants de la décision de privilégier les boîtes étrangères.

Louai Abdelmadjid regrette aussi que son Etablissement n’ait pas été associé au deuxième appel à soumission auquel ont participé des écoles de pilotage étrangères. Deux de ces écoles ont été provisoirement retenues et convoquées pour négocier l’attribution officielle du marché. "Bien que nous remplissions parfaitement les conditions du cahier des charges, notre soumission a été rejetée sans pour autant avoir des explications de notre élimination de la course", observe encore Abdelmajid Louai, qui précise que "la commission des marchés d'Air Algérie a enfreint les lois de la République".

Le patron d’Aurès Aviation reste dubitatif devant les prises de décision des responsables algériens. Il s'interroge sur la cacophonie qui règne au sommet : "Pourquoi la précédente commission des marchés n'a-t-elle pas pris en considération les instructions de l'ancien ministre des Transports visant à accorder des priorités aux entreprises nationales, publique et privée ? Ces instructions figurent pourtant dans le cahier de charges d’Air Algérie; elles donnent la priorité aux offres nationales même à 25 pour cents plus chères que celles des étrangers. Je dirai mieux, nous, nous avancons des prix qui défient toute concurrence étrangère... Le règlement des frais en monnaies nationale permet la formation de 30 à 50 pilotes de plus ; la création d'emplois ainsi que la prise en charge des universitaires spécialisés dans l'aéronautique... En dépit de tous ces arguments, nous sommes laissés sur le carreau".

Plus loin, le PDG d' Aures Aviation accuse l'ancienne commission des marchés d’Air Algérie d'avoir supprimé une disposition du cahier de charges traitant de la caution bancaire pour faciliter à des écoles originaires de France, d’Angleterre. "Ces écoles n’investissent pas un dinar en Algérie alors qu'Aurès Aviation a placé une caution de 46 millions de dinars lors de la première soumission", précise Louai Abdelmadjid, P-DG d'Aurès Aviation.

On ne peut l'accuser d'incompétence puisque le premier responsable de cette école affirme posséder des attestations de services délivrées par Air Algérie justifiant que son Etablissement a toujours honoré ses engagements. Et de détailler les équipements : "Notre école dispose de moyens pédagogiques très modernes alors que les simulateurs des concurrents étrangers, eux, datent de 10 ans et plus. Quant à notre flotte elle est constituée de neuf avions en état de vol."

M. Louai en appelle aux autorités qui, pourtant ne cessent de parler d’encouragement de l’investissement national. L’exemple d’Aurès Aviation est parlant de cette indifférence que cultive le gouvernement à l’égard de donneurs d’ordre et porteurs de projets nationaux. "Nous sollicitons une intervention auprès du nouveau PDG d'Air Algérie afin de réétudier notre dossier de soumission et remettre l'école Aurès-Aviation dans son droit", réclame Abdelmajid Louai.

Depuis son lancement, cette école a déjà mis sur terrain et formé plus de 500 pilotes qui sont actuellement repartis à travers les compagnies d'aviation algérienne. "Notre école de formation a déjà fait ses épreuves, pourquoi l’écarter aujourd’hui à l’heure où l’Algérie a besoin des créateurs de richesses et d’emplois ?", se demande le PDG d’Aurès aviation.

Abdelmadjid Benyahia

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Commentaires (7) | Réagir ?

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sarah sadim

Si Loua Transcrivez votre acte de naissance à Oujda ou à Tlemcen, et hop toutes les portes s'ouvriront... Si vous etes Chaou aucune chance avec le régionalisme viscéral de Bouteflika et son 2quipe, alors émigrez ailleurs et ouvrez votre école c'est séruex comme conseil, essayez des Démarches de transfert sur Casablanca ? QUI NE TENTE RIEN N'A RIEN, pourquoi pas là bas aussi il y a les bled Chaouias de Settat à Casa.

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elvez Elbaz

Mais monsieur, vous les chawis vous êtes encore naïfs!

Ce pouvoir militaro-panarabiste ne nous veut algeriens que comme "arabisés" mais surtout pas "chawis ni kabyles ni mzabi... "

Changer de dénomination commerciale. Mettez plutôt "ARABEAVIATION" "DUBAIAVIATION" gaza aviation" "AHNAYA AVIATION" "OUJDA AVIATION" "CONSTANTINE ARABEAVIATION" "TLEMCEN AVIATION" MAIS PAS "aures ni djurdjura aviation"!!!!

Un pays qui met sur un piedestal bouteflika, saadani, ghul, chekib khelil, rahmani, sidi said, mezrag, hattab, bougara, hamadache et qui jette de l'opprobre sur SANSAL, BENCHICOU, DIB, MAMERI, DAOUD KAMEL, AMIRA BOURAOUI, HACHEMI CHERIF, DJILALI HADJADJ est un pays qui marche sur la tête!!!

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