La régence d’Alger, ses riches et ses pauvres

Bouteflika avec Abdellah Ben Nacer, premier ministre du Qatar, pays ami du président.
Bouteflika avec Abdellah Ben Nacer, premier ministre du Qatar, pays ami du président.

L’Algérie, vue du ciel, l’excellent documentaire de la série Thalassa aurait-il réveillé les appétits voraces des courtisans du sérail et autres caudataires du régime ?

La dernière sortie médiatique du ministre du Tourisme s’égosillant à défendre le foncier du littoral d’une part et le projet d’éviction des habitants des fermes jouxtant Moretti, une O.P.A, pour semble-t-il agrandir la résidence d’Etat, a de quoi susciter moult interrogations. Tout comme l’acquisition des terres agricoles de l’Algérie profonde, loin des tumultes et des regards d’Alger. La chute des prix du pétrole a poussé les privilégiés et authentiques algériens, malheureux résidents du Club-des-Pins de leur état, à faire feu de tout bois pour s’enrichir davantage, allant jusqu'à pondre des cadres de loi et d’autres subterfuges pour faire main basse sur le foncier du littoral et l’agriculture. Mégalomanie, que de crimes on commet en ton nom !

Les terrains les plus rentables pour s’assurer demain des dividendes tout aussi confortables sur le dos de l’Etat et du peuple. Il semblerait que d’importants lopins de terre agricoles ont été cédés à des pontes du régime pour en faire une chasse-gardée des OGM (Organisme génétiquement modifié). La commune de Ben Chicao de la wilaya de Médéa, dont les produits du terroir : le raisin et la pomme font sa réputation, est en passe de devenir une commune pilote du génétiquement modifié, dont les enjeux scientifiques pourraient sonner le glas de l’agriculture traditionnelle de la région et porter l’estocade mortelle à la force ouvrière paysanne. Le progrès technique à son apogée : plus de profits et moins de tracasseries salariales. Et sans surprise aucune, Monsanto, la très controversée compagnie américaine dans le monde, aura les coudées franches et toute latitude de mettre l’écosystème de toute une région en péril avec la bénédiction des puissants du moment.

Il n’est pas à écarter que d’autres forfaitures verront le jour tout au long de la côte, avec la complicité des factotum-walis de circonstance, pour la privatisation, au dinar symbolique, de criques et de plages au seul profit de la nomenklatura, ils pourront demain s’associer aux blédards du Moyen-Orient y construire des garçonnières, des hôtels et marinas et y exposer leurs insolences, leurs yachts et d’autres signes extérieur de leurs richesses mal acquises. La dolce vita de l’impudence. l’absolutisme politique dont ils se sont bien délectés, en bons sujets, quinze années durant. Déjà, de vastes terres agricoles de Tipaza ont été englouties par le béton, belles demeures, résidences secondaires et grosses cylindrées, crachant le feu, conduites par les enfants gâtés du système pour la frime et l’orgueil.

Le régime de Bouteflika, très pernicieusement, a réussi à éliminer la classe sociale moyenne, en attestent les grèves illimitées des instituteurs, des infirmiers, des ouvriers d’usines etc... Des gens honnêtes, gagnant leur pitance à la sueur de leurs fronts et le plus souvent n’arrivant pas à joindre les deux bouts, leurs salaires ? Une aumône dont certains ne s’en souviennent même pas après 2 semaines.

Les emphases et les beaux discours de rendre la dignité aux Algériens n’était qu’un leurre pour faire place maintenant à l’appel «les riches d’un côté ! Les pauvres de l’autre» Le népotisme du régent d’Alger ne va pas sans nous rappeler le "j’envie le système politique du tunisien Benali" lancé au lendemain de sa première investiture de 1999, nous étions loin dans notre immense ingénuité de penser qu’un jour un Trabelsi de sinistre mémoire puisse voir le jour en la personne de Said, le frère cadet de Bouteflika, fortement médiatisé par médias et réseaux sociaux interposés sur sa main mise sur les affaires de l’état sans légitimité populaire aucune. Et depuis, l’intrigue se la dispute à la mauvaise foi : un drebki, au misérable salaire s’est offert une villa en Île de France et un compte à craquer en Euro dans l’autre rive, et comment ne le ferait-il pas dans un orchestre bien huilé des prébendes dans les tours d’ivoire, feutrée et capitonnée d’Alger, Doha et Paris et d’une superbe villa de Virginie, gracieusement acquise pour services rendus au ministère des Energies et des mines.

La plèbe, tel un cogne-fétu, avec un sourire obséquieux, ignare de ses droits et ses devoirs, continuera à se tuer au labeur, coupable du crime d’être pauvre, parquée comme du bétail à la merci de ses gardiens, devra encore attendre quelques années quand tous les septuagénaires et octogénaires, dinosaures politiciens, encore saouls et ivres de leurs puissance auront passé la vie à trépas pour qu’enfin un oblatif président soit élu et que se dessinent à l’horizon les prémices d’une délivrance espérée en 1962, donnant ainsi un sens aux consonances démocratique et Populaire d’une république dévoyée depuis.

Brahim Ferhat

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Commentaires (2) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

Accusé de corruption, l’ancien président du Guatemala a été placé en détention provisoire

http://www. lemonde. fr/ameriques/article/2015/09/04/l-ancien-president-guatemalteque-va-etre-incarcere_4745379_3222. html

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Atala Atlale

Très juste M. Ferhat Brahim, nous ressentons à juste titre une grande frustration de voir nos meilleures terres du littoral - ouest surtout - accaparées par une faune de prédateurs biens logés et ayant pignon sur roue, en longeant cette belle route en direction de Cherchell nous constatons toutes les agressions contre de si beaux sites, des constructions indues, des limitations de propriétés sont apparentes sur de grandes étendues de terres, c'est moche de permettre cela, cela avait commencé par le domaine Borgeaud et depuis il y a eu d'autres petites Borgeaud. Les colons avaient abandonné leurs biens en 62 à l'indépendance de peur des représailles des Algériens dépossédés de leurs meilleures terres par la colonisation. On dit que l'histoire se répète, gare aux mauvais élèves. Giap avait dit cela de son vivant.