Le plan B grec : seul l’amateurisme est condamnable

Yanis Varoufakis
Yanis Varoufakis

L’erreur qu’a faite le gouvernement grec n’est pas d’avoir pensé un plan B, mais plutôt l’amateurisme qu’il a montré, tant dans sa création que dans la gestion de sa crise financière qui continue.

S’il y a une leçon à tirer de la crise de la dette grecque, c’est que les dirigeants des nations doivent se rendre compte que la domination de la haute finance mondiale lui donne actuellement le pouvoir de vie et de mort sur les pays les plus faibles. En Grèce, le manque de redondance au niveau des systèmes de gestion des finances du pays a créé un quasi-monopole de la Troïka. Il est donc tout à fait normal que le premier ministre Alexis Tsipras ait demandé à son ministre des Finances de l’époque, Yanis Varoufakis, de préparer un plan d’urgence au cas où la Grèce aurait été contrainte de quitter la zone euro sous la pression de créanciers intransigeants comme l’Allemagne.

C’était le droit le plus légitime du gouvernement Grecque de préparer un plan de contingence en cas de défaut de paiement. Il est tout à fait normal de penser à créer un système bancaire qui aurait été le seul à être fonctionnel au moment où les outils financiers liés à la Banque centrale européenne (BCE) n’auraient plus été disponibles. Le problème dans la situation grecque est plutôt qu’une bonne gestion de crise commence généralement plusieurs années avant que l’événement dommageable survienne. Depuis longtemps les gouvernements prudents identifient les situations qui pourraient être dangereuses pour leur population et la possibilité statistique qu’elles surviennent. Si cette probabilité et les dommages sont trop importants, ils se créent des plans d’urgence pour les contrôler ou les mitiger. La possibilité de créer une monnaie alternative et la transformation d’obligations en créances de l'État doivent être planifiées longtemps à l’avance pour une sortie réussie de la Grèce de la zone euro.

Ce n’est pas comme si la possibilité d’un Grexit était une nouveauté. Cela fait presque sept ans que la crise financière de 2008 a éclaté. En 2009, le déficit budgétaire grec était déjà grave à 12% du PIB, soit l’équivalent de celui de l'Espagne et d’autres pays vulnérables. La décote des agences de notation qui a entrainé la hausse des taux d'emprunt, la spéculation et un entêtement de la classe dirigeante grecque à conserver ses privilèges en ont été les principaux moteurs. Le système amène donc à une crise financière permanente et la spéculation est au niveau ou il était en 2007.

De plus, la situation financière du pays le rend vulnérable à de nombreuses conséquences potentiellement très graves. Le FMI et l’Eurogroupe avaient déjà suspendu les aides prévues dans le cadre du 2e plan d’aide dès l’annonce des élections législatives en Grèce. La BCE a alors refusé de verser les intérêts qui étaient dus sur les obligations grecques qu’elle détenait. Elle a aussi mis fin à l’alimentation normale en euro des banques grecques dès l’annonce du référendum, ce qui a créé une course aux guichets qu’elle a alimentés en refusant de relever le plafond des fonds d’urgence qu’elle accordait aux banques grecques. De plus, advenant un Grexit les citoyens pourraient subir une perte de pouvoir d’achat de 40% et une augmentation du coût de la dette du pays de même ampleur sans compter la spéculation.

Les dirigeants de la Grèce auraient donc dû faire depuis longtemps un plan de gestion de crise séparé de celui de la Troïka pour affronter une dégradation de la situation financière du pays. La fonction première du FMI et des autres organismes financiers internationaux, ce n’est pas de sauver les pays en danger, mais plutôt de préserver le système mondial. C’est ce que le FMI continue à faire avec zèle, et ce, au détriment des Grecques. Le plus troublant avec le plan B de Varoufakis n’est pas qu’il rappelle un bon roman, mais plutôt son amateurisme. Il montre qu’il n’existait aucun bon plan de gestion de crise au gouvernement grec pour protéger le pays de ce genre de situation. Ce fameux plan B aurait dû être créé depuis plusieurs années et mis régulièrement à jours en fonction de l’évolution de la situation. Un système de gestion de crises intégrant des redondances pourrait amoindrir le monopole de la haute finance sur les échanges internationaux d’un pays. Toutes les nations qui ne l’ont pas déjà fait risquent de s’en mordre les doigts.

La création de ce plan d’urgence est d’ailleurs toujours d’actualité. C’est une illusion de croire que la Grèce a obtenu trois ans de répit. Le FMI vient de remettre en question le troisième plan d'aide à la Grèce en refusant d’y participer tant que les Européens n’auront pas allégé la dette d'Athènes. Or, les Grecs doivent rembourser environ 3,2 milliards d'euros à la BCE d’ici au 20 août. Si les négociations sur le prochain prêt de 80 milliards d'euros n’ont pas mené à un accord à cette date, le Grexit fera encore partie des possibilités sur la table. Le cercle vicieux des décotes et des pertes financières risque donc de s’accentuer.

Michel Gourd

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Commentaires (1) | Réagir ?

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dalila Si Larbi

Trop de fautes de français dans vos articles... il faudrait penser à une relecture avant l'impression.