Botulisme : chronique d’un scandale sanitaire

Une des victimes du botulisme
Une des victimes du botulisme

L’apparition d’un nouveau foyer de botulisme à M’sila, où une personne est décédée mardi dernier après avoir été évacuée vers le CHU de Djelfa, vient d’aggraver encore plus une situation qui prend les allures d’un scandale sanitaire.

Tout a commencé à Kaïs, une ville située à 25 kilomètres de Khenchela, où cinq cas d’intoxication ont été enregistrés au début du mois de ramadan : Azzedine Sakkiw (24 ans), Rédha Aït Abderramane (11 ans), Khalil Saoulhi (une dizaine d’années) Amina et son frère Haroun Drarja (11 ans) ont été admis à l’hôpital de Kaïs avant d’être évacués au CHU de Batna.

Admis au service de réanimation, les patients les plus atteint à savoir : Rédha, Haroun, et Khalil vont être intubés et trachéotomisés. Après plusieurs jours de lutte contre le botulisme, les deux premiers décèdent, quant au troisième, il est encore au service de réanimation au CHU de Batna.

D’autre cas de Botulisme seront ensuite découvert à Batna. Abdelhamid Bouiche, un sexagénaire succombera au botulisme après quelque jours de coma.

Défaillance à tous les niveaux

Les parents des malades et des défunts que nous avons rencontrés à Kaïs ne décolèrent toujours pas. Ils accusent les services de l’hôpital de Kaïs et celui de Batna de négligence. Il faut dire que les médecins de l’hôpital de Kaïs n’ont pas jugé opportun, au début, de garder les enfants en observation malgré que les cas soient nombreux et qu’ils présentent les mêmes symptômes. A l’hôpital de Batna, les choses n’étaient guère mieux ; Rachid Drarja, le père de Haroun (décédé) et Amina (son cas est stationnaire) a déposé une plainte contre le service de réanimation du CHU qu’il accuse de négligence.

Les mêmes griefs sont faits aux services de la police et la direction du commerce de la wilaya (D.C.W). Ces derniers n’ont pas procédé au prélèvement des échantillons du cacher avarié que quatre jours après que le premier cas ait été signalé. Cette longueur dans les analyses a permis au commerçant de se débarrasser du morceau de cacher avarié, précisent nos interlocuteurs. L’échantillon envoyé à l’institut Pasteur d’Alger n’est donc pas exactement le morceau que le commerçant a vendu aux enfants.

Une enquête épidémiologique bâclée

L’échantillon analysé à l’institut Pasteur d’Alger ne provient donc pas des restes des assiettes des malades. Ce qui est primordial dans n’importe quelle enquête épidémiologique. Cependant, les tests effectués par le même institut sur les sérums des patients se sont avérés positifs. En outre, le compte rendu médical de Rédha Aït Abderramane, la première victime de Kaïs, établi le diagnostic d’une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) paralysante "très probablement de type botulique".

Pourtant, l’institut Pasteur ainsi que le ministère de la Santé ont mis du temps pour admettre qu’il s’agit de cacher avarié qui est derrière ces cas de botulisme. Les familles des malades voient derrière cette tergiversation une volonté cachée d’étouffer l’affaire.

La marque Bellat pointée du doigt

A Kaïs le mot de Bellat revient dans toutes les discussions. La marque spécialisée dans la transformation de produits carnés est accusée d’être à l’origine de la mort des deux enfants et des nombreux cas de botulisme. Dans les supérettes et chez les épiciers de la ville les produits de la marque sont boycottés, obligeant les commerçants à les retirer des étalages.

Les campagnes en faveur du boycott ont fleuri sur internet et le site de la marque a même été piraté.

Les nouveaux cas découverts dans la commune de Mdjedel dans la wilaya de M'sila cette semaine aurait pu être évités si les mesures de contrôle et de suivi auraient été renforcés.

Pour rappel, un jeune de 18 ans est décédé mardi à l'hôpital Mehad Abdelkader de la ville de Djelfa des suites des complications de Botulisme. Cette victime avait été évacuée avec deux autres personnes atteintes de botulisme de la wilaya de M'Sila à l'hôpital de Djelfa. L'état de santé de ces deux autres malades s'améliore progressivement d’après le directeur local de la santé et de la population.

Jugurtha Hanachi

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Commentaires (3) | Réagir ?

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elvez Elbaz

En 15 ans, la société nourriciére de l'algerie a engrangé plus 750 milliards de dollars de recette des hydrocarbures.

Malgré ces sommes colossales, les régions d algerie ont quotidiennement leurs villes, villages encombrés de détritus de saletés et d une criminelle pollution environnemental dont le cadre de vie ressemble plus à ces métropoles misérables du bengladesh, de pishawar, de haiti, du congo.....

Les hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs. Et PARTOUT UN CADRE DE MALVIE sciemment entretenu!!

Pourquoi ce MATRICIDE ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL est il permis contre l'algerie de la part de ceux qui en sont responsables?!

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Atala Atlale

Cela fait des années que nos hôpitaux sont devenus des mouroirs ! on y meurt de n'importe quoi, même de simples visiteurs de malades peuvent attraper une mauvaise maladie, ces infirmiers avec des tabliers dont la propreté est douteuse n'arrêtent pas de circuler dans ces couloirs de la honte, d'une manière nonchalante, certains médecins lorsqu'ils le veulent répondent aux quémandeurs d'informations ou de soins avec une suffisance qui frise la provocation, pendant que d'autres se soignent aux frais de la princesse dans des hôpitaux haut de gamme à l'étranger. Mais de quel droit ? Ah oui l'indigénat est revenu avec ses maladies du siècle passé, j'aurais honte moi ministre au autre d'aller me soigner en Europe ou aux états unis alors que d'autres meurent faute de moyens, ou tout simplement d'hôpitaux dignes de ce nom ! Mais n'y a t-il pas de standard en matière d'infrastructures sanitaires ou hospitaliers ? Non assurément non. Qu'allons nous faire à présent ! Pleurer ?

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Vous avez, parfaitement résumé l'état lamentable de notre pays et de ses dirigeants.

Comment voulez-vous avoir confiance dans un médecin qui exerce en Algérie, alors que ceux qui doivent donner l'exemple vont se soigner dans les hôpitaux étrangers, et qui laisse des notes des frais sur le dos des Algériens.