Ankara frappe à nouveau le PKK en Irak après un attentat

Le PKK cible de la Turquie
Le PKK cible de la Turquie

La Turquie a mené une attaque aérienne contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak dimanche soir pour la deuxième nuit consécutive, ont dit des sources au sein des services turcs de sécurité.

Ankara, qui a demandé la tenue d'une réunion extraordinaire de l'Otan pour des discussions sur sa sécurité a aussi dit que deux de ses soldats ont été tués et quatre blessés dans une attaque de militants du PKK. Quatre avions de chasse F-16 ont décollé dimanche soir de la base aérienne de Diyarbakir et ont frappé des cibles du PKK à Hakurk, dans le nord de l'Irak, ont dit les sources.

Ce raid aérien intervient après l'explosion dans la nuit de samedi à dimanche d'une voiture piégée au passage d'un véhicule militaire sur une route près de Diyarbakir, qui a tué deux soldats et en a blessé quatre autres. Un communiqué de l'armée a imputé cet attentat aux séparatistes du PKK. Six personnes ont été arrêtées à la suite de cette attaque, a rapporté l'agence de presse Dogan.

La violence a également touché la capitale économique du pays, Istanbul, où un policier a été abattu dimanche dans le quartier de Gazi secoué depuis trois jours par de nombreuses manifestations qui font suite à la mort d'un militant d'extrême gauche.

Les autorités turques ont accentué la semaine dernière leurs opérations contre les militants kurdes, parallèlement aux frappes contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI). Samedi, des avions de chasse turcs et des forces au sol avaient visé des djihadistes de l'EI en Syrie et des camps du PKK en Irak, Ankara voulant créer une "zone de sécurité" à ses frontières. Ces raids fragilisent encore les discussions de paix entamées en 2012 avec les séparatistes du PKK pour tenter de mettre fin à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts en trente ans.

Changement de stratégie

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu s'est entretenu samedi soir par téléphone avec le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, des opérations militaires menées par son pays. Lors de cet entretien, Ban Ki-moon a apporté son soutien à la Turquie dans la lutte contre le terrorisme, ont fait savoir les services du Premier ministre. Une réunion extraordinaire du conseil de l'Otan au niveau des ambassadeurs se tiendra mardi à la demande de la Turquie, a indiqué l'Alliance atlantique dans un communiqué.

Ahmet Davutoglu a également eu dimanche une conversation téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel. Celle-ci a souligné que son pays soutenait Ankara dans sa lutte contre l'extrémisme mais elle a invité les autorités turques à faire preuve de mesure et à ne pas renoncer aux discussions de paix avec le PKK, a dit un porte-parole du gouvernement allemand.

La Turquie poursuivra ses opérations militaires tant qu'elle se sentira menacée, a averti samedi Ahmet Davutoglu. "Ces opérations ne sont pas des opérations ponctuelles et continueront tant que des menaces viseront la Turquie", a-t-il dit.

Après avoir longtemps été réticente à s'engager dans la lutte contre l'EI, qui contrôle de vastes territoires en Syrie et en Irak, la Turquie a pour la première fois bombardé vendredi matin des positions du groupe fondamentaliste sunnite en Syrie. Elle a aussi autorisé cette semaine les avions de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis à décoller de ses bases militaires pour procéder à des frappes contre l'EI.

Selon la presse turque, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a déclaré qu'il n'était pas question que la Turquie envoie des troupes au sol en Syrie, mais elle n'exclue pas d'apporter un soutien aérien aux rebelles syriens modérés. Ce changement de stratégie fait suite à l'attentat suicide attribué à l'EI qui a fait 32 morts lundi dernier à Suruç, dans le sud-est de la Turquie, près de la frontière syrienne.

De nombreuses victimes de cet attentat étaient kurdes, ce qui a déclenché une vague de violences dans le Sud-Est turc, à majorité kurde. Les activistes kurdes accusent le président turc Recep Tayyip Erdogan et l'AKP, le parti islamo-conservateur qu'il a fondé, de soutenir secrètement l'EI contre les Kurdes syriens, ce que réfute Ankara.

Reuters

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