La baisse du cours des hydrocarbures et les 7 plaies de l’économie algérienne

La rente pétrolière bientôt tarie, que fera le pouvoir pour faire face aux énormes dépenses ?
La rente pétrolière bientôt tarie, que fera le pouvoir pour faire face aux énormes dépenses ?

Les perspectives économiques sont particulièrement inquiétantes. L'Algérie risque de voir toutes ses réserves s'épuiser à la fin de l'année et se retrouver assez rapidement sous les fourches-caudines du FMI

A- Des tensions budgétaires à venir

1.- Lors du conseil des ministres en date du 22 juillet 2015, il est noté que les recettes attendues des exportations d’hydrocarbures sont de 34 milliards USD contre 68 milliards USD en 2014 et les prévisions d’importations sont de 57,3 milliards USD contre 60 milliards USD en 2014. Ce sont les recettes, devant déduire les charges de Sonatrach d’environ 25% donnant un profit net de 25,5 milliards de dollars pour financer l’économie non compris les investissements programmées de Sonatrach.

2.- Dans son volet budgétaire, la loi de finances complémentaire prévoit près de 4953 milliards DA de recettes et des dépenses évaluées à 7588 milliards DA, seulement une baisse de 104 milliards par rapport à la loi de finances initiale, 2635 milliards de dinars de déficit budgétaire soit 28 milliards de dollars au cours de 98 dinars un dollar, celui-ci a dépassé depuis le 20 juillet 2015 la barre symbolique au cours officiel de 100 dinars un dollar. En rappelant que le dérapage du dinar voile l’importance du déficit budgétaire, un cours de 79 dinars aurait donné le montant de 33,35 milliards de dollars.

3.- Le fonds de régulation des recettes a fortement baissé chutant à 3.916,5 milliards de dinars à fin mars 2015 soit 40 milliards de dollars au cours de 98 dinars un dollar contre 4 488,1 milliards à fin décembre 2014 et 5 088,6 milliards à fin mars 2014. Au cours de 98 dinars un dollar, le fonds de régulation des recettes pourrait s’établir au 31 décembre 2015 à 30 milliards de dollars pouvant s’épuiser fin 2016, début 2017 au cours de 58/60 dollars le baril, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole

4.- Quant aux réserves de change via la rente des hydrocarbures, qui tiennent la valeur officielle du dinar à 70%, si ces réserves tendaient vers zéro, cela contraindrait le gouvernement à une très forte dévaluation du dinar pouvant se coter à plus de 200 dinars un dollar et sur le marché parallèle, l’euro s’échangerait à 300 dinars. Ces réserves étaient évaluées à 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014, 178,9 milliards de dollars à la fin décembre 2014, et à environ 160 milliards de dollars fin mars 2015. Au vu du montant des importations faiblement compressé de la LFC2015, auquel il faudrait ajouter les importations de services, une moyenne de 10/11 milliards de dollars, plus les transferts légaux de capitaux, au cours moyen de 60 dollars, les réserves de change devraient clôturer au 31 décembre 2015 entre 140/145 et aux cours de 55 dollars, entre 135/140 milliards de dollars pouvant s’épuiser au rythme de l’actuelle dépense publique vers 2019/2020, sauf endettement extérieur.

5.- Intégrer la masse monétaire en circulation estimée par le premier ministre à plus de 37 milliards de dollars, entre 40/50 milliards de dollars selon d'autres sources, provenant de la sphère informelle suppose non des mesures techniques mais une autre régulation. Car qui placerait son argent - dans les affaires n'existent pas de sentiments et de patriotisme, c'est une loi universelle, , dans les banques à un taux de 2%, sans compter les tracasseries bureaucratiques pour le retirer, alors qu'avec la chute du cours des hydrocarbures, le taux d'inflation risque de dépasser 6/7% sans compter le placement plus fructueux dans l'immobilier, certains biens durables et les devises fortes.

6.- Les transferts sociaux et les subventions représentent, en 2014, 60 milliards de dollars, soit 27/28% du PIB permettant de soutenir le taux d’inflation officiel à environ 4%, sinon le taux d’inflation serait supérieur à 10% obligeant les banques à relever leurs taux d’intérêts pour éviter les faillites et le risque également d’une bulle immobilière pour tous les prêts bonifiés habitat et ANSEJ ANEM.

7.- La baisse des réserves via les recettes hydrocarbures obligerait à une réduction de la dépense publique qui accroîtrait le taux de chômage déjà sous évalué à 11% par des emplois improductifs, 83% du tissu économique étant représenté par le petit commerce services, le secteur industriel représentant 5% du PIB et sur ces 5% plus de 95% sont des PMI-PME peu initiés à la concurrence internationale

B- Menace sur la sécurité nationale

Je ne saurai trop attirer l’attention, et c’est peut-être une banalité de le répéter, que la baisse des recettes des hydrocarbures, menace la sécurité nationale. Le numéro de juillet 2015 de la revue "Djeich" (revue de l ‘ANP), pose la problématique stratégique de la sécurité nationale passant par la consolidation du front social interne face aux nouvelles mutations régionales et internationales qui se dessinent et particulièrement des dangers à nos frontières par l'élargissement du champ d'action du terrorisme et du crime organisé.

Le dernier conseil des Ministres à travers les orientations du président de la république, Ministre de la défense nationale, du vice ministre de la défense nationale, chef d’Etat major de l’ANP et différentes interventions des services de sécurisé dont la gendarmerie nationale et la DGSN ont attiré l’attention sur ce facteur essentiel. J’ espére pour l’Algérie, face tant aux enjeux géostratégiques qu’aux nouvelles mutations internes que le statut-quo actuel soit dépassé et que le front social interne soit consolidé, existant, comme j’ai eu à le souligner récemment lors de mon intervention devant les cadres supérieurs de la DGSN, en date du 08 mai 2015, un lien didactique entre sécurité, Etat de Droit et développement, entre la moralité et la consolidation de front social interne que tout patriote souhaite ardemment .

J’ose imaginer un font social intérieur solide, devant tenir compte de nos différentes sensibilités, une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Car, l’extérieur que certains brandissent comme un épouvantail, sans proposer de solutions crédibles, ne peut agir négativement que si le front social a interne est lézardé.

Mais la consolidation du front intérieur passe inévitablement par une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité tant au niveau central que local afin d’éviter la démobilisation de la population au moment où des ajustements économiques et sociaux douloureux s'annoncent inévitables entre 2016/2020. La remontée à 90/100 dollars le baril n’est pas pour demain surtout avec l’entrée en force de l’Iran début 2016 et les nouvelles mutations énergétiques mondiales, l'AIE prévoyant une moyenne de 55/60 dollars entre 2015/2016. Aussi l'Algérie ne peut continuer à fonctionner - budget de fonctionnement et d'équipement sur la base d'un cours de 110/120 dollars.

Sans une coopération internationale régionale et mondiale de lutte contre le terrorisme, qui est une menace planétaire, et sans développement interne durable , le terrorisme se nourrissant également de la misère et de la mauvaise gouvernance de certains dirigeants, nous assisterions inéluctablement à une confrontation directe, forces de sécurité/ population, nécessitant un apport financier considérable qui serait soustrait aux secteurs dynamisant le développement, rentrant alors dans un cercle infernal conduisant le pays à une éventuelle déflagration sociale.

Alors disons la vérité, rien que la vérité et privilégions les intérêts supérieurs du pays afin de ne pas renouveler le scénario des impacts de la crise de 1986: crise financière avec la chute des cours d'hydrocarbures, crise économique, crise sociale et crise politique avec le drame que l’on connait.

Pr Abderrahmane Mebtoul, analyse international

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Commentaires (5) | Réagir ?

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izem lvaz

Abdelaziz Bouteflika, qui n’est pas de la race des bâtisseurs, mais plutôt de celle, bien connue, des destructeurs, aura accompli sa plus grande œuvre : faire de l’Algérie un désert. Et à chaque prière, du haut du minaret de 300 mètres, une voix viendra nous rappeler ce personnage qui aurait pu rester dans les mémoires comme l’homme de la résurrection mais dont on se souviendra, à jamais, comme la plus impitoyable malédiction qui s’est abattue sur ce pays.

merci. ya rien a rajouter

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Atala Atlale

Il est quand même surprenant que les médias n'en soufflent mot sur cette importante manifestation de protestation de propriétaires de crafter 35 de marque vwagen contre la sté Sovac Chéraga, criant à l'arnaque, manifestation qui a bloqué l'autoroute durant des heures et où il a fallu l'intervention des gendarmes et policiers pour rétablir la circulation. On verra si la presse compte donner quelques informations sur ce sujet.

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