La récréation Temmar

On ne joue plus !

On ne joue plus aux chauds salamalecs avec les investisseurs étrangers; on ne joue plus à pérorer sur l'eldorado algérien, ses banques àvendre, ses entreprises proposées pour une bouchée de pain et sonlittoral vierge et prometteur…

On ne joue plus à se faire peur !

Le libéralisme s'arrête là où commence l'intérêt du système.

L'épisode Lafarge, la surprenante « autocritique » de Bouteflika et ladécision désespérée, mardi dernier, du gouvernement de « revoir » la politique de privatisation (donc d'écarter Temmar du dossier),viennent confirmer les doutes: le régime réalise les dégâtsde dix années d'un certain libéralisme sauvage, vu aujourd'hui commeun « libéralisme d'abdication », et s'aperçoit qu'il a perdud'importants leviers de contrôle en économie. Or, pour un système qui entend survivre coûte que coûte aux aléas deson époque, le « tableau de bord » est vital : rien ne doit luiéchapper de ce qui se passe dans la cabine de pilotage.

Ici, il est plus question de « lisibilité » que de « souveraineté ».

C'est la cession des cimenteries de Mascara et de M'sila au géantfrançais Lafarge par l'entreprise égyptienne Orascom cement, puisl'annonce de la vente de Djezzy à France Télécom par ce même Orascom,qui ont accéléré la prise de conscience du pouvoir de prendre piedsur le sol national par le rachat des actifs de Djezzy. Dans cette transaction qui est vu comme un basculement dansl'escarcelle française, le pouvoir algérien n'a même pas été consultéet n'a rien pu y faire : les actifs appartiennent en toute légalité àOrascom qui est libre de les vendre à qui elle veut ! Les autorités algériennes, prises de court, ont immédiatementmanifesté leur mauvaise humeur. « La cession de ces cimenteries par legroupe égyptien à une autre entreprise étrangère a suscité lemécontentement des pouvoirs publics, qui ont décidé de mettre del'ordre dans le domaine et de revoir la stratégie de privatisation etde partenariat », a lâché le porte-parole du gouvernement AbderrachidBoukerzaza au sortir du Conseil de gouvernement de mardi dernier. « Mettre de l'ordre dans la stratégie de privatisation et departenariat ? »

Voilà un désaveu cinglant pour Abdelhamid Temmar, leministre du clan présidentiel qui a conduit, précisément, cesprivatisations. Le message est clair : le pouvoir algérien qui adore mettre fin aux «récréations », vient de signifier la fin de la « récréation Temmar » !Ouyahia reprend en mains le dossier « privatisations. »Et le changement s'annonce fulgurant !En nommant Ouyahia, les décideurs ont en effet, et sciemment, nommé unboutefeu déclaré contre l'ouverture économique «incontrôlée», unféroce pourfendeur de la «démission de l'Etat devant les mafias et leslobbies», un partisan acharné de la reprise en main par l'Etat del'essentiel du pouvoir économique. Du coup, il se confirme bien que la mission du nouveau chef dugouvernement Ahmed Ouyahia, comme nous l'écrivions, est de reconquérirle terrain perdu face aux nouveaux opérateurs économiques privés quiauraient profité de ce «libéralisme d'abdication » pour devenir deredoutables dépositaires d'une partie notable de la décisionnationale.

Deux mesures lourdes

D'emblée, Ouyahia a décidé d'une action d'urgence et de deux mesures lourdes. L'action d'urgence est de bloquer la vente de Djezzy à France Télecom. Le gouvernement fait pression sur Orascom. Le dernier démentidésespéré, mardi dernier, du porte-parole du gouvernementAbderrachid Boukerzaza, selon laquelle « Djezzy ne sera pas vendue àFrance Telecom, nous avons eu des assurances d'Orascom qu'il nevendra pas son entreprise », le prouve bien. Ici, s'enchaîne la première mesure lourde, annoncée mardi. Ouyahiaveut éviter d'autres « épisodes Lafarge et Djezzy ». Il revendique undroit de la Chafaâ (NDLR : droit de regard) dans le cas où uninvestisseur étranger décide de transférer son investissement versl'étranger. Cette volonté d'introduire un contrôle de l'Etat sur les transfertsd'investissements, est destinée à empêcher les ventes de filiales degroupes étrangers sans l'aval du gouvernement. Quant à la seconde mesure lourde, stratégique celle-là, elle consisteà « tourner définitivement » la page Temmar. C'est ce qu'il compte faire dès cet été, en bouleversant la mission au Conseil national des participations de l'Etat (CPE). Selon leporte-parole du gouvernement Abderrachid Boukerzaza, le CPE s'échine,depuis la semaine dernière, à revoir la stratégie de privatisation età « préparer un certain nombre de nouveaux textes qu'il présenterad'ici la rentrée.»

Mais tout cela, est-ce bien raisonnable ?

Les décisions d'Ouyahia, ressemblent fort à des reflexes d'affolementqui risquent d'être aussi inefficaces que ruineuses. Car comment bloquer la vente de Djezzy à France Télécom ? (Lire l'édito)

Quant au contrôle de l'Etat sur les transferts d'investissements etl'empêchement des ventes de filiales de groupes étrangers sans l'avaldu gouvernement, elle pourrait être d'un effet tout à fait inverse. D'abord, et toujours, parce que la mesure est illusoire. «C'est une loi impossible à faire. Dans le cas d'Orascom avec Lafarge,ce n'est pas la filiale qui a été vendue mais c'est la maison mère quia changé de mains. Comment ferait l'Etat algérien si Renault ouPeugeot, également présents en Algérie, étaient rachetés demain parGeneral Motors ? Et si BP et Total fusionnaient ? l'Algérie a-t-elleles moyens de bloquer de telles fusions de plusieurs dizaines demilliards de dollars ?», s'interroge le PDG d'une entreprise françaisecontacté par toutsurlalgerie.com et qui a requis l'anonymat. Pour lui,l'Etat algérien n'a ni le droit ni les moyens d'étendre sasouveraineté sur des pays étrangers en imposant des règles en matièrede circulation des capitaux. «Ce n'est pas sérieux de tenir de telsdiscours », regrette le même PDG. Ensuite parce qu'elle va isoler le pays. L'annonce de cette mesure adéjà suscité quelques inquiétudes et beaucoup d'incompréhension chezles investisseurs étrangers, particulièrement en France, selon dessources proches des milieux d'affaires français interrogée partoutsurlalgerie.com. Ils s'inquiètent d'un éventuel retour en force de l'étatisme dans lesdossiers économiques. De tels choix « porteraient le coup de grâce àla politique algérienne en matière d'investissements. Car ils sont denature à décourager les investisseurs », explique un banquierd'affaires qui connait le marché algérien. «Les investisseurs ont besoin d'un minimum de sécurité juridique pour aller en Algérie. Or,poursuit le même banquier, la mise en place de telles lois dans unpays connu pour son instabilité politique et juridique pourrait fairepeur ».

Est-ce là le but d'Ouyahia ? Et possède-t-il vraiment une stratégie de rechange aux investissementsétrangers ?

Nazim B. - Rédaction Le Matin

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Commentaires (25) | Réagir ?

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temmar amar

slt je veux te ecrire sur com's jusste pour te dir que moi aussi je suis parmi les temmars **jaimerais bien qu'en se parle mais domage je pance que c'est tres deficile mais si ya un moyen sa me ferais.......... alez bye a bientot

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hakim

pendant sa récréation:je lui recommande de lire le livre de livre de John Perkins:c'est trop bon pour comprendre qu'ils imbéciles

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