Ghardaïa, terrorisme et remaniement : le processus de reconduction du système en marche

La fratrie Bouteflika à la manœuvre pour la survie du système.
La fratrie Bouteflika à la manœuvre pour la survie du système.

Tous les analystes spécialisés dans la politique algérienne sont pratiquement d’accord sur le fait que la responsabilisé du régime dans les dramatiques événements de Ghardaia est entière et que les extrémismes de tous bords n’étaient finalement que dans leur rôle d’alliés objectifs qui devraient mettre en évidence le danger de « la main étrangère » et de l’instabilité sécuritaire pour justifier un plan qui vise à la reconduction et au maintien du clan au pouvoir, à travers une élection présidentielle anticipée qui se dessine au nom de la nécessaire stabilité qu’on nous oppose à chaque fois que le régime est sérieusement menacé par une mobilisation citoyenne et un consensus au niveau l’opposition et de la société civile.

La tentative d’implosion de la CNLTD à travers la rencontre Ouyahia-Mokri est une façon pour le régime de s’assurer que l’opposition qui décidera de participer aux dites élections anticipées partira en rangs dispersés.

Il n’est pas écarté aussi que la montée du terrorisme et l’apologie du Daechisme rentrent dans le cadre de cette stratégie de faire peur afin d’argumenter d’une manière sécuritaire l’importance de la stabilité politique et l’indispensabilité de l’ingérence de l’armée dans la scène politique.

La multiplication des coïncidences ainsi que le timing de tous ces malheurs et autres événements macabres nous incitent à faire des lectures qui confirment la thèse d’une manipulation diabolique qui vise à créer un climat de panique à travers l’esquisse d’une situation catastrophique sur tous les plans pour nous convaincre que seule la classique alliance militaro-oligarchique est capable de résoudre.

Rassuré par le soutien indéfectible des puissances étrangères et des lobbys concepteurs du nouvel ordre mondial qui commencent à tirer profit du projet criminel de l’exploitation du gaz de schiste, le pouvoir algérien passe à l’exécution de son plan après sa validation par François Hollande lors de sa dernière visite en Algérie.

Ceci dit, après avoir mis en place tous les ingrédients politiques et sécuritaires nécessaires pour justifier le maintien du clan présidentiel au pouvoir au nom de la stabilité, l’oligarchie bien assumée par l’homme des sales besognes Ahmed Ouyahia entame les préparatifs techniques et logistiques de la reconduction du système dans le cadre d’une élection présidentielle anticipée.

Le plus récent remaniement ministériel est une preuve tangible que la composition de l’équipe qui assurera la compagne présidentielle ainsi que la fraude électorale est en train d’être mise en place.

Plusieurs indices nous amènent à affirmer avec insistance que ce dit remaniement ministériel qui rien d’autre qu’un réaménagement des postes pour la circonstance électorale.

Primo : le limogeage inattendu d’Amara Benyounes le plus fidèle des soutiens au clan Bouteflika n’est finalement qu’une manière de le détacher pour présider éventuellement le directoire de campagne du prochain candidat du système aux élections présidentielles anticipées ou peut-être prendre la tête de la commission «indépendante» de la surveillance des élections.

Secundo. Son replacement dans l’équilibre régionaliste gouvernemental par le mobilisateur des jeunes et le champion de la normalisation par le biais de l’argent du contribuable, Ould Ali El Hadi, qui a été nommé ministre de la Jeunesse est des Sports, n’est motivé que par la volonté du système d’avoir la main mise sur la logistique et la manne financière des structures de la jeunesse pour les exploiter dans ce festival électoral projeté dans le sillage de cette élection anticipée.

Tertio. L’éventuelle nomination du frère du président Nacer Bouteflika au secrétariat général du ministère de l’Intérieur si elle vient à se confirmer constituera une preuve tangible de la volonté de s’accaparer de la machine de la fraude électorale et la mettre au service du candidat du clan au pouvoir.

Maintenant qu’il est clair que le machiavélique processus de la reconduction du système à travers le maintien du clan d’Oudja est engagé sur les cadavres des Algériens civils et militaires, la question qui s’impose est la suivante : quelle sera donc la réaction des forces vives et patriotiques devant les dessins antinationalistes de cette oligarchie qui projette le bradage de la nation pour ses intérêts mesquins ?

Une autre question qui m’intrigue sérieusement : pourquoi tant de Kabyles pour la mise en œuvre de cette machination ?

Un sursaut national et démocratique est nécessaire pour pouvoir encadrer la société dans l’optique de construire une alternative crédible qui constituera un point de départ pour la recomposition de la nature de l’Etat et la construction de la véritable république tant espérée par les Algériens. C’est la seule issue pour faire barrage à la mafia politico-financière incarnée par le régime de Bouteflika et c’est aussi et particulièrement pour les Kabyles la meilleure façon de sauver leur région de ses propres oligarques et autres aventuristes.

Moussa Nait Amara

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Commentaires (15) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

wanissa

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Abdelmalek Abboud

Le terrorisme au service des intérêts

La crise financière, économique et sociale qui perdure en Occident depuis 2007 a épargné les pays du Moyen-Orient et du Maghreb mais paradoxalement ces derniers se sont vus soufflés par des révolutions et des contre-révolutions répétitives depuis 2011.

Ce qu’on avait appelé communément « Printemps arabe » ou la révolte pacifique des laissés-pour-compte ou de la majorité silencieuse et qui avait été applaudi, au début, par les chancelleries occidentales, avait commencé à susciter certaines phobies. Ce tsunami imprévisible avait provoqué un mariage contre nature : chancelleries occidentales – dictateurs arabes lorsque la junte militaire locale, la mafia politico-financière et les sbires des pouvoirs chancelants avaient vu leurs intérêts et leurs privilèges en danger. Tacitement, la connexion des intérêts a poussé ces sinistres partenaires à adopter le jeu politique qui consiste à introduire et à exagérer la menace terroriste et a créé de toutes pièces une autre apocalypse car, de nos jours, la peur et le mensonge sont deux moyens stratégiques de gouverner. Pour ce faire, le recours délibéré aux « chiens de guerre », produits des laboratoires, tels qu’Al-Qaïda, Daech, Boko Haram et consorts s’avère nécessaire.

Dans cette comédie tragique, les seuls perdants sont les peuples opprimés, par contre, les stratèges sionistes et occidentaux et les dirigeants arabes trouvent leur compte. Le proverbe « le malheur des uns fait le bonheur des autres » l’illustre parfaitement.

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