Rien ne va plus dans le sérail du pouvoir

La maladie de Bouteflika handicape sérieusement le fonctionnement de l'Etat.
La maladie de Bouteflika handicape sérieusement le fonctionnement de l'Etat.

Plus que jamais, l’heure est à une transition nationale républicaine pour pacifier le pays et promouvoir le vivre ensemble !

Le 5 juillet 1962, le peuple algérien arrachait son indépendance. 53 ans plus tard, les rêves de liberté et de prospérité se sont évanouis. Pire encore, l’Algérie est menacée dans son intégrité territoriale et remise en cause dans son existence même comme le démontrent les déchirements douloureux du M’zab. L’Etat-nation est hypothéqué par une politique antinationale d’un pouvoir qui entretient les divisions, bafoue les libertés élémentaires de son peuple et exclut par son opportunisme à tout crin la perspective de l’essor du pays.

Dans le sérail du pouvoir, plus rien ne va. Deux questions majeures l’agitent : La guerre de succession au sommet et les incertitudes du prix du baril. L’affolement est tel que le pouvoir use de tous les moyens pour colmater les brèches d’un système en déconfiture et faire croire à son unité de façade. Il n’hésite plus à réduire au silence les voix discordantes et à revenir sans vergogne aux méthodes autoritaristes et castratrices de l’ex-parti unique. Il contraint ainsi le personnel de la haute hiérarchie de l’Etat à émarger dans les rangs du FLN et à lui apporter bruyamment un soutien sans faille. Y compris le chef d’Etat-major de l’ANP a dû sortir de son silence pour voler au secours du pouvoir et emboucher les trompettes de la flagornerie.

Mais personne ne s’y trompe ! Les contradictions et les appétits s’aiguisent, les remous s’accentuent et le navire tangue car la vacance du pouvoir s’éternise. La cacophonie dans le gouvernement est telle que les déclarations des hauts responsables et des ministres se télescopent et on ne compte plus le nombre de couacs. Quant à la baisse brutale des revenus pétroliers, elle risque d’ouvrir la voie à de nouvelles explosions sociales si le marché pétrolier venait encore une fois à s’affaisser. L’économie par ailleurs surplombée par une corruption tentaculaire est en faillite. La jeunesse faute de perspective n’a qu’un seul rêve : fuir le pays pour trouver son salut et tenter de se construire sur la rive nord de la méditerranée.

Face à l’islamisme politique, le pouvoir adopte la posture de l’autruche et préfère regarder ailleurs : Quand l’appel au meurtre est lancé contre l’écrivain progressiste Kamel Daoud, il se dérobe à ses responsabilités et s’enferme dans le mutisme. Dans le dossier des violences faites aux femmes, il capitule en renvoyant aux calendes grecques l’examen de la loi par le Sénat. Ces reculs successifs donnent des ailes aux islamistes qui n’hésitent pas à sommer le pouvoir de reconnaître l’état islamique, Daech dont les effets dévastateurs ont commencé à se manifester au M’zab depuis déjà plusieurs années !

Mais en cette journée du 7 juillet le pire a ouvert ses abîmes à Ghardaïa : la barbarie y a atteint des sommets et le fanatisme religieux d’inspiration wahabbite y a fait une trentaine de victimes. La peur s’est généralisée à toute la région et d’aucuns s’interrogent sur la similitude des méthodes utilisées avec celles des hordes de Daech (fulgurance des attaques, utilisation de motos et d’armes lourdes, importance numérique des assaillants) et sur l’absence criminelle des forces de sécurité.

Mais au bout du compte, faut-il s’étonner que les islamistes pratiquent aujourd’hui la politique de la terre brûlée et appellent à la reconnaissance de l’Etat islamique ? Le ver est dans le fruit depuis plus de cinquante ans : les constitutions adoptées depuis 1962 ont toujours laissé une porte ouverte à la manipulation de l’islam à des fins politiques. Par ailleurs, le pouvoir n’a-t-il pas légalisé à ce jour les partis islamistes, le FIS notamment en 1989 dont l’objectif premier était d’instaurer l’Etat islamique, plus connu aujourd’hui sous le nom de Daech ? Ne les a-t-il pas exonérés de leurs crimes par les lois scélérates de "la rahma", de "la concorde civile" et de "la réconciliation nationale"? Ne chevauchent-ils pas officiellement la société civile depuis plusieurs décennies pour propager leur projet mortifère ? Ne continuent-ils pas à faire la guerre au peuple en semant la mort et la désolation dans le pays comme ils viennent de le faire aussi le 6 juillet dernier à Bouira en faisant de nouvelles victimes parmi les forces de sécurité ?

Aujourd’hui, le pays a atteint un seuil intolérable d’intolérance. Les affrontements à caractères ethnique et religieux entre communautés sont de plus en plus graves et mettent en péril l’unité nationale

C’est pourquoi, seul l’exercice de la citoyenneté est à même de transcender ces particularités pour les inscrire dans leur pluralité dans une dynamique nationale et consacrer leur richesse dans le cadre de l’Etat moderne. Or le prérequis de la citoyenneté, c’est la démocratie et sans laïcité, il ne saurait y avoir de démocratie !

La disqualification du système politique actuel peut conjurer une telle descente aux enfers et ouvrir la voie à une transition nationale républicaine en vue de jeter les bases d’un véritable Etat de droit. Les républicains, les patriotes et les démocrates sont tous interpellés pour mettre de côté leurs désaccords secondaires afin de s’unir et consentir tous les efforts pour éviter à l’Algérie de basculer dans le chaos.

Le bureau national du Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD)

Alger le 12 juillet 2015

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Arave Toussaint

il suffit d'entendre sarko pour comprendre que nous sommes rien, si boudiaf es ce que la france aurait eu l'audace de porter un tel jugement sur l'algerie qui la mise dehors et sans valise, le sacrifice des martyres, aujourd'hui nous nous retrouvons avec un saadanni qui nose meme pas repondre de peur de ce faire retirer sa residence et mettre sous celler sa residence de neuillez sur seine, pauvre ALGERIE.

LE SACRIFICE DE NOS MARTYRES a eté bafoueé par ces sbires.

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Bachir Ariouat

Avec la bouche, on peut tout dire, fanfaronner sur les toits que nous sommes les meilleurs, le plus dure c'est de grimper sur le toit et de se maintenir en équilibre, car la chute risque d'être rude, servir de chaise d'appoint comme un tabouret pour ramasser des miettes, il y a un trop plein, alors faire un papier pour rappeler que l'on existe, ne vous fera pas plus avancer, car la vérité seule perdure.

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