Cordoue, Soudan, Ghardaia

Ghardaia dans sa splondeur.
Ghardaia dans sa splondeur.

Les succubes s'en saisissent, l'étouffe et l'éteignent. Nul geyser du savoir, aucune lanterne, pas le moindre ciboulot ne devrait subsister sur une terre brûlée. Les peuples, en particulier nous, Algériens, sommes en pleine traversée de désert, c'est la crise. Nous sommes en caravanes dispersées, les vivres ne risquent en aucun cas de manquer. La paix sociale s'achète. Cependant, ce qui nous laisse perdus dans cet immense désert, c'est la privation d'une réelle "boussole" sociale, culturelle et religieuse. Nos coffres à flot feront le reste.

Dans notre traversée du désert, nous percevons un flambeau. Sur une vallée. Au fur et mesure que nous nous rapprochons, une fumée s'y dégage, des cris s'élèvent. Lieux hantés ou terre en guerre, la confusion plane. De loin, la cité nous semble telle une romaine. Un pur produit de grands maîtres, un chef d'œuvre urbain. Parmi nous, les savant s'étonnent qu'elle ait eu échappé à Cerdà, et racontent que c'est un cas d'école, un modèle, pas seulement de simple pierres chevauchées, imbriquées, où des artères tracées avec le temps par l'extension des bâtisses. Mais c'est tout simplement mûri et ça renseigne sur le sens d'organisation de ses citadins.

Il se fait tard. Nous installons les tentes et allumons le feu, autour duquel nous nous regroupons lorsqu'une vieille, au bout de son chant lyrique, enchaîne... El horma, la pudeur et le respect c'est leur devise. Le foyer, la femme, leurs fêtes sont d'une valeur que les ères sculptant monts et roches ne dégradent même d'un choya. Un érudit reprend sur leur religion, la nôtre, l'islam... C'est leur noyau, leur éther, leur ressource sempiternelle pour un mirifique vivre-ensemble.

Assis à même le sol, jambes superposées, yeux mi-ouverts, la fumée d'une cigarette qui s'allume cache le visage du vieux marchand qui témoigne de son expérience. Dans le marché de la cité, il a été victime d'un vol. Un mois plus tard, de retour sur les lieux, les marchands de la ville lui remettent alors la même somme, lui faisant croire qu'ils l'ont mis la main sur le bandit. Rebbi 3alem. Ils l’ont cotisée. C'est leur réputation qui se trouve hypothéquée. Leur emblème.

Assis derrière, un jeune, d'une voix à peine audible, timide, confesse qu'il aurait souhaité être des leurs, ne serait-ce pour un jour. Son mariage. Il soupire et raconte que lors de son modeste mariage, dans les contrés du nord, il s'est fait petit. Issu d'une famille modeste, ses invités étaient mieux habillés, plus présentables... Alors que dans cette vallée, nul ne doit être meilleur que le prince du jour, d'ailleurs portant les vrais habits des princes de la région, et nul prince ne devrait suer, c'est à sa communauté d'endosser la charge de la Walima.

Nous savourions notre thé, lorsqu'un octogénaire qui rêvassait sursaute, il s'est réveillé sur un cauchemar... La hawla wa la qowwata illa bi Allah... il ne cessait pas de répéter la formule. On lui sert un thé qui décape sa gorge et se met d'un coup à raconter son rêve.....

J'étais plus jeune, quelque part en Méditerranée, il y avait le même soleil que chez moi à Jijel, le même air, mais ça ne ressemblait point à nos villes. J'errais sur les pavés de cette cité, un peu particulière me semble-t-il ... J'admirais la beauté des bâtisses et contemplais cette animation plutôt harmonieuse... des forgerons, de commerçants aux tables qui s'allongent sur les trottoirs, des artisans, et je dévisage des hommes portant une épée, mais souvent un livre en main. J'étais diffus dans cette nature, lorsqu’imprudemment, un môme a failli me renverser. Il courait avec morceau de bois en main, qui bizarrement sentait la laine brûlée, du Smakh ou du Midad probablement. Heureusement qu'un marchand de tissus me tient adroit, m'accoste et m'invite à partager son repas, une bkaïla bien chaude. Un moment plus tard, voilà un client qui tâte le tissu, sans nous déranger, c'était un homme de grande taille au regard plutôt posé. Le marchand le salut et l'informe qu'il est avec un invité, moi, un étranger.

L'homme s'approche alors et me souhaite la bienvenue, pose sa main sur ma tête, murmurait et faisait avec son index une sorte de croix sur mon front, ça m'a en quelque sorte apaisé. ça m'a hypnotisé. Je me réveille, et c'est une autre nature que j'aperçois, une autre terre..... un brasier. Des femmes et des enfants courant dans tous les sens. Le sang coule. Des cris assourdissants. Un homme de peau noire s'avança vers moi, une hache à la main... le blanc de ses yeux enfoncés dans ce visage détaché de son âme m'enfonce dans une peur paralysante. Je crois comprendre qu'il m'aide à me relever parce que je suis blanc. Il m'embarque à bord d'un véhicule militaire, moderne et équipé, entouré de ses amis aux physiques fluets et armés jusqu'aux dents. Il me bande les yeux. Une chaleur à couper le souffle. Le trajet était long. De fortes secousses, de violents soubresauts. Nous empruntons enfin une piste praticable. J'entendais des enfants jouer. Un village peuplé. Des signes de vie ! On me conduit alors dans une villa, c'est un homme blanc qui nous reçoit. Dans ses habits blancs, il ressemblait à un prêtre. Le geste lourd et doux, un verre de whisky en main. Il ordonna de me conduire à l'intérieur. Une fois installé, il vint m'interroger. Je me suis débattu... Mais lorsqu'il a su d'où j'étais avant de chuter parmi eux. il se retourna, avança vers la fenêtre, l'air confus, noyé dans une profonde réflexion... Subitement il se retourne vers moi : "Le sud ou le nord, je te laisse le choix, mais n'en parles à personne de Cordoue. Cordoue ! Sud ! Nord !". "Mais je suis Algérien", lui répondis-je. Fou furieux, Il ordonna mon exécution.... J'essaie de me détacher, de m'expliquer. En vain. En quittant cette salle, d'un ton cynique, il proféra... c'est ça le Soudan.

C'est ça l'Occident !

Malik Brihmat

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Massinissa Umerri

Ah le mysterieux trou noir, dont on ne connait ni le diametre, ni la profondeur - je cite:

"... Les peuples, en particulier nous, Algériens, sommes en pleine traversée de désert, c'est la crise.... "

A force d'etre tres zinzin, qu'on le transforme en carre' pour en faire le tour via la diagonale - boom, on tombe dedans - Et miraculeusement, grace aux valeureux ancestres nos combattants sans pairs, et salat de tawa-khozt, et Omar sous le palmier, voltaire et je ne sais qui, on retombe, comme ca comme un chat sur ses 2 pattes, debout - Les chats sont-ils debouts ou alonge's ? Bref, on trouve l'autre bouche du trou et on en sort. Je cite encore -

"... Cependant, ce qui nous laisse perdus dans cet immense désert, c'est la privation d'une réelle "boussole" sociale, culturelle et religieuse. Nos coffres à flot feront le reste.

Je conclus: mais il faut lire en al-j'ai RIEN, c. a. d. commencer a la fin de la derniere (2nde) ligne vers le debut de la 1ere (ligne)

! religiazatou wa, culturalatou, socialatou al reelatoun "boussolatou-al" :3andhoum haduk huwa Pipl- <- (ffs) tara Qum.

Ou si vous voulez sortir de l'ignardise multi-lingue, essayez l'intellectualisme analhabete, c. a. d:

Qum tara (ffs) :

Al-Piple huwa haduk 3andhoum: wahad al-"al-boussolatou" reelatoun al socialatoun, culturalatoun, wa religiazatoun !

Fakhafahamatou ?

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Massinissa Umerri

Je ne sais pas pourquoi, mais ca resonne comme "corde au cou !"

Dieu est une chose, mais les religion toute autre chose. Celle que l'on fout de force a travers la gorge des nord-africains, est un poison qui a fait ses preuves.

Le recul sur tous les plans, ne s'arretera que lorsque cette religion soit abandonne'e par les Nord-Africains et d'avancement qu'aapres son interdiction pure et simple. Les 2 sujets a l'usage par les Africains de leurs meninges et de la logique.