La nécessité de la socialisation des alternatives de la régionalisation et d’autonomies régionales

Le gouvernement est-il disposé à prendre au sérieux le débat sur la régionalisation ?
Le gouvernement est-il disposé à prendre au sérieux le débat sur la régionalisation ?

Les courants porteurs des revendications de régionalisation et d’autonomies régionales négligent souvent les questions sociales dans la mise en avant de leurs argumentations en faveur de ces options politiques.

Cette attitude est dictée par le fait que les propositions des solutions régionalisées émergent essentiellement d’une réaction à une occultation d’une culture régionale et se développent assez souvent dans des mouvements culturalistes et identitaires.

Certes, la volonté de préserver sa propre identité et sa culture ancestrale est vitale pour pouvoir humaniser toute alternative politique et l’inscrire dans le sens du respect de l’être humain avant toute autre considération d’ordre matérialiste mais la prise en charge des questions sociales dans toute démarche politique en cette époque de "bazardisation" de l’économie demeure aussi une affaire d’humanisation de la dite démarche.

Les solutions de régionalisation et d’autonomies régionales sont-elles viables pour assurer une vie sociale digne aux citoyens des régions qui les prônent ? La réflexion autour de cette problématique, nous permettra de dissiper certaines hésitations et réserves qui amènent principalement des courants de gauche.

D’un côté, l’inscription de ces démarches de décentralisation dans le cadre d’un Etat national est une garantie de la préservation de l’intégrité territoriale et de toute sorte de souveraineté, à commencer par celle économique. Ceci dit, le choix des grands axes économiques qui relèvent d’un positionnement par rapport aux différentes institutions monétaires internationales relèvent de la souveraineté de l’Etat national.

D’un autre côté, l’exploitation des segments économiques dans le cadre de la mise en valeur des richesses locales qui étaient jusqu'à-làa négligées et parfois occultées par le régionalisme négatif qui gangrène des structures de l’Etat central garantira l’animation de l’économie locale. Ce qui assurera une création de richesses et de l’emploi qui permettront d’assurer le confort social nécessaire pour les populations locales.

A travers sa position de proximité et de visibilité, la démocratie locale ne peut construire ses institutions régionales que dans le respect et la prise en charge effective des questions sociales. Le dépassement des problèmes émotionnels avec le règlement des questions d’identité, de langue et de culture au niveau régional permettra aux instances législatives et exécutives de la région de se pencher sur les questions plus pratiques du social et de l’économie.

Avec la régionalisation, les collectivités locales influent sur le quotidien des citoyens. Se pose alors la question de la démocratie locale, c’est-à-dire des rapports entre les citoyens, les élus locaux et le pouvoir central et plus largement celle de la démocratie de proximité qui vise à permettre une meilleure association des citoyens aux décisions locales.

Les länder Allemands sont un exemple édifiant dans le renforcement du principe de la démocratie participative et sociale. Ils permettent à leurs citoyens de s’engager politiquement dans leur environnement immédiat. La démocratie devient d’autant plus vivante que les citoyens, en particulier au niveau qui leur est familier, peuvent participer au processus politique à celui du développement économique aussi.

La gestion de la fiscalité locale par des institutions financières régionales permettra sa rationalisation et sa préservation de la bureaucratie de son passage au niveau des institutions financières centralisées. Ceci facilitera son réinvestissement dans des projets d’utilité publique et dans des industries régionales conçues et développées en fonction des particularités économiques, climatiques et géographiques de la région.

La gestion des fichiers de la sécurité sociale au niveau régional assurera l’efficacité et la rapidité dans le traitement des acquisitions des avantages sociaux des salariés et autres ayants droit.

Ces quelques illustrations ne sont que des exemples qui nous donnent la preuve que la socialisation des alternatives de régionalisation et d’autonomie est une chose possible pour ne pas dire qu’elles sont déjà sociales de par leur proximité dans la gestion des affaires publiques.

Certes, les questions socio-économiques sont souvent évacuées dans la conception de ce genre de projet pour les raisons citées en dessus mais il suffit juste de recentrer le débat autour de ces alternatives dans son véritable contexte et tenter de dépassionner l’aspect culturaliste pour comprendre que cette approche de proximité est une forme génératrice d’un état régional social irréversible.

La régionalisation et les autonomies régionales apporterons plus de démocratie économique ce qui va asseoir un nouveau type de développement conçu, orienté et contrôlé par et pour les travailleurs, les usagers et les citoyens locaux.

Cette maitrise des affaires régionales suppose que les grands moyens de production et d’échange deviennent la propriété de la société locale. D’où une vie sociale confortable et paisible.

Moussa Nait Amara

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